Tourisme animalier : bientôt la fin ?
Le tourisme animalier propose de partir à la rencontre d’animaux sauvages, à travers le monde : spectacles, selfies, balades, nages... Le succès est garanti auprès des touristes, car il promet des expériences uniques et des souvenirs inoubliables. C’est un marché très lucratif, mais qui ne se soucie guère du bien-être animal. C’est pour cette raison que certains pays ont décidé de mettre un terme à ces pratiques afin de protéger leur faune.
Cambodge : premier pays à interdire l’exploitation des éléphants
Le verdict est tombé au Cambodge : il ne sera plus possible de visiter le parc d’Angkor à dos d’éléphants à partir de 2020. Angkor est le 1e site touristique du Cambodge. C’est un lieu magique de 400 km2, composé essentiellement de forêts et de temples somptueux. Situé en pleine jungle tropicale, on y découvre le plus beau site archéologique du monde et le plus grand espace religieux de l’Asie du sud-est. On compte pas moins de 40 temples hindouistes et bouddhistes. Angkor est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et accueille des millions de touristes chaque année ; il en a été recensé 6 millions en 2018. Jusqu’à maintenant, les visites les plus populaires se faisaient à dos d’éléphants ; mais depuis plusieurs années, les associations de défense des animaux se battent pour arrêter cette pratique jugée agressive. En effet, dès leurs jeunes âges, les pachydermes sont élevés de manière brutale dans des conditions de vie difficiles. L’objectif du dressage ? Qu’ils deviennent le plus docile possible, afin de transporter les touristes en toute sécurité. De plus, les éléphants d’Angkor étaient vieux et les autorités ont choisi de leur rendre leur autonomie ; 5 des 14 éléphants exploités, ont d’ailleurs, été amenés dans une réserve forestière afin qu’ils puissent vivre librement. Cette décision est une bonne nouvelle pour nos amis éléphants qui pourront profiter de leur retraite… au moins dans cette partie du monde.
Tourisme animalier : quelles conséquences ?
Les visiteurs qui acceptent de faire des activités avec les animaux sauvages, ne savent pas, en général, les moyens utilisés pour les dompter. Les souvenirs sont magnifiques sur les photos, mais l’envers du décor est bien différent.
La méthode phajaan
En Asie toujours, et notamment en Thaïlande, de nombreux éléphants sont victimes de la méthode phajaan. Ce procédé consiste à briser l’esprit de l’éléphant afin de le rendre malléable. Pour cela, il sera enfermé et attaché dans une minuscule cage où il ne pourra pas bouger. Il recevra des châtiments corporels très violents et sera privé d’eau, de nourriture et de sommeil, jusqu’à ce qu’il obéisse parfaitement à son maître. Ce rituel, d’environ une semaine, est exercé sur des éléphanteaux, séparés très tôt de leurs mères. La moitié d’entre eux meurt pendant ces quelques jours, ceux qui survivent sont soumis à l’homme et seront utilisés pour transporter les touristes. Le reste du temps, ils seront enchaînés afin qu’ils restent obéissants. Cependant, un grand nombre d’entre eux, deviennent très agressifs ou fous et seront inutilisables pour le tourisme. Ils seront également abattus. Selon une enquête de l’association internationale de défense des animaux (World Animal Protection), sur 2 923 pachydermes étudiés : 3 sur 4 vivent dans des conditions inacceptables.
L’arrêt du transport de touristes à dos d’éléphants au Cambodge est une première étape mais malheureusement, il y a encore beaucoup d’endroits en Asie, où ces pratiques perdurent.
Le stress des selfies
En Amérique du Sud, d’autres systèmes sont mis en place pour exploiter certains animaux. Des hommes partent dans la forêt tropicale, à la recherche de paresseux qu’ils vont capturer. Ils les emmènent ensuite au contact des touristes pour les proposer en photos, moyennant quelques pièces. Ces selfies, pourtant amusants pour les visiteurs, sont en fait, très stressant et contre-nature pour les animaux. D'autres exemples comme les tigres, les serpents ou les dauphins vivant dans les parcs, sont aussi victimes de ces photos, angoissantes pour eux. En effet, il se cache derrière, des dressages punitifs et une vie en captivité bien misérable. En Europe, sur l’île grecque de Santorin, les ânes utilisés pour transporter les bagages des touristes à travers les falaises, sont de plus en plus nombreux à être maltraités et malades. La World Animal Protection recense environ 550 000 animaux condamnés au tourisme animalier et cela représente un marché global d’environ 250 millions de dollars. Ces chiffres nous montrent qu’il y a une vraie demande à laquelle les pays en voie de développement veulent répondre. L’association de protection des animaux encourage les touristes à refuser ce genre d’activités afin d’en finir avec la souffrance animale.
Quelques bons élèves
La note positive dans tout cela ? La prise de conscience de certains pays qui agissent afin de limiter ces pratiques. C’est le cas de la Nouvelle-Zélande, qui a interdit la nage avec les grands dauphins à Bay of Islands, au nord de l’île. Selon une enquête menée par des experts dans cette zone, le taux de mortalité des jeunes dauphins est le plus élevé au monde. Également, le rapport affirme que la visite de grands dauphins dans cette baie a chuté de 66 %. Les contacts avec l’homme les empêchent de se sociabiliser entre eux et sont interrompus dans leur alimentation ou leur reproduction. Il y a un dérèglement de leurs activités naturelles essentielles. Les autorités néo-zélandaises ont donc décidé d’arrêter complètement l'exploitation des dauphins dans cette partie du pays, afin de les protéger. Pour l’instant, cette baie est la seule interdite ; la nage avec les dauphins reste encore possible ailleurs sur l’île. Du côté d’Hawaï, une loi pourrait bientôt abroger la nage avec les dauphins à longs becs, une espèce également menacée.
La fin du tourisme animalier n'a pas encore sonné, mais il faut espérer que ces pays ouvrent la voie à un tourisme plus responsable et que d’autres gouvernements suivront l’exemple. Il est peut-être temps de penser enfin à notre faune et de se tourner vers d'autres activités plus respectueuses. En tant que touriste, on a tous le choix de notre comportement et le pouvoir d'agir différemment.
Sources :
https://www.geo.fr/environnement/les-balades-a-dos-delephant-interdites-au-cambodge-198716
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