Torture psychologique et déni des droits fondamentaux : le martyre d’Assange et l’indifférence des médias
Sources : https://www.rt.com/news/471016-assange-torture-violations-un, https://www.rt.com/uk/471425-assange-court-hearing-us-extradition, les 16 et 21 octobre 2019
Traduction : lecridespeuples.fr
[Jamais les anciennes colonies n’ont fait preuve d’autant de servilité que les capitales occidentales face à Washington].
Julian Assange, éditeur de WikiLeaks, a été victime de « torture psychologique » et ses droits à une procédure régulière ont été « systématiquement violés » par tous les États impliqués, selon le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer.
Deux experts médicaux ont accompagné Melzer lors de sa visite à Assange dans la prison britannique de Belmarsh, a-t-il déclaré mardi 15 octobre.
« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il avait été soumis à de la torture psychologique pendant une période prolongée. C’est une évaluation purement médicale. »
Le message de Melzer s’est heurté à un mur d’indifférence, seulement une poignée de journalistes ayant assisté à sa conférence de presse au siège des Nations Unies à New York.
Ce n’était pas la première fois que Melzer essayait d’attirer l’attention sur la situation critique d’Assange. Il a écrit un article à ce sujet en juin, mais celui-ci a été ignoré ou rejeté par les principaux médias. Melzer a fini par publier des lettres ouvertes aux gouvernements américain, britannique, équatorien et suédois en juillet.
« Nous avons demandé à tous les États concernés d’enquêter sur cette affaire et d’atténuer les pressions qui ont été exercées sur Assange, et en particulier de respecter ses droits à une procédure régulière qui, à mon avis, ont été systématiquement bafoués dans toutes ces juridictions », a déclaré Melzer. Aucun pays n’a accepté de mener une telle enquête, a-t-il ajouté, bien qu’il s’agisse pour eux d’une obligation en vertu de la Convention sur la Torture.
La police britannique a trainé de force Assange hors de l’ambassade d’Équateur le 11 avril, après que le gouvernement du nouveau Président Moreno ait révoqué son asile accordé en 2012 par Rafael Correa. L’éditeur de WikiLeaks a passé près de sept ans dans l’ambassade de Londres, où il s’est réfugié pour échapper à une l’arrestation et à une extradition vers les États-Unis, qui le poursuivent pour avoir publié en 2010 des documents gouvernementaux top secrets concernant les guerres en Irak et en Afghanistan.
Assange, 48 ans, a été emprisonné – puis condamné à une peine de cinquante semaines d’emprisonnement pour violation de sa liberté sous caution – dans un établissement à sécurité maximale hébergeant des terroristes, des meurtriers et d’autres auteurs de crimes particulièrement graves. Il aurait passé une grande partie de son temps à l’hôpital pénitentiaire.
Il devait être libéré le 22 septembre, mais un juge a décidé qu’il resterait enfermé dans l’attente des audiences sur son extradition vers les États-Unis, prévues pour février 2020. S’il est envoyé aux États-Unis et déclaré coupable, il risque 175 ans de prison.
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Le 22 octobre, alors que ses partisans se rassemblaient devant le tribunal, Julian Assange montrait des signes d’épuisement et de tourment psychologique, tandis que son avocat tentait de retarder la procédure d’extradition aux États-Unis – mais le tribunal de Londres a rejeté sa requête.
Soigneusement rasé et vêtu d’un costume bleu, le cofondateur de WikiLeaks a comparu lundi devant le tribunal des Magistrats de Westminster pour demander le report d’une audience d’extradition prévue pour le mois de février. Mais six mois derrière les barreaux de la prison de sécurité maximale de Belmarsh ont considérablement dégradé sa santé.
Assange, visiblement fatigué, a esquissé un signe de résilience en levant le poing en direction de ses partisans présents, mais le lanceur d’alerte australien emprisonné ne semblait pas du tout avoir le moral, ce qui est aisément compréhensible. Des informations provenant de l’intérieur du tribunal suggèrent qu’Assange, qui a acquis une notoriété internationale pour avoir révélé des crimes de guerre américains, a même eu du mal à prononcer son propre nom et sa date de naissance lorsque ceux-ci lui ont été demandés. Il aurait retenu ses larmes en déclarant à la cour qu’il ne parvenait pas à « réfléchir correctement ».
Son avocat a affirmé que le gouvernement américain avait tenté de kidnapper Assange et de lui nuire, ajoutant qu’il aurait besoin de plus de temps pour préparer sa défense et rassembler des preuves.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, a averti en juillet que l’état de santé d’Assange se détériorait en prison, après lui avoir rendu visite accompagné de deux experts médicaux pour évaluer l’étendue des mauvais traitements qu’il subissait.
Melzer a expliqué qu’Assange présentait tous les symptômes typiques d’une « exposition prolongée et continue à un stress psychologique sévère et à de l’anxiété, entrainant une souffrance mentale et émotionnelle », et que ses capacités cognitives et sensorielles avaient été « considérablement altérées ». Le journaliste britannique John Pilger a également dénoncé la « torture psychologique » infligée sans relâche à Assange après lui avoir rendu visite à Belmarsh en août, bien que leurs avertissements soient généralement tombés dans l’oreille d’un sourd en ce qui concerne les médias et les autorités britanniques (et occidentales).
Devant le tribunal, des manifestants en colère ont scandé des slogans et brandi une banderole géante indiquant « N’extradez pas Assange ». Mais le tribunal a finalement rejeté le délai proposé.
Dans une vidéo publiée par Ruptly, on peut voir des militants qui tentent d’encercler un fourgon de police présumé transporter Assange. Les agents sur les lieux se sont précipités pour éloigner les manifestants du véhicule.
Les États-Unis ont accusé Assange de possession et de diffusion d’informations classifiées. S’il est reconnu coupable, il pourrait être condamné jusqu’à 175 ans de prison. Le journaliste est dans la ligne de mire de Washington depuis plus d’une décennie, après que WikiLeaks a publié une vidéo montrant l’armée américaine attaquant des journalistes et des civils en Irak en juillet 2007.
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