Tout va bien !
L'Allemagne exporte son chômage en France et dans les autres pays européens, au détriment de son économie domestique et sa propre population. Avec l’arrivée de l'actuel président à la Maison Blanche qui fait du protectionnisme son cheval de bataille, les élections législatives en France le mois prochain et en Allemagne en septembre, il ne reste que peu de temps pour corriger le tir et sauver l'euro. Sinon, l’éclatement de la monnaie unique est programmé avec, à la clé, du chômage de masse en Allemagne.
L’Allemagne va bien. Selon la multinationale du conseil aux entreprises « Ernst & Young », les 100 plus importantes entreprises allemandes ont amélioré leurs bénéfices opérationnels de 24 % en 2016, malgré une baisse du chiffre d’affaires de 2,7 %, grâce à des mesures de rationalisation. Le taux de rendement sur le chiffre d’affaire est ainsi passé de 5,9% à 7,4%. (Die Zeit).
Sauf accident majeur, le gros des sociétés allemandes devrait annoncer, des chiffres record pour l’année 2016, au niveau des bénéfices autant qu’au niveau des dividendes. Pour l’année 2015 les 600 entreprises allemandes les plus importantes avaient déjà distribué la somme record de 42,3 mia EU, dont 64 % à des investisseurs étrangers. Globalisation oblige.
En outre, les nouvelles du front de l’emploi sont excellentes. « Die Welt », porte parole officieux du gouvernement allemand, titre le 30.12.2016 « Le miracle allemand de la création d’emplois entre dans sa seconde décennie. » Entre 2010 et 2016, le taux de chômage a baissé de 8% à 4,2%.
L’Allemagne semble en effet faire tout juste. Le taux de chômage moyen de la zone euro est de 10,1 % (France 9,9 %, Italie 11,5% Espagne 20,2%, Portugal 10,8%, Grèce 23,5%) et celui des jeunes européens de moins de 25 ans 18,8% (Eurostat).
Quelle est donc la recette du miracle allemand ? La sous-enchère salariale et l’export. En 2003 le gouvernement Schröder avait introduit la réforme du marché du travail « Hartz IV », une version plus « hard » des lois « Macron » et « El Khomri » en France, et tout misé sur l’export. Afin de « booster » la compétitivité des entreprises allemandes, l’état avait gelé les salaires et l’export flambait et continue à flamber.
Selon l’économiste allemand Heiner Flassbeck, c’est une manière d’exporter le chômage dans les autres pays de l’Union Européenne et l’économiste français, Thomas Piketty, remarque sur son blog que » la bonne mesure de juger de la performance économique d’un pays est sa productivité et non sa compétitivité. Si chaque pays faisait comme l’Allemagne, il n y aurait aucune autre zone économique au monde pour absorber des excédents de l’ordre de 8% du PIB chaque année. » (Thomas Piketty)
Si on mesure la performance économique de la France, l’autre poids lourd de la zone EURO, on constate que sa productivité est supérieure de 10% à celle de l’Allemagne. La mesure communément appliquée étant ce qu’un travailleur produit en une heure de travail. (PIB divisé par les heures travaillées).
La meilleure performance de l’Allemagne vis-à-vis de la France, et les autres pays partenaires, trouve son origine dans le non-respect de la part de l’Allemagne du taux annuel d’inflation de 2% convenu lors de la création de l’Euro en 1999 et voulu par l’Allemagne. Comme l’explique le professeur Flassbeck, l’inflation n’est pas la conséquence de l’expansion de la masse monétaire, la preuve, il n’y a pas d’inflation actuellement, mais du niveau de rémunération de la productivité, les salaires.
Le seul pays en Europe à avoir respecté cet objectif d’inflation de 2% est la France, qui rémunère ses salariés constamment 2% en dessus de sa productivité depuis la création de l’Union monétaire. Dans un monde idéal, chaque pays pourrait ainsi vivre à son rythme. Ceux qui veulent gagner plus, travaillent plus, ceux qui veulent plutôt profiter de la vie, gagnent moins. Le mercantilisme est incompatible avec la mondialisation. (Piketty)
L’économie allemande fait le contraire. Elle vit au dessous de ses moyens au détriment de ses travailleurs et son économie domestique, ainsi que de ses partenaires européens. Les ménages privés économisent à cause des incertitudes sur le marché du travail, les entreprises domestiques n’investissent pas à cause du faible pouvoir d’achat et les multinationales accumulent des profits hors norme et les distribuent à leurs actionnaires.
Pour qu’une économie tourne et pour que l’argent circule, il faut qu'il y ait des acteurs économiques qui s'endettent et qui investissent. Puisqu’en Allemagne ni les ménages, ni les entreprises, ni l’état veulent s’endetter, c’est l’étranger qui doit le faire.
Avec l’arrivée de l'actuel président à la Maison Blanche qui fait du protectionnisme son cheval de bataille et les élections en législatives en France en en Allemagne, il ne reste aux teutons à peine quelques mois pour changer leur position et de sauver l’euro. Sinon, l’éclatement de monnaie unique est programmée suivie par une course à la dévaluation et un chômage de masse outre Rhin.
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