Testicules : plus fort que Piotr
À partir de la fin du XIXe siècle, de nombreux médecins pensent que des « sécrétions internes » de certains organes jouent un rôle clef pour expliquer certains processus physiologiques. Charles Sequard (1817-1894) tente de redonner la vie à des têtes coupées de condamnés à mort en leur injectant du sang, il greffe la queue d'un chat sur la crête d'un coq, une seconde tête à des chiens. Lors d'une épidémie de choléra, il mange des déjections de malades et prend ensuite du laudanum pour mesurer son efficacité médicale. Il est aussi un fervent partisan de l'hérédité des caractères acquis, ce qui se révèlera partiellement vrai un siècle plus tard (épigénétique). En 1889, constatant une baisse de sa vigueur sexuelle, il se fait une injection hypodermique d'extraits de testicules de chien et de cochon d'Inde et il décrit ensuite les effets bénéfiques constatés en proclamant que ses préparations peuvent garantir une jeunesse et une vigueur quasi-éternelles aux hommes. Il n’oublia pas de commercialiser des solutions d’extraits testiculaires, sous le nom la « séquardine », qui devaient permettre de prolonger la vie humaine. Son remède est toutefois tourné en dérision par la plupart de ses collègues scientifiques. Malgré tout, l’hypothétique élixir de jeunesse eut un énorme de succès et des études sur le même sujet se continuèrent durant le XXe siècle.
Eugen Steinach (1861-1944), biologiste, étudia à partir de 1912 la transplantation de testicules entre un cobaye mâle vers une femelle de la même espèce. Ceci résulta en un comportement au moins partiellement masculin de la femelle, suffisant pour qu’elle tente de féconder ses congénères. Il fit alors l’hypothèse que des sécrétions en provenance d’une glande, sont responsables de la sexualité. Il continua ses études en essayant de combattre la fatigue et les défauts dus à l’âge en coupant les canaux déférents des testicules empêchant ainsi la présence de spermatozoïdes dans le sperme. Steinach a été nommé six fois pour le prix Nobel mais ne l’a jamais obtenu.
Serge Voronoff (1866-1951), né en Russie puis naturalisé Français, fit des études de médecine. Il fut l’élève puis l’ami d’Alexis Carrel, chirurgien, biologiste, prix Nobel en 1912 et également fervent partisan de l’amélioration de l’espèce humaine (eugénisme). Après avoir expérimenté les greffes de testicules d'un animal à l'autre, il se lance à partir de 1920 dans des xénogreffes, entre divers animaux et des êtres humains. Parmi les premières expériences, Voronoff transplanta des glandes thyroïdes de chimpanzés à des êtres humains qui présentaient des déficiences thyroïdiennes. Il introduisit ensuite dans le scrotum (enveloppe des testicules) d’un homme en mauvaise condition des lambeaux de testicules de singe dans l’espoir de redynamiser physiquement et intellectuellement l’individu. Finalement, il transplanta les testicules de criminels ayant été exécutés à des gens fortunés pouvant couvrir (largement) les frais de l’opération. Il fut toutefois conduit à utiliser des tissus de testicules de singes à la place des ‘donneurs’ humains trop peu nombreux pour subvenir à la demande.
Il existe effectivement des substances agissant sur des cellules cibles (mais sans effet direct sur le vieillissement) : les hormones. La première hormone, la sécrétine, sera découverte en 1902 par W. Bayliss et E. Starling. La sécrétine n’a aucun pouvoir magique et se contente d’entraîner la sécrétion par le pancréas de bicarbonate pour neutraliser l'acidité gastrique présent dans l’intestin. D’autres « sécrétions internes » influencent la virilité et la libido des hommes : une hormones, la testostérone. La testostérone est une hormone sécrétée par les testicules chez l'homme et en moindre quantité par les ovaires chez la femme. La testostérone contribue largement à la différenciation sexuelle entre mâles et femelles. Cependant, pour une population large, les concentrations relevées chez les hommes et les femmes se chevauchent largement : beaucoup de femmes ont des taux de testostérone plus importants que beaucoup d’hommes. La testostérone est aussi responsable du développement et de la répartition de la masse musculaire. La testostérone augmente les réponses agressives à une provocation ou une agression et joue un rôle significatif pour la mise en place d’une domination de territoires physiques ou mentaux. Être flatté, craint, respecté, se sentir victorieux, puissant, augmente le taux de testostérone. L’hormone accroît aussi la combativité, l’assurance, la prise de risque, l’énergie, le courage, l'appétit sexuel et la libido. Le sentiment de victoire et de domination sur autrui augmente temporairement le taux de testostérone, mais le taux baisse considérablement si l’on est humilié. Les mâles alpha ont un accès (un peu) plus facile aux femelles les plus attractives. Mais conserver son rang, sa notoriété, sa place, conduit à un stress incessant et à d’autres inconvénients réels. Une activité sexuelle soutenue ou/et la masturbation entretiennent ou amplifient la production de testostérone. Il a été également démontré une corrélation entre le taux de testostérone et le type de décisions morales prises impliquant les notions de Bien et de Mal.
La prise de testostérone augmente le désir, la satisfaction sexuelle ainsi que le nombre d'érections nocturnes. La testostérone en tant que médication, stimule la production de protéine et favorise l’augmentation de la masse musculaire. Elle est très utilisée dans le milieu sportif : cyclisme, haltérophilie, course à pied…
Un homme perd, selon des études, à peu près 1 à 2 % de testostérone chaque année, ce qui se traduit par une baisse de la libido, une fonte musculaire, une moindre résistance physique et l’apparition de sautes d’humeur et aussi un lent déclin cérébral. Un traitement à la testostérone permet d’espérer une amélioration de l’humeur, une meilleure tonicité et, bien sûr, le désir se réveille : les érections s’améliorent, en fréquence comme en qualité (à condition de ne pas avoir été plus d'un an sans érection).
Ainsi donc, des savants renommés, qui ne prétendaient toutefois pas faire de l’art, ont manifesté leur féconde imagination en faisant de tout à fait exceptionnelles expériences artistiques quelquefois pour le moins surprenantes. Malgré tout, certaines de leurs intuitions se révélèrent parfaitement exactes.
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