Tariq Ramadan de nouveau convoqué devant les juges dans une affaire de viol
L'islamologue, poursuivi pour viol par trois femmes en France et par une autre en Suisse, participe ce mardi à un interrogatoire
Après avoir été confronté à sa première accusatrice, Henda Ayari, en juillet dernier, Tariq Ramadan est confronté ce mardi 18 septembre à celle qui se fait appeler « Christelle », la deuxième des trois femmes qui l'accusent de viol en France. Cette quadragénaire handicapée reproche au prédicateur de l'avoir violée à l'hôtel Hilton de Lyon, le 9 octobre 2009. Lors d'une première confrontation avec Christelle, début février, Tariq Ramadan a nié tout viol et même tout acte sexuel, même s'il a reconnu avoir flirté avec cette femme. Il a expliqué ne lui avoir parlé que 20 à 30 minutes dans le hall de son hôtel, tandis que Christelle a déclaré avoir été violée dans une chambre. « Cela n’a pas de sens », estime Emmanuel Marsigny, l’avocat de Tariq Ramadan, avant d'ajouter : « Elle indique avoir entendu une dispute dans une chambre voisine. Or, les vérifications ont été faites : [les chambres voisines] étaient vides. Elle raconte que les faits se sont produits au deuxième étage. La chambre de Tariq Ramadan était au septième. Son récit ne tient pas debout ! »
Bien sûr, l'avocat de Christelle, Eric Morain, ne partage pas cette opinion : « Ma cliente a précisément évoqué les rues et le square aux abords de l’hôtel où elle a erré après les faits, a-t-il confié au journal 20 Minutes. Tout comme les détails de la salle de bain de la chambre qu’elle ne peut pas avoir inventés… » De plus, lors de son audition par les policiers, elle a décrit une cicatrice que Tariq Ramadan a reconnu avoir au niveau de l’aine. Pour la défense du théologien, ce fait serait connu de la plaignante en raison d'une « collusion » avec la polémiste Caroline Fourest et d’anciennes maîtresses de l’intellectuel.
En juin dernier, les trois juges d'instruction chargés de l'affaire ont interrogé l'islamologue sur les plaintes de ces deux femmes, Henda Ayari et Christelle. Celui-ci a nié avoir eu des relations sexuelles avec elles. Le même jour, les juges l'ont aussi questionné sur la plainte de Mounia R., alias Marie, qui l'accuse de plusieurs agressions sexuelles. Tariq Ramadan a certes admis une relation avec elle, mais a aussitôt accusé l'accusation en affirmant avoir été en fait « harcelé » par Marie.
Depuis septembre 2018, Tariq Ramadan fait l'objet d'une information judiciaire non seulement en France mais aussi en Suisse. Le ministère public genevois vient en effet d'ouvrir une instruction pénale, a révélé dimanche la Tribune de Genève, après plusieurs mois d'enquête de police et une plainte déposée en avril dernier par « Brigitte », une femme qui l'accuse aussi de viol. « Nous n'avions jamais vu les proches de Tariq Ramadan s'activer autant dans les médias depuis quinze jours, parfois de manière comminatoire », constate Me Éric Morain, avant de poursuivre : « Ils devaient s'y attendre en tentant d'allumer des contre-feux ».
La défense du théologien de 56 ans, qui souffre d'une sclérose en plaques et ne pourrait plus marcher sans déambulateur, entend déposer, dès la fin de la confrontation ce mardi, une troisième demande de mise en liberté. Me Marsigny n’est pourtant guère optimiste quant aux chances de succès de cette demande : « Cette affaire ne sera pas tranchée ce mardi soir, lâche-t-il. Chacun va sans doute camper sur ses positions et il faudra encore attendre. Nous n’allons pas plaider aujourd’hui. » « Il s’agit de la dernière confrontation prévue par les juges, poursuit Emmanuel Marsigny. Je vais donc déposer une demande de mise en liberté tout de suite après, soit ce mardi soir, soit mercredi matin. Sur le fond, il n’y a rien de neuf. Nous allons, à nouveau, pointer les invraisemblances du témoignage de cette femme. » En juillet, lors de sa confrontation avec M. Ramadan, Henda Ayari a vu ses accusations affaiblies par les dernières investigations de la brigade criminelle et ses erreurs concernant la date présumée du viol. Le 26 mai 2012, jour où Mme Ayari affirme avoir été violée par le prédicateur musulman, elle se trouvait au mariage de son frère cadet dans les environs de Rouen, a révélé Le Point : l’hebdomadaire affirme que la brigade criminelle est en possession de plusieurs photographies où elle apparaît à la cérémonie. Me Marsigny a profité de ces erreurs pour déposer dès le lendemain de la confrontation une demande de mise en liberté. Selon l'avocat, après sa confrontation avec Mme Ayari, Tariq Ramadan serait tombé dans les couloirs de la souricière du tribunal et serait resté deux heures au sol, sans aide. Mais, à l’époque, les juges avaient rejeté cette demande l’estimant « prématurée ».
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