Tora Bora ou l’art de mener en bateau en plein désert
On ne cesse de vous le dire, l’Histoire ne retiendra du conflit afghan et irakien que le mensonge des autorités qui ont mené les combats sur ces deux territoires au nom de l’antiterrorisme. Pour parvenir à leurs fins, ces autorités n’ont eu de cesse d’affirmer des choses qui n’en étaient pas, de masquer la vérité et de créer de toutes pièces aux yeux de leurs concitoyens une histoire un peu trop belle à leur égard. Aujourd’hui, le masque tombe. L’analyse de certaines photos aériennes démontre que le peuple américain a été dupé à plusieurs reprises, et spécialement en ce qui concerne un endroit précis du monde, qui a eu son heure de gloire en décembre 2001. Il s’avère qu’aujourd’hui nous pouvons affirmer que cette bataille de Tora Bora a été une entreprise de désinformation et rien d’autre.
Des images satellites récentes mettent à mal la thèse officielle communément acquise, celle d’un bastion de Ben Laden laminé par des bombardements intensifs... avec un bien piètre résultat, l’homme visé par les bombardements ayant réussi à fuir la zone au bon moment. Aujourd’hui, il serait temps de s’apercevoir que tout ce qu’on a pu raconter à cette époque est faux, archi-faux. Les preuves sont là.
Souvenez-vous des images de l’époque : des B-52 ou des B-1 venus du milieu de l’océan Indien qui pilonnent pendant des heures le complexe réseau de bunkers trois étoiles complaisamment présentés sur Fox ou CNN avec force croquis ou schémas. Un repère "inexpugnable", situé dans une "région difficile d’accès", "aux confins du désert" et parfois même pour les journalistes les plus "embedded", "en plein désert". D’énormes nuages de fumée qui montent dans le ciel, attestant de l’usage nouveau de bombes monstrueuses de plusieurs tonnes lancées pour l’occasion par la rampe arrière de C-130 et non larguées à haute altitude. Des engins testés auparavant dans le désert du Nevada, à Pahrump, comme celui surpris par hasard 3 ans après encore par un habitant de la région, le 2 octobre 2004. On peut s’étonner de leur emploi en zone montagneuse ou de leur choix, en place des bombes pénétrantes pour les bunkers. On a plus l’impression de la poursuite des tests du Nevada qu’autre chose. La guerre comme tests finaux d’armes de guerre, on connaît, il est vrai, surtout depuis Nagasaki.
Enfin, une fois l’assaut fini, quelques rares images des résultats de ces bombardements, quelques caches minuscules de quelques mètres de profondeur, sont dévoilées à la presse. Et c’est cela, qui déjà ne va pas. Les images montrées (même à Antenne2) ne correspondent absolument pas avec la propagande qui a précédé : selon les Américains, certains tunnels détenus par Al-Qaida avaient la largeur des chars T-34, et étaient clos par des portes blindées, et aboutissaient à des installations spacieuses et confortables. Comme preuves de la fin des opérations à Tora Bora, nous n’avons eu que quelques clichés infâmes sur ce qui est davantage des trous à rats que des tunnels du Saint-Gothard. Les rares images de camps volatilisés et noircis concernent des camps de brique sèche dans des régions basses ou entre les collines. Quelque chose cloche, mais tout le monde s’en fiche, puisque la traque de Ben Laden continue... ailleurs. On oublie vite Tora Bora... et on oublie en même temps que ce n’est ni dans un désert ni à des milliers de kilomètres de toute civilisation... et que les blockhaus sophistiqués sont tous intacts. L’armée américaine a un grand sens de pérennisation de ses investissements.
Tora Bora fait partie d’un complexe de sites d’entraînements de troupes recrutées dès 1979 par la CIA au Pakistan, à Peshawar, pour contrecarrer l’invasion soviétique (voire la provoquer, selon Zbigniew Brzezinski). A leur tête est nommé un jeune Saoudien de 22 ans qui fait office de trésorier du mouvement, Ben Laden. Notre ami se retrouve entraîné à y manier la kalachnikov. Les seules images que l’on possède de lui avec cette arme dans les mains proviennent d’ailleurs des archives américaines de la CIA et non de son mouvement actuel ! L’argent qui lui est nécessaire est fourni par le trafic du pavot de la province du Helmand ou des Saoudiens, en particulier, par le prince Turki ben Fayçal (Ou Faisal et Fasyal) Al Saud, qui deviendra plus tard ambassadeur aux Etats-Unis de 2005 à 2006, après avoir dirigé les services de renseignements saoudiens de 1977 à 2001... L’homme est le plus jeune fils du roi Fayçal, pas moins, et a fait ses études aux Etats-Unis, sur les mêmes bancs d’université que Bill Clinton. Il quittera brusquement son poste en 2006 après quelques déclarations incendiaires, comme celles-ci à propos de l’Irak : "he final analysis it was a colonial war very similar to the wars conducted by the ex-colonial powers when they went out to conquer the rest of the world." Pour quelqu’un qui a mis sur pied une armée avec l’aide de la CIA, ça s’appelle un retournement d’opinion. Pour beaucoup, d’ailleurs, il n’est déjà plus qu’un agent secret saoudien à Washington.
Les Soviétiques abandonnant la partie en 1989, les groupes terroristes créés et entraînés par la CIA orientent leur action vers l’Inde, au Cachemire, en particulier, situation qui ira jusqu’au clash et la guerre de 1999. Les camps islamistes sont devenus entre-temps des camps de formation où défile le monde entier : des Bosniaques, en 1992 et 1995, des Tchétchènes en 1994 et 1996, des Talibans en 1995 et 1996 et des Kosovars de l’armée de libération en 1998-99. L’Inde dénombre alors 38 camps différents en Afghanistan, 49 au Cachemire (alors occupé par le Pakistan) et 22 en Afghanistan. Selon elle, tous ces camps ont pour financier principal un certain Ben Laden, mais il ne semble pas être un dirigeant unique, chaque camp ayant son autonomie véritable. L’un des meilleurs "entraîneurs" s’appelle Ali Mohamed, c’est... un ancien des Forces spéciales américaines, rompu aux meilleures techniques de combat. Devenu depuis Abu Mohamed al-Amriki. L’homme est derrière l’explosion des deux ambassades américaines en Afrique et a même tenté d’assassiner Khadafi. L’autre "entraîneur" est Ramsey Yousef, un militaire égyptien qu’on retrouve lors du premier attentat contre le WTC avec son oncle Khalid Sheikh Mohammed.
Tout change en 1989 pour Ben Laden et son principal allié Turki al-Fayçal, quand le père de George Bush décide d’attaquer l’Irak de Saddam Hussein, et, pour ce faire, abandonne les moudjahidins à leur propre sort. Un abandon de ces militants pachtounes manifeste qui fabrique une rancœur tenace : ils tombent automatiquement sous le contrôle de l’ISI, les services secrets pakistanais, qui n’attendaient que l’occasion pour le faire. "Many in the ISI loathe the United States. They view America as an unreliable and duplicitous ally, being especially resentful of the 1990 sanctions, which came one year after the Soviets pulled out of Afghanistan. Furthermore, the ISI is dominated by Pashtuns, the same tribe that is the Taliban’s base of support across the border in Afghanistan". Le 12 octobre 1999, l’ISI à dominante pachtoune réalise au Pakistan la prise de pouvoir de... Pervez Musharraf.
Mais, auparavant, pendant dix ans de présence sur les lieux, la CIA a largement eu le temps d’édifier un énorme complexe défensif, entièrement enterré. Pour lutter contre les Soviétiques, la CIA "met le paquet" en fournissant l’aide logistique nécessaire à la réalisation de bunkers très élaborés dans une région particulière, celle de la vallée de la Swat ("a paradise on earth !") pile à mi-chemin exactement entre Peshawar (Pakistan) et Kaboul (Afghanistan). Le lieu n’a pas été choisi au hasard : il bénéficie de tout ce qu’il faut à proximité pour établir un campement solide et durable. Nous ne sommes pas du tout en plein désert et on est très loin d’un autre mythe de l’année 2001, celui d’un Ben Laden "inaccessible", "dans un endroit "reculé" : Jalalabad, grosse bourgade de 172 100 habitants, célèbre pour ses châles, est à 12 km seulement (?) à vol d’oiseau de Derunta, où se situe le bastion principal de Ben Laden ! Douze kilomètres à peine, alors que les télévisions parlent "d’inaccessible ouvrage"... et qu’un des reporters d’Antenne2, pas mal baladé, mettra "4 heures à atteindre". En bas de la route carrossable qui mène à un des plus gros bunkers, un cours d’eau que traverse un barrage hydroélectrique, d’où part le courant pour alimenter les villages alentour... et les lumières et le conditionnement d’air des blockhaus tous proches (une centaine de mètres !). L’endroit est rêvé pour bâtir pareille forteresse. Même l’organisation Todt n’a pas bénéficié de tels moyens !
On nous a vendu pendant des semaines la "difficile avancée des troupes américaines dans des endroits inaccessibles"... pour nous apercevoir, non sans retard je vous l’avoue, que la grotte présumée de Ben Laden, on peut s’y rendre en voiture en 1/2 heure à peine après avoir débarqué d’un aéroport capable de recevoir des C-130 ou d’autres gros porteurs. Sur ce point-là, la propagande américaine a donc marché à pleins tubes. Les explications à la télévision des ravages de la Daisy Cutter (la faucheuse de marguerites), la super bombe qui supprime tout ce qui bouge et son panache de fumée digne d’une micro bombe nucléaire, les sommets des montagnes surmontées de champignons, tout y était pour nous faire croire qu’on bombardait bien au bon endroit. Juste à côté, seulement. La bombe ne perce pas le béton, mais elle est idéale pour souffler les murs de terre cuite qui servent de défenses simples. Une seule suffit à raser un village entier. A Darunta, deux enfants meurent à 3 km de l’impact sous l’effet de son souffle. Les B-1, avec les bombes JDAM MK83 (ou BLU110) tuent ce jour-là aussi 156 personnes à Kama Ado... à dix heures de marche de Tora Bora. Le village en contenait 300. Réponse du Pentagone sur cette bavure ""It just did not happen." Ça n’e s’est même pas produit". Les cadavres vus par les journalistes présents n’existent pas. Il y a donc pour les Américains à Tora Bora bel et bien des vrais et des faux bombardements... sur des villages les bombes pénétrantes, sur les bunkers les daisy cutters : le monde à l’envers !
Six ans après cette offensive, retournons donc aujourd’hui voir les dégâts, en comparant les photos du Pentagone de 1999 et les images satellites d’aujourd’hui (voir photos jointes au dossier), qui datent de quelques semaines parfois. La conclusion vient assez vite : on s’est fait rouler dans la farine par le service de presse des armées américaines ! Tora Bora est aujourd’hui intact ou tout comme. Sur les lieux, le satellite décompte même la visite de 4x4 et de véhicules blindés, sagement parqués sur ce qui fut des camps d’entraînement de "terroristes", un des sommets arbore un énorme mât de communication, muni d’une antenne parabolique de dimension conséquente, les entrées de grottes actuelles sont toujours gigantesques (et intactes), et toujours de la largeur des chars russes, sinon davantage. Des traces récentes de passages de roues indiquent que les grottes sont toujours utilisées, par quelqu’un, qui n’est plus Ben Laden et qui à cet endroit ne peut être que l’armée américaine ou un de ses alliés. Un héliport, situé au sommet d’un des bastions d’Al-Quaida est toujours intact : à comparer les images d’archives à celles d’aujourd’hui, on ne peut qu’être étonné de son existence actuelle : s’il y a bien quelque chose de visible de haut à bombarder, c’est bien ce genre de choses. Or il a été manifestement épargné. Les bombardiers américains ont pris soin de ne pas abîmer les plus beaux bunkers. Sur les pentes de ces fameux bunkers, des chemins mènent directement, quasiment en ligne droite malgré les reliefs, à la frontière pakistanaise. Tora Bora n’est qu’à une journée de marche de la frontière pakistanaise ! En 4x4 ou en hélicoptère, un Ben Laden "cerné" pouvait s’échapper en dix minutes, même dès le début des bombardements intensifs. Ou plutôt juste avant, car des informations nouvelles précisent dans quelles conditions il a pu s’échapper... tranquillement.
Un article du New York Times révèle en 2005 comment les choses se sont passées. En décembre 2001, la neige est épaisse et les troupes au sol chargées d’attaquer Tora Bora peinent, après un mois de bombardements intensifs. Les hommes de Ben Laden, qui ont échappé aux bombes, les harcèlent toujours, changeant de grotte chaque nuit. L’arrivée de trois douzaines de Forces spéciales n’y change rien : leur général, Tommy Franks, qui dirige tout à distance à partir de son PC de Floride, à Tampa (le "Centcom"), ne souhaite pas leur intervention paraît-il : on dispose sur place d’une quarantaine d’hommes hyper-entraînés, mais on ne les emploie pas. Les quelques journalistes sur place se posent des questions. Un chef tribal amené à combattre les troupes d’Al Quaida, Hajji Zaman, réfugié en France dès 2002, affirme qu’en décembre il aurait négocié par radio un cessez-le-feu avec Ben Laden et son fils Salah Uddin. Et en aurait profité, moyennant finance, pour assurer l’extraction du leader d’Al Qaida à la barbe des Américains... ou plutôt avec leur plein accord. Le commandant actuel de la police à Jalalabad, Hadji Zaher confirme les faits. Et révèle un drôle de pacte et une drôle de façon de signaler que l’accord entre les deux partis à été scellé en connaissance de cause "Nous avons donc stoppé nos opérations. À 8 heures du matin, on n’a rien vu venir. Juste un B-52 qui a dessiné un 8 dans le ciel, ce qui voulait dire que le temps imparti était écoulé. Les combats ont repris et nous n’avons arrêté personne." Les B-52 avaient pris l’habitude de dessiner de jolis cercles autour de leur objectif, en attendant qu’un ordre au sol leur intime le droit de bombarder ou n’illumine la cible au laser. Des cercles, mais pas des huit. Sous leurs traînées atmosphériques encore fraîches, ceux qui visitent les caves évoquent des couloirs assez gigantesques "The empty caves we explored were just as large. This one was some 80 by 50 feet with a dozen chambers off the main room. Tunnels that connected to other caves, manmade water troughs for drinking water or an electrical generator, lookouts and escape hatches in every direction". Quand ils souhaitent en voir d’autres, plus grandes encore, ils reçoivent des soldats américains une fin de non-recevoir : "We push south toward Tora Bora through desolate terrain and ran into a team of local militia who warned us,"Go no further." On se contentera dans la presse des photos de quelques trous d’homme avec quelques obus découverts par-ci par-là.
Le 14 juillet 2004, un document officiel arrive à sortir des geôles de Guantanamo : c’est le compte-rendu d’un interrogatoire de prisonnier, ("Combatant Status Review Boards") dont on sait aujourd’hui qu’ils ont pu être musclés. Le prisonnier affirme qu’il était présent là-bas, et qu’il a "assisted in the escape of Usama Bin Laden from Tora Bora." En pleine élection américaine, un des organisateurs de la campagne de W. Bush annonce "We don’t know to this day whether Mr. bin Laden was at Tora Bora in December 2001. Some intelligence sources said he was ; others indicated he was in Pakistan at the time." C’est le même Tommy Franks, qui a délaissé son QG de Floride (dont le gouverneur est le frère de W.Bush) pour faire campagne électorale républicaine, sur le thème "Ben Laden, dead or Alive". Pour ce qui est d’être mort, Alim Shah Qaderi, responsable en 2002 du central téléphonique de Jalalabad, et qui était aussi sur place, indique que l’armée américaine n’a même pas pris la peine de le vérifier. "Ils sont partis avant d’avoir exploré toutes les grottes effondrées. Ils ont pris des photos des restes humains trouvés dans les montagnes, mais n’ont effectué aucun prélèvement d’ADN. Ils n’ont ouvert aucune des tombes musulmanes trouvées là". Le 30 octobre 2004 une vidéo diffusée par la chaîne d’information en arabe Al-Jezira, juste quatre jours avant les élections présidentielles américaines, tombe plutôt bien pour indiquer qu’Oussama Ben Laden est toujours en vie. Il faudra attendre trois ans pour en avoir une autre, filmée de la même façon, la barbe teinte comme différence essentielle. Le général Stanley MacCrystal déclare quelques temps après 2002 qu’en Irak "la mission est accomplie"et que les Américains ont "remporté la victoire", et qu’il faudrait le signaler au monde comme tel. La phrase dont s’était targué W. Bush le 1er mai 2003 en laissant croire qu’il savait apponter sur un porte-avions à bord d’un S3 Viking, lui qui savait à peine faire voler le Cessna d’un de ses amis milliardaires... MacCrystal, chef des opérations spéciales, est aujourd’hui pressenti pour remplacer le général Petraeus à la tête des troupes en Irak. Après avoir empêché la capture de Ben Laden, il est tout indiqué pour être à la tête d’une armée qui va se retrancher dans sa nouvelle ambassade. Un autre bunker. Bien plus confortable encore, celui-là.
En 2005, une nouvelle offensive américaine est décidée dans la région, à Nangahar. C’est l’ "Operation Celtics". On distribue 8 tonnes de tracts, on retape une ou deux écoles, et on repart à bord des Chinooks sans tirer un seul coup de feu. Sur le site du département de la défense, ce haut fait d’armes est salué comme le fait que tout va bien. Pas un mot sur où se cache Ben Laden : W. Bush a été élu, et le temps ne presse vraiment plus de l’attraper. A 50 km à peine de là, à peine, au Pakistan, il n’y a que des écoles coraniques ou medersas... et les écoles de Karzaï se vident : c’est l’objectif préféré des Talibans, qui ne supportent pas l’éducation qu’on y donne. Mais les Chinooks ne s’y posent pas tous les jours.
En 2007, si notre homme est toujours vivant, ce dont on peut sincèrement douter à ne plus l’avoir vu autrement que sur des vidéos trafiquées qui montraient un personnage en fort mauvaise santé, nul doute qu’il a rejoint le Pakistan. Dans la région de Peshawar, où il se serait réfugié dès fin 2001 selon beaucoup. Le gouvernement pakistanais annonce régulièrement être sur ses traces, et ne pas arriver non plus à l’arrêter, exactement comme l’a fait jusqu’ici la CIA. La redoutable ISI est sur l’affaire, paraît-il. Or, celle-ci, depuis sa fondation par Ghulam Jillani Khan, joue un double jeu évident. Formée à l’école de la CIA, l’ISI, agence militaire sous les ordres directs du gouvernement, est proche, sinon très proche, des mouvements islamistes, comme l’est d’ailleurs aussi le président Musharraf, un ami des groupes fondamentalistes islamiques tel le Harkat-ul-Mujahideen (HUM). Le mouvement est à basé à Muzaffarabad et à... Rawalpindi et serait même membre officiellement du Front islamique international... d’Oussama Ben Laden, selon le "Pattern of Global Terrorism"... l’ISI avait en fait entraîné 83 000 moudjahidins, de 1983 à 1997 et tous envoyés en... Afghanistan. Pour y rencontrer les hommes de... Ben Laden. Aujourd’hui, les liens entre islamistes et armée pakistanaise se distendent : les anciens militants échappent désormais au contrôle de l’ISI. Si bien que parfois les Etats-Unis se chargent d’intervenir directement, y compris sur le territoire pakistanais, et à partir de bases aériennes pakistanaises ! Un homme et sa femme viennent de payer de leur vie pour l’avoir révélé au monde entier.
L’homme s’appelle Hayatullah Khan. Photographe et reporter de 32 ans, au Waziristan, il réalise un reportage sur la mort de l’Egyptien Abu Hamza Rabia, un des cerveaux d’Al-Quaida, tué le 4 décembre 2005 dans une "explosion dans sa maison", selon la version de la police pakistanaise. Khan découvre que ça ne s’est pas du tout passé comme ça : c’est bien un missile Hellfire US qui a trucidé l’adjoint de Ben Laden. On sait que l’appareil peut être tiré d’un drone Predator, la "joystick killing machine". Le même engin avait servi à tuer Qaed Salim Sinan al-Harethi, au Yemen, suspecté d’être l’attaquant de l’USS Cole. Les Predators décollent de l’Uzbekistan et du Pakistan, à partir des bases de Jacobabad (au Sud) et de Shamsi ... Le lendemain même de la mort de Bhutto, un Predator tue un autre responsable, Sheikh Essa, d’origine égyptienne, au Nord Waziristan encore.
En 2005, le lendemain même de la parution de l’attaque du Predator, un commando de cinq hommes enlève Kahn. On retrouve le corps du journaliste en juin 2006, six mois après seulement, criblé de six balles, un des poignets portant encore les menottes particulières qu’utilise l’ISI. Un mois avant, un représentant de l’ISI lui avait fait clairement comprendre de ne pas mettre les pieds au Waziristan. Le 16 novembre 2007, la maison de sa veuve est plastiquée. Ses cinq enfants en réchappent, mais elle est tuée par l’explosion. Il ne fait pas bon fouiner au Waziristan, semble-t-il, théâtre évident d’intenses rivalités ISI-CIA. L’ISI sait à quoi servent les Predators, mais ne peut laisser filtrer l’information de ce à quoi ils servent exactement, de peur de se voir privé des contacts avec les islamistes avec lesquels elle est toujours en liaison. Comme elle a pu l’être par exemple avec Ghulam Mustafa, pièce maîtresse arrêtée... puis relâchée. En résumé, il ne faut pas que ça se sache. Le Pakistan a déployé 90 000 hommes au Waziristan... sans arriver à juguler la rébellion et la résistance de ses régions tribales. Arrivé en France cette semaine, Pervez Musharraf explique bien entendu le contraire. En 2004, l’armée pakistanaise a dû replier, après de nombreuses pertes dans les diverses embuscades. Ce que ne réussiraient pas à faire 90 000 hommes, un seul drone y arriverait ? D’où la colère de l’ISI : l’Amérique cherche à supprimer les traces de ses liens avec ses anciens alliés de la CIA, l’armée pakistanaise en est tenue à l’écart, et fait savoir que ça ne lui plaît pas. On ne s’explique toujours pas pourquoi la tête d’un homme mise à prix plusieurs millions de dollars demeure aussi insaisissable : selon Musharraf, les terroristes "n’ont aucun soutien auprès du peuple". Comment Ben Laden arrive-t-il dans ce cas à se cacher, sinon avec le soutien de la population... à moins qu’il ne soit... mort ?
A Tora Bora, en 2008, les véhicules de l’armée américaine et de ses alliés se garent tranquillement sur le parking à l’entrée des blockhaus en parfait état. La chasse au Ben Laden furtif, mort ou vivant, peut continuer. Au chaud, bien au chaud, les militaires de la coalition attendent sagement les ordres venus directement de leur QG de Floride.
Les coordonnées Google Earth du bunker de Tora Bora remis à neuf :
34°29’25"N 70°22’02"E
Jalalabad, l’aéroport :
34°23’57.00"N 70°29’58.00"E
Peshawar (l’aéroport) , au Pakistan :
33°59’38.08"N
71°30’52.49"E
La zone tribale ou pourrait être réfugié Ben Laden
(nord Waziristan)
32°59’56.69"N 70° 3’54.59"E
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