Temps de confusions spirituelles en Occident : relire René Guénon
Pour celles et ceux, occidentaux, qui sont tombés dans les rets de la théosophie et de l'anthroposophie, qui sont toutes deux à l'origine des mouvements New Age qui en ces jours d'absolue confusion mentale et spirituelle envoient nombre de moutons noirs droit dans le mur, cet extrait de René Guénon, fin connaisseur des traditions hindoues que les sectes pré-citées (parce qu'il s'agit bien de mouvements sectaires) ont pillé. Guénon permet de comprendre ce que signifie en vrai le terme de KARMA utilisé à toutes les sauces par des incultes qui se croient importants, et qui fondent leurs croyances sur un magma mélangeant traditions et religions dans un grand foutraque. Cette récupération occidentale de tous les savoirs pour les combiner en une bouillie spirituelle est à comprendre dans cet ensemble qui se nomme la "prétention occidentale". Avec des relents originels de racisme pur.
Rappelons à toutes fins utiles que Rudolph Steiner, fondateur de la secte anthroposophique, postulait la supériorité de la race blanche, aryenne pour être encore plus précis. Et que ces thèses délirantes étaient l'objet d'une certaine forme de fascination de la part de hauts dignitaires du IIIème Reich.
Ces mouvements sectaires postulent la nature divine de l'homme au delà du raisonnable : on parle chez elles d'Homme Divin, d'Homme Dieu, de Nature Divine. En lieu et place de Dieu. Dans l'anthroposophie l'Homme Dieu est donc Aryen. La théosophie d'Helena Blavasky ne va heureusement pas aussi loin. Toutes deux en revanche travestissent et trahissent la tradition hindoue tout en s'en réclamant, avec l'insigne prétention de l'enrichir. Et ce fut le rôle de René Guénon en Occident de remettre l'église au milieu du village.
Un conseil : fuyez ces impostures ! Et prenez du recul avec leurs adeptes.
"Les notions qui sont susceptibles de causer un grand embarras aux Occidentaux, parce qu’elles n’ont point d’équivalent chez eux, on peut citer celle qui est exprimée en sanskrit par le mot dharma... Ainsi, on veut parfois rendre dharma par « religion », alors que le point de vue religieux ne s’applique point ; mais, en même temps, on doit reconnaître que ce n’est pas la conception de la doctrine, supposée à tort religieuse, que ce mot désigne proprement. D’autre part, s’il s’agit de l’accomplissement des rites, qui n’ont pas davantage le caractère religieux, ils sont désignés, dans leur ensemble, par un autre mot, celui de karma, qui est pris alors dans une acception spéciale, technique en quelque sorte, son sens général étant celui d’« action ». Pour ceux qui veulent à toute force voir une religion dans la tradition hindoue, il resterait alors ce qu’ils croient être la morale, et c’est celle-ci qui serait appelée plus précisément dharma ; de là, suivant les cas, des interprétations diverses et plus ou moins secondaires comme celles de « vertu », de « justice », de « mérite », de « devoir », toutes notions exclusivement morales en effet, mais qui par cela même, ne rendent à aucun degré la conception dont il s’agit... Envisagé ainsi en tant que principe d’ordre, donc comme organisation et disposition intérieure, pour un être ou pour un ensemble d’êtres dharma peut, en un sens, s’opposer à karma, qui n’est que l’action par laquelle cette disposition sera manifestée extérieurement, pourvu que l’action soit normale, c’est-à-dire conforme à la nature des êtres et de leurs états et aux rapports qui en dérivent. Dans ces conditions, ce qui est adharma, ce n’est point le « péché » au sens théologique, non plus que le « mal » au sens moral, notions qui sont aussi étrangères l’une que l’autre à l’esprit hindou ; c’est simplement la « non-conformité » avec la nature des êtres, le déséquilibre, la rupture de l’harmonie, la destruction ou le renversement des rapports hiérarchiques. Sans doute, dans l’ordre universel, la somme de tous les déséquilibres particuliers concourt toujours à l’équilibre total, que rien ne saurait rompre ; mais, en chaque point pris à part et en lui-même, le déséquilibre est possible et concevable et, que ce soit dans l’application sociale ou ailleurs, il n’est point besoin de lui attribuer le moindre caractère moral pour le définir comme contraire, selon sa portée propre, à la « loi d’harmonie » qui régit à la fois l’ordre cosmique et l’ordre humain... La « loi » peut être envisagée en principe comme un « vouloir universel », par une transposition analogique qui ne laisse d’ailleurs subsister dans une telle conception rien de personnel, ni, à plus forte raison, rien d’anthropomorphique. L’expression de ce vouloir dans chaque état de l’existence manifestée est désignée comme Prajâpati ou le « Seigneur des êtres produits » ; et, dans chaque cycle cosmique spécial, ce même vouloir se manifeste comme le Manu qui donne à ce cycle sa propre loi. Ce nom de Manu ne doit donc pas être pris pour celui d’un personnage mythique, légendaire ou historique ; il est proprement la désignation d’un principe, qu’on pourrait définir, suivant la signification de la racine verbale man, comme « intelligence cosmique » ou « pensée réfléchie de l’ordre universel ». Ce principe est regardé, d’autre part, comme le prototype de l’homme, qui est appelé mânava en tant qu’on le considère essentiellement comme « être pensant », caractérisé par la possession du manas, élément mental ou rationnel ; la conception du Manu est donc équivalente, au moins sous certains rapports, à celle que d’autres traditions, notamment la Qabbalah hébraïque et l’ésotérisme musulman, désignent comme l’« Homme universel », et à ce que le Taoïsme appelle le « Roi »."
René Guénon – La Loi de Manu
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON