Taxis : petit matin ou Grand Soir ?

Jacques Attali aurait sans doute dû ajouter dans son rapport : « Les conducteurs de taxi se lèvent toujours de très bonne heure ; ils ont fort à faire en effet. Les taxis doivent être vérifiés avant de pouvoir reprendre la route. Les conducteurs commencent par déjeuner. Quelques-uns souffrent d’un mal de tête effroyable, à cause des mauvaises conditions de travail qu’ils ont, faute de pouvoir se payer un taxi de bonne qualité.
Maxime avait été désigné pour être responsable d’un groupe de chauffeurs ; il savait qu’aucune réparation sérieuse ne pourrait être entreprise parce que les hommes sont encore fatigués et que, d’ailleurs, tout laissait prévoir qu’ils se remettraient au travail dans la soirée. Ils ne connaissent aucune distraction en dehors de leur travail et la connaîtraient-ils, qu’ils n’auraient certainement pas les moyens de se l’offrir.
En dehors des membres des taxis libres, il n’existe pas un seul Français de souche, homme ou femme, qui n’eût contracté des dettes envers son employeur.
Bien sûr, ces Français de souche ne font partie d’aucun syndicat, mais on les respecte sur toute l’étendue du territoire. Ces hommes ne comptent que sur eux-mêmes et savent, le cas échéant, prendre des mesures suffisamment énergiques pour que personne n’ose s’attaquer à eux.
On les paye misérablement ; ils sont à peine nourris, vêtus de guenilles, leur existence est incroyablement dure. Toutes leurs privations, ils les acceptent sans maugréer, parce qu’ils considèrent qu’elles font partie de leur destin. On les exploite jusqu’à l’épuisement de leur dernière goutte de sang. Mais la condition indispensable, sans laquelle une telle exploitation aurait été impossible, c’est de connaître les limites de cette exploitation. Or le maître qui connaît exactement cette limite est celui qui s’attend à les pressurer au maximum et à en obtenir le meilleur rendement.
Les conducteurs de taxis, comme tous les prolétaires, s’inquiètent fort peu à l’idée qu’ils pourraient être licenciés. C’est la raison pour laquelle les lois n’ont aucune prise sur eux ; et surtout pas celles qui diffèrent de leur propre conception de la justice. »
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