Tectonique des plaques et géopolitique : le Népal se rapproche de la Chine et de l’Inde
Cette année, le Népal a organisé des élections à trois niveaux : local, provincial et national (législatives).
Il faut se souvenir qu’en 2006, le roi alors en place avait été obligé par un mouvement populaire puissant de restaurer l'assemblée dissoute quatre ans plus tôt. Il avait alors nommé un premier ministre qui avait fait voter par le parlement rétabli une proclamation privant ce même roi de l’essentiel de ses pouvoirs.
Par la suite, l'élection d'une assemblée constituante le 10 avril 2008 avait vu la victoire des maoïstes, et la séance inaugurale de l’assemblée le 28 mai suivant avait proclamé l'abolition de la monarchie et son remplacement par une république démocratique fédérale.
Les élections qui viennent de se terminer ont mobilisé l'ensemble de l'appareil d’état pendant un an, et ont produit un résultat aussi spectaculaire que si un immense drapeau rouge avait été planté sur l’Everest. Les deux partis communistes du pays sont les grands gagnants.
Au parlement, l'alliance communiste constituera une majorité proche des deux tiers de l’assemblée. Non seulement le gouvernement formé par cette majorité pourra enfin durer plus de cinq ans (Le Népal a eu 10 premiers ministres au cours de la décennie écoulée depuis la fin de l'insurrection armée) mais il sera en mesure de réviser la Constitution de 2015.
Les résultats tant parlementaires que provinciaux montrent que les communistes ont gagné à travers le pays, à la campagne comme dans les villes. Le Premier ministre probable M. Khadga Prasad Sharma Oli, dirigeant du Parti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié) (ou PCN-MLU) s’est montré prudent et rassurant : « Nous avons vu dans le passé que la victoire tend souvent à rendre les partis arrogants. On craint alors que l'état devienne oppressif. Les gagnants ont tendance à devenir indifférents à leur responsabilité. Ce n'est pas ce que fera le gouvernement communiste ».
Les deux courants du mouvement communiste népalais, les maoïstes et le Parti communiste du Népal (marxiste léniniste unifié), avaient décidé d'aller ensemble aux urnes et de s'engager à former un nouveau parti uni après les élections. Cet appel pour la création d'un parti nouvellement unifié promettait une stabilité au-delà de l'alliance électorale. C’est peut-être cette unité qui explique ce succès électoral.
Ce n'est que dans les années 1940 que le mouvement communiste est apparu au Népal. Une grève des ouvriers des usines textiles de Biratnagar en 1947 avait mis en évidence son influence naissante qui a été sévèrement réprimée par la monarchie. Dès le début, le Parti Communiste avait appelé à la fin de la monarchie, à l'établissement d'une république et à la création d'une assemblée constituante, mais les divisions internes sur la question de la lutte armée avaient divisé le mouvement jusqu'en 2006. Les grands courants du communisme népalais, qui ont émergé de la formation du parti en 1949, vont maintenant se rejoindre.
Quel sera le programme du nouveau gouvernement ?
KP Oli a déclaré qu'il voulait mettre la stabilité du gouvernement au premier plan. Mais la stabilité en elle-même ne suffit pas. Le Népal souffre d'une grande pauvreté et d'une grande faiblesse dans ses infrastructures. Le pays a besoin d’investissements pour construire l'infrastructure nécessaire au Népal et commencera par la construction d’un chemin de fer chinois entre le Tibet et le Népal. Ce projet ne signifie pas pour autant un alignement sur Pékin : en matière de partenariat comme en géographie, l’avenir de pays se situe entre l'Inde et la Chine, les deux mastodontes régionaux.
M. Oli a appelé tous les courants politiques du pays à participer au développement économique et à une élévation du niveau de vie du peuple népalais. Cela signifierait que l'agenda de son mouvement politique deviendrait l'agenda national. Ce serait une avancée importante pour le Népal.
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