The American Conservative : « Il est temps de fermer la porte de l’OTAN à l’Ukraine »
L’OTAN célèbre son 75e anniversaire à Washington. Pour The American Conservative, « le dernier sommet s’est déroulé comme les réunions précédentes, rempli de promesses irréalistes, de prédictions complaisantes et d’avertissements moralisateurs », mais seuls les États-Unis sont capables de mener une guerre contre la Russie. En outre, les experts conservateurs US insistent à dire que la Russie de Poutine n’a jamais été hostile à l’Amérique.
« La réunion a porté sur la campagne continue du lobby ukrainien pour faire entrer Kiev dans l’OTAN, en utilisant une alliance soi-disant défensive pour impliquer les membres de l’OTAN, en particulier les États-Unis, dans le confit russo-ukrainien », se lamente le média de Washington, notant : « Le soutien le plus fort en faveur d’une telle démarche vient de pays comme les États baltes ».
Jusqu’à présent, Joe Biden a refusé de faire intervenir directement ses soldats en Ukraine. Néanmoins, il n’a pas cessé d’augmenter l’intensité de la guerre de l’OTAN par proxy contre la Russie. Le mois dernier, il a également initié un nouvel accord de sécurité de 10 ans avec Kiev qui prévoit des consultations « aux plus hauts niveaux pour déterminer les mesures appropriées et nécessaires pour soutenir l’Ukraine et imposer des coûts à la Russie ».
« Les États-Unis devraient simplement dire non à l’Ukraine au sein de l’OTAN », martèle The American Conservative qui rappelle : « Le but de cette dernière est de protéger les membres et de faire valoir leurs intérêts. Cela signifiait à l’origine se défendre contre l’Union soviétique, pour empêcher l’Armée rouge de traverser la brèche de Fulda en Allemagne de l’Ouest et de se diriger vers l’Atlantique » : « Il n’est pas évident que Moscou n’ait jamais eu l’intention d’une telle manœuvre ». L’Amérique a, donc, fourni un bouclier défensif aux pays d’Europe occidentale jusqu’à ce qu’ils se rétablissent économiquement et politiquement et puissent se débrouiller seuls.
Pourtant, les décideurs politiques, dont le président Dwight D. Eisenhower, s’attendaient à ce que la présence des troupes américaines soit temporaire. « Si dans dix ans toutes les troupes américaines stationnées en Europe à des fins de défense nationale n’étaient pas renvoyées aux États-Unis, alors tout ce projet aurait échoué », avait déclaré Eisenhower en 1951.
« Avec l’effondrement de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie, l'Alliance atlantique a accompli sa mission », affirme le média US, critiquant les Européens : « Cependant, les Européens n’ont jamais accepté l’idée de prendre en charge la responsabilité de leur propre défense ».
« L’attitude de Poutine a changé avec les nombreuses promesses non tenues de l’OTAN concernant son expansion et la marche régulière vers l’est jusqu’à la frontière russe », mentionne The American Conservative, complétant : « Il était facile pour les gouvernements alliés d’insister sur le fait que Poutine ne devait pas craindre une telle avancée, mais l’histoire pèse lourdement sur un pays qui a subi trois invasions dévastatrices de la part des puissances européennes au cours des deux derniers siècles ».
Comme l’a souligné William Burns, alors ambassadeur des États-Unis en Russie en 2008, « l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est la ligne rouge la plus brillante pour l’élite russe (pas seulement pour Poutine). En plus de deux ans et demi de conversations avec des acteurs clés russes…. Je n’ai encore trouvé personne qui considère l’Ukraine au sein de l’OTAN comme autre chose qu’un défi direct aux intérêts russes ».
« On peut comprendre pourquoi Poutine n’a vu aucune autre solution lorsque Washington a refusé de négocier [pour le conflit en Ukraine]. Les alliés dénoncent le « salami » pratiqué par la Chine dans les eaux de l’Asie-Pacifique, mais s’attendent à ce que Moscou accepte des tactiques similaires de la part des États-Unis et de l’OTAN en Ukraine : la tentative des alliés de créer un fait accompli avec l’Ukraine en tant qu’allié militaire occidental de facto, à travers l'OTAN en Ukraine plutôt que l'Ukraine dans l'OTAN », explique The American Conservative.
Pourtant, après avoir contribué à fomenter le pire conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale, aucun des alliés n’a envoyé officiellement des troupes de combat pour défendre l’Ukraine. Les Européens peuvent présenter la guerre comme une lutte épique entre la civilisation et les forces des ténèbres, mais aucun d’entre eux n’est disposé à déployer ses propres troupes dans le combat ni à affronter les coûts colossaux qu’une telle décision entraînerait. Pendant 14 ans, les membres de l’OTAN ont promis à Kiev une éventuelle invitation, mais ils ont refusé de la lui accorder. De telles assurances se sont poursuivies avec encore plus de ferveur après le conflit avec la Russie, mais encore une fois, sans qu’une proposition d’intégration ne soit présentée.
« Le conflit est une grande tragédie humaine, mais prévenir une tragédie n’est pas du ressort de l’OTAN. Malgré ses prétentions humanitaires souvent exprimées, Washington a laissé de multiples conflits internationaux et guerres civiles faire rage de manière sauvage, tuant des centaines de milliers, voire des millions de civils, sans aucune autre pensée… La détermination de l’administration Biden à alimenter le conflit ukrainien, que Kiev semble peu susceptible de gagner, est tout sauf humaine. Il est temps de fermer la porte de l'OTAN à l'Ukraine », conclut The American Conservative.
Philippe Rosenthal
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