Tout se passe comme prévu
De l'impuissance manifeste de l’exécutif à l'implosion de la droite parlementaire, rien de ce qui se passe en France depuis l'élection de François Hollande en mai dernier ne devrait surprendre. Tout se déroule comme il était prévu – ou plus exactement comme il était prévisible – il y a six mois, et rien ne semble susceptible de pouvoir enrayer le cours des choses dans un avenir proche.
La campagne présidentielle de François Hollande ne s'est apparemment pas déroulée comme anticipé, du moins si l'on en croit le récit qu'en a fait l'écrivain Laurent Binet (Rien ne se passe comme prévu, Grasset, août 2012). Depuis l’élection de l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste, en revanche, rien de ce qui s’est passé en France ne saurait être considéré comme véritablement surprenant.
Impuissance d’un côté…
Comme il était parfaitement prévisible en mai dernier, il est désormais clair que la caractéristique principale de la présidence Hollande est sa totale impuissance.
Le triste feuilleton du site sidérurgique de Florange n’en est que le dernier exemple en date, peut-être le plus criant et le plus cruel. L’incapacité de l’Etat à obtenir de l’industriel Lakshmi Mittal le redémarrage des hauts fourneaux lorrains ou à leur trouver un repreneur illustre de manière presque caricaturale à quel point les représentants élus par le peuple, supposés être dépositaires de la « souveraineté » nationale, sont aujourd’hui démunis face aux entreprises mondialisées. L’accord signé entre le gouvernement et ArcelorMittal a beau être présenté par Jean-Marc Ayrault comme étant « la solution la plus favorable pour l’emploi », c’est bien l’aciériste qui est sorti facilement vainqueur de ce bras de fer en trompe l’œil. Les Français en sont d’ailleurs parfaitement conscients, qui considèrent à 75% que Mittal a « gagné » la négociation. Comme pour ajouter l’humiliation à la défaite, il n’aura d’ailleurs fallu que quelques jours pour qu’ArcelorMittal se retire du projet européen Ulcos de captation et de stockage de CO2, pourtant présenté par le gouvernement comme une piste d’avenir pour le site et un élément important de l’accord obtenu avec l’entreprise.
On peut comprendre la colère des ouvriers du site de Florange, qui estiment avoir été lâchés, trompés, trahis. Colère compréhensible, si l’on se souvient des promesses que leur avait fait le candidat Hollande, juché sur une camionnette en février dernier. « Je ne veux pas me retrouver, moi, un jour, dans la situation d'être élu sur une promesse, et ensuite de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue », avait alors déclaré le futur président de la République, dont on s’imagine bien quel accueil lui serait aujourd’hui réservé si l’idée lui venait de « revenir » à Florange. Colère compréhensible, également, suite aux faux espoirs suscités dans les jours précédant l’accord par Arnaud Montebourg, ministre du soi-disant « redressement productif ». En faisant croire aux métallos qu’il avait trouvé un repreneur et surtout en agitant la menace d’une nationalisation temporaire du site de Florange, le matamore du gouvernement n’aura fait au bout du compte que rendre encore plus cruelle leur déception. Outre qu’une expropriation de Mittal eût été ruineuse pour un Etat au bord de l’asphyxie financière, elle n’aurait fait que brouiller un peu plus l’image de la France auprès des investisseurs internationaux, ce qu’elle peut difficilement se permettre étant donné sa situation économique. « Dégager » un ploutocrate étranger peut sembler être un moyen de se faire plaisir à bon compte pendant un moment, mais un pays dont l’économie est à l’arrêt et les chiffres du chômage explosent devrait y réfléchir à deux fois avant d’utiliser l’arme de la nationalisation de manière punitive. Surtout, la nationalisation n’aurait en rien permis de redonner un avenir aux hauts fourneaux lorrains alors que le marché de l’acier européen est aujourd’hui à l’arrêt. Le transfert à la collectivité de la propriété du site de Florange se serait probablement terminé en fiasco et en gouffre financier.
Cette triste affaire de Florange n’est que le dernier exemple en date de l’impuissance du président Hollande et du gouvernement Ayrault à enrayer la chute de la maison France. Les plans sociaux se multiplient, les chiffres du chômage explosent, et le « modèle social » français craque de partout, sans que l’exécutif ne paraisse capable de changer le cours des choses. Elu en promettant de remplacer une soi-disant politique d’austérité par une soi-disant politique de croissance, François Hollande n’est parvenu ni à infléchir les grandes orientations politique européennes – le pacte budgétaire a été voté et c’est toujours bel et bien Angela Merkel qui tient les rênes de l’Union – ni à amorcer un semblant de début de commencement de reprise en France. L’économie française est à l’arrêt depuis plus d’un an, et le gouvernement ne trompe plus personne quand il continue à s’accrocher à ses prévisions de croissance pour 2013. Les incantations du président il y a quelques mois à « mettre de la croissance » (comme si l’on pouvait simplement décider de « mettre » de la croissance dans le système comme de l’essence dans un réservoir) paraissent de plus en plus anachroniques, et il se contente désormais de dire que « la reprise va arriver, c’est une question de cycle ». Fort de cette apparente conviction (ou plutôt de ce fol espoir), il semble désormais décidé à imposer des efforts et des sacrifices aux Français en 2013 afin de respecter l’engagement européen de réduire le déficit public à 3 % du produit intérieur brut (PIB) et d’engranger ensuite les fruits des efforts consentis et du retour de la croissance pour pouvoir redistribuer à temps avant les élections de 2017... Patience, dit-on désormais au « peuple de gauche », le changement c’est pour dans deux ans…
La popularité en chute de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault semble indiquer que la grande majorité des Français ne croit pas à ces fables. Car si le tour de vis prévu en 2013 est certain et va être douloureux, la reprise économique espérée ensuite – simple « question de cycle », d’après le président – est purement hypothétique. L’Europe entière est aujourd’hui prise dans une spirale récessioniste qui n’épargne même plus l’Allemagne, et il est parfaitement illusoire de croire que la croissance puisse revenir à court terme. La Banque centrale européenne (BCE) vient d’ailleurs de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro pour 2013. Pire, le choix de répartition de l’effort budgétaire effectué par le gouvernement français pour 2013 (2/3 d’augmentation des recettes, donc des impôts, contre 1/3 de réduction des dépenses) risque d’aggraver la situation plus que de l’améliorer. Dans un pays déjà champion des prélèvements et dont l’économie est au bord de la contraction, cette nouvelle augmentation ne contribuera en rien à relancer l’activité, bien au contraire. Le crédit d’impôts pour les entreprises décidé dans le cadre du « pacte de compétitivité » (pardon, du « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi ») n’y changera d’ailleurs pas grand chose puisqu’il ne fera que reporter les hausses dans le temps et ne changera rien aux perspectives de long terme des entreprises qui déterminent leurs investissements.
Les choix budgétaires du président Hollande pour 2013 pourraient donc bien amener la France à franchir rapidement la ligne ténue qui sépare la croissance nulle de la récession pure et simple, sans réelle perspective de redressement pour la suite. L’effondrement actuel du marché automobile n’est probablement qu’un avant goût de ce qui nous attend. Dans ces conditions, les rentrées fiscales risquent fort d’être inférieures aux prévisions et l’effort budgétaire prévu ne permettra pas d’atteindre l’objectif des 3 % de déficit en 2013. Le gouvernement aura probablement en cours d’année prochaine à faire un choix entre renoncer à cet objectif chimérique ou bien redoubler d’efforts de rigueur au risque d’aggraver la récession.
La situation pourrait même devenir dramatique si, comme c’est malheureusement fort possible, les taux d’intérêt sur la dette française se mettaient à augmenter. Les responsables français se rassurent à bon compte aujourd’hui en pointant la baisse des taux d’emprunt de l’Etat, qui atteignent un plancher historique malgré la « dégradation » de la dette française par les agences de notation. Ils y voient un signe de la crédibilité de la France auprès des investisseurs, alors qu’il s’agit surtout d’un signe du profond dysfonctionnement du système financier mondial et de la fuite des capitaux des pays de la périphérie vers les pays du cœur de la zone euro perçus comme plus surs, et plus généralement des marchés actions vers les placements obligataires. La baisse des taux français reflète aussi la rémission actuelle dans la crise de l’euro, consécutive à l’annonce l’été dernier par le président de la BCE Mario Draghi d’un programme de rachat « illimité » d’obligations italiennes et espagnoles en cas de besoin. Mais il s’agit bien là d’une simple rémission et non d’une résolution de la crise. Le cas grec n’est toujours pas solutionné, l’Espagne continue de repousser son recours à un plan de sauvetage pour ne pas être mise sous tutelle, et les sociétés du sud de l’Europe continuent de se désagréger sous l’effet de l’augmentation du chômage et de la paupérisation galopante. Contrairement à ce que François Hollande fait mine de croire, absolument rien n’est réglé et le pire de la crise en zone euro n’est absolument pas passé. Aucun programme de rachat d’obligations, aucun énième sauvetage de la Grèce, aucun plan de mise en place d’une union bancaire ne permettra en effet de réduire les écarts de compétitivité entre les économies européennes qui sont la véritable racine de la crise, et qui continuent de s’accroitre. Il suffirait de peu de choses pour que la zone euro replonge dans la tourmente, comme par exemple… la démission du président du conseil italien Mario Monti, qui semble imminente…
Le problème pour la France est qu’elle est probablement le pays le plus exposé aux risques sur les dettes des pays du sud, du fait de sa participation aux mécanismes de sauvetage européens mais aussi et surtout de l’exposition massive des ses banques aux dettes souveraines de la Grèce mais surtout de l’Italie ou de l’Espagne. Plus fondamentalement encore, les difficultés économiques de la France la rapprochent beaucoup plus de ses voisins du sud que du bloc germanique. L’affaissement de la compétitivité du pays et l’atrophie de son appareil productif l’éloignent chaque jour un peu plus des économies du nord de l’Europe. Le jour où le décrochage paraîtra trop profond ou trop irrémédiable aux investisseurs internationaux, ils déserteront la dette française et les taux augmenteront. La charge de la dette (c’est à dire le montant des intérêts à payer sur le stock de dette) s’envolera et les problèmes budgétaires du pays deviendront insolubles. C’est bel et bien ce risque qui fait de la France une bombe à retardement au cœur de l’Europe, comme le titrait récemment l’hebdomadaire britannique The Economist. Les milieux dirigeants allemands en sont bien conscients, qui considèrent désormais à mots couverts que le risque majeur pour la zone euro n’est ni la Grèce ni l’Espagne ou l’Italie mais bel et bien la France. Car si un sauvetage de l’Espagne ou une sortie de la Grèce paraissent encore gérables, l’effondrement de la France entraînerait inévitablement la disparition de l’union monétaire, et probablement même de l’Union européenne.
Après avoir ignoré voire nié ces risques, François Hollande et le gouvernement Ayrault semblent finalement en avoir pris conscience ces derniers mois. Mais si le « pacte de compétitivité » présenté en novembre marque un tournant, les mesures annoncées semblent bien trop tardives et surtout bien trop limitées pour véritablement infléchir le cours des choses. A ceux qui pensent que la France doit rapidement adopter des réformes beaucoup plus profondes, comme l’Allemagne l’a fait sous la direction de Gerhard Schröder, le président et le premier ministre répondent que l’ancien chancelier social-démocrate avait attendu son second mandat pour s’atteler aux réformes structurelles… Autrement dit, en France on espère la reprise « cyclique » de 2014, et si ensuite il y a encore besoin de réformes on verra bien en 2017…
L’impuissance du gouvernement français à véritablement peser sur le cours des choses apparaît d’autant plus crûment qu’elle se double de nombreux cafouillages et d’hésitations qui donnent immanquablement une impression d’amateurisme voire d’incompétence. Comme on s’en doutait lors de son élection, François Hollande et ses troupes n’étaient pas vraiment préparés à exercer les fonctions qui sont maintenant les leurs ni à affronter les tempêtes auxquelles ils doivent faire face. Candidat du PS par défaut suite à l’élimination de Dominique Strauss-Kahn, élu par défaut en raison du rejet massif de Nicolas Sarkozy, l’ancien président du conseil général de la Corrèze n’avait sans doute pas pris la mesure de la tâche et se rend compte aujourd’hui qu’exercer le pouvoir, « c’est très dur ». L’apprentissage est rude…
Heureusement pour eux, le président et les ministres du gouvernement Ayrault ont encore la possibilité d’invoquer, pour tenter d’expliquer voire d’excuser leurs errements, le lourd passif hérité de la droite. Et il est vrai que les difficultés du pays ne sont pas apparues dans les derniers mois. C’est bel et bien sous des gouvernement et des présidents de droite (Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy) que le grand décrochage s’est opéré. La balance commerciale française, excédentaire au début des années 2000, est devenue depuis largement déficitaire. En un peu plus de dix ans, la part des exportations françaises est tombée de 5,7% à 3,3% dans le monde, et de 16,8% à 12,6% en zone euro. Les coûts de production ont augmenté nettement plus vite qu’en Allemagne, dans l’industrie et encore plus dans les services, ajoutant un écart de compétitivité coût à un écart de compétitivité hors coût lui aussi grandissant. La droite a eu elle même beau jeu pendant 10 ans de pointer les responsabilités de ses prédécesseurs (retraite à 60 ans, 35 heures, etc.), mais elle n’a entamé aucune réforme structurelle d’envergure pour tenter de renverser la vapeur, se contentant de placer des rustines de ci de là (défiscalisation des heures supplémentaires, augmentation timide de l’âge de la retraite, etc.).
Bêtise de l’autre…
Si les premiers mois du quinquennat ont sans surprise confirmé l’impuissance du nouvel exécutif, ils ont aussi été marqués, là aussi sans surprise, par l’implosion de l’opposition. La défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai a laissé à droite un champ de ruines, un parti sans chef et sans repères, qui s’est rapidement déchiré entre les prétendants à la succession. Au terme d’une interminable et laborieuse campagne interne, une élection douteuse a abouti à un véritable fiasco et à une division profonde dont on voit mal comment elle pourrait désormais être surmontée. Ce spectacle affligeant suggère que la France peut à nouveau prétendre avoir « la droite la plus bête du monde », comme disait jadis Guy Mollet.
L’implosion de l’opposition ne saurait surprendre, tant elle était prévisible. Le retrait de Nicolas Sarkozy après sa défaite a mis à nu l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) pour ce qu’elle est : un rassemblement hétéroclite, une coalition d’intérêts qui ne tient que par la volonté et l’autorité d’un chef. Contrairement à la gauche ou bien à certaines droites étrangères, la droite française n’a jamais eu de vraie cohérence intellectuelle. Elle ne s’est jamais assumée ni véritablement libérale ni véritablement conservatrice. La référence gaulliste lui a pendant longtemps servi de cache-misère intellectuel, mais elle est maintenant trop usée et a définitivement cessé d’opérer, plus personne ne comprenant véritablement ce que le mot gaullisme désigne. Ne reste que le culte du chef, qui explique le désarroi actuel des militants UMP et leur espoir dans un hypothétique retour de Nicolas Sarkozy. Le simple fait de voir la droite française incapable d’entamer un bilan critique et pleurer au contraire un tel homme, dont la pensée politique et l’action à la tête de l’Etat furent si inconsistants, en dit long sur sa vacuité idéologique et intellectuelle.
Il est d’ailleurs probable que Nicolas Sarkozy ait un temps favorisé en sous main la division entre les partisans de Jean-François Copé et ceux de François Fillon, voulant ainsi éviter que le nouveau leader de l’UMP ne s’affirme trop et ne lui bloque la voie d’un éventuel retour. Les deux prétendants à sa succession ne seraient d’après lui que des « loups oméga » qui, faute d’ascendant suffisant sur la meute UMP, devraient naturellement s’effacer le moment venu devant le retour du « loup alpha ». D’où l’impression trompeuse, au lendemain du vote des militants UMP, de voir Nicolas Sarkozy vainqueur du duel Fillon-Copé.
En fait, et ce n’est là encore pas une surprise, il n’y a qu’un seul et grand gagnant de la séquence politique de ces derniers mois, le Front National (FN). L’impuissance de la gauche et la bêtise qui mine la droite UMPiste apportent de l’eau au moulin de Marine Le Pen, qui n’a même plus besoin de faire preuve de beaucoup d’activisme pour engranger les bénéfices. Pour peu qu’elle parvienne à continuer de structurer son parti et à cannibaliser des pans de l’UMP, la présidente du FN voit désormais s’ouvrir devant elle un boulevard. Le Boulevard de la Marine…
Désarroi pour tous…
En attendant, l’impuissance de l’exécutif à enrayer la mécanique de la crise et du déclin nourrit le profond désarroi des Français. Contre toute évidence, les citoyens de ce pays semblent en effet vouloir continuer de croire en la toute puissance de l’Etat et en la force de la volonté politique. Ils veulent continuer de croire aux promesses de changement qui leur sont faites à chaque élection présidentielle par des politiciens de plus en plus déconnectés des réalités et avant tout soucieux de leur propre destin. On se souvient du sort qui fut fait naguère à Lionel Jospin pour avoir osé avouer que « l’Etat ne peut pas tout »…
Sans surprise, les Français sont à chaque fois déçus de constater l’impuissance de leur Etat émasculé et de voir que l’action de leurs dirigeants se résume en général à de l’agitation, marquée le plus souvent d’incompétence, d’impréparation et d’approximation. Cette déception nourrit désenchantement, ressentiment et renoncement. Les Français sont depuis longtemps déjà devenus champions du monde du pessimisme, et la société s’enfonce dans l’aigreur et le chacun pour soi. L’incivilité se répand partout, chacun essayant de profiter au maximum du système tant qu’il est possible. Allocations, subventions, réductions en tout genre sont considérés comme des droits universels, passe-droits et favoritisme sont omniprésents. Les rapports sociaux sont hyper-tendus, chargés de négativité et de violence. Des pans entiers de la jeunesse, la mieux formée en général, quittent le pays pour tenter leur chance dans des contrées moins suffocantes. La société se désintègre sous les effets du chômage de masse permanent et de la paupérisation qui menace désormais d’engloutir des pans entiers de la classe moyenne. La moitié des Français se sentent aujourd’hui pauvres ou craignent de le devenir, avec raison. Le système éducatif se délite, le système de santé se détériore. Plus grave encore, un apartheid s’installe qui sépare les « cités » du reste du territoire : deux sociétés coexistent désormais en France, qui évoluent de manière séparée avec des codes – y compris linguistiques – et des règles différentes ; ces deux sociétés se font face et tentent autant que possible de s’ignorer, l’une continuant de subventionner l’autre pour tenter d’oublier à quel point elle l’effraie. L’ordre social et public se délite et s’effondre même dans certaines zones, comme à Marseille ou en Corse, alors même que les prisons débordent. La société française se crispe sur les questions identitaires et s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’anomie.
Tant que l’Etat français peut continuer d’emprunter à bon compte pour entretenir l’illusion d’un semblant de normalité, les choses suivront leur cours tant bien que mal. Mais dès que son accès au crédit se restreindra ou se renchérira, les choix douloureux ne pourront plus être repoussés. Les failles de notre système économique et social deviendront béantes, l’évidence de l’inanité du personnel politique s’imposera et l’explosion menacera. Que se passera-t-il alors ? Jean-Luc Mélenchon, qui s’identifie volontiers à Robespierre et compare François Hollande à Louis XVI, a sa petite idée. L’armée suisse, qui s’exerce à fermer et protéger les frontières de la Confédération, y réfléchit aussi. A n’en pas douter, Marine Le Pen s’y prépare. Les Français, eux, font leurs achats de Noël…
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