Les féministes ont de quoi être scandalisées par la volonté du gouvernement de taxer massivement les emplois à domicile. Cette mesure risque de revenir sur des années de progrès dans le domaine de la parité, en forçant les femmes à réintégrer leur foyer. La mobilisation s'organise, notamment via une pétition en ligne dénonçant les conséquences d'une telle mesure.
Pour faire évoluer une situation inégalitaire, il existe deux moyens. Le premier consiste à faire évoluer les mentalités via l’éducation des enfants et la sensibilisation des adultes, le second peut contraindre les individus à changer leur comportement en inscrivant ces changements dans la loi.
En ce moment, le gouvernement mène une politique paradoxale en matière de parité. Najat Vallaud Belkacem aura beau essayer d’influer sur les mentalités à travers les actions de son ministère, si en parallèle les lois en matière d’emploi obligent les femmes à revenir à la maison, toutes ses tentatives seront réduites à peau de chagrin.
La situation a évolué depuis les années 1970. Grâce aux formations et aux diplômes, ainsi qu’à la maîtrise de la fécondité, les femmes ont accès à des emplois auxquels elles n'avaient pas accès il y a 20 ans. L'âge moyen des femmes à la naissance du premier enfant ne cesse de reculer (29/30 ans aujourd'hui contre 26/27 ans dans les années 90), ce qui leur permet de ne pas se déqualifier et de négocier leur place dans les entreprises.
Toutefois, rappelons qu’aujourd’hui, si l’employeur français doit respecter un certain nombre de règles concernant les conditions générales d’emploi des hommes et des femmes dans l’entreprise, il existe toujours une division sexuelle du travail qui confère à certains métiers une dimension plus masculine et à d'autre une dimension plus féminine.
Au-delà, il est toujours inscrit dans les mœurs que c’est à la femme de prendre un congé maternité, puis de rester à la maison pour s’occuper des enfants alors que c’est très mal vu pour les hommes. D’où une situation inégalitaire de fait dans lequel règne le sur chômage féminin, une précarité beaucoup plus développé chez les femmes (temps partiel imposé, sous emploi), des nets différentiels de salaire et un accès au management plus compliqué.
Une situation bien fragile donc, que le gouvernement s’apprête à dégrader encore plus en augmentant les charges liées aux métiers des services à la personne. Car bien sûr, cette mesure a des conséquences que ces instigateurs ne semblent pas avoir prises en compte, en particulier pour les couples qui emploient des nounous ou des professeurs à domicile. La facture émise dans ces cas de figure risque fort ne plus être couverte par le salaire de l’un des deux parents, et dans ces cas là, qui trinque ? La femme.
Dans l’incapacité de payer un substitut pour s’occuper de leurs enfants, les femmes vont devoir réintégrer leur foyer. Cela constituerait une régression scandaleuse dans le processus d’émancipation des femmes, qui est déjà loin d’être achevé.
Conscient des dangers d’une telle fiscalisation, le collectif We are not #dindons a lancé une
pétition en ligne qui compte déjà plus de 30 000 signataires. Cette pétition prédit que l’augmentation de ces charges « va entraîner la destruction de dizaines de milliers d’emplois et va compliquer la vie de millions de familles, sans aucun bénéfice social ou fiscal ».