Toutes les barbaries ne se valent pas ! (lettre ouverte à Claude Guéant)
Le Ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a défrayé la chronique en déclarant tout de go que toutes les civilisations ne se valent pas. Il a ensuite précisé qu’il avait plus d’estime pour les valeurs de Liberté, Egalité et Fraternité qui sont celles de la France, héritière de la révolution de 1789.
Monsieur le Ministre,
A moins qu’il ne faille revisiter l’Histoire pour l’accorder à vos théories et à la réalité d’aujourd’hui, la Révolution Française, pour laquelle j’ai la plus grande estime, est née de l’insurrection d’un peuple qui avait faim et qui enrageait de voir le pouvoir et les richesses perpétuellement confisqués par une minorité de privilégiés, à l’époque, le Roi, la noblesse et le clergé.
Les mots « liberté », « « égalité », « fraternité », qui devinrent le slogan de la France, avaient alors un sens, celui de l’abolition des privilèges, l’espoir d’un peuple de pouvoir désormais élire ses représentants mais un espoir long à concrétiser puisque, inscrit dans la Constitution dès 1793, le suffrage universel ne devint réalité qu’en 1946.
Qu’est aujourd’hui ce slogan devenu ? Des mots censés rassembler les Français mais vidés de leur sens par les contre-révolutionnaires que vous êtes.
N’est-ce pas le banquier Rothschild qui déclarait : « Donnez-moi le droit d’émettre et de contrôler l’argent d’une nation et alors peu importe qui fait ses lois ? »
Quand Valery Giscard d’Estaing, alors Ministre des Finances de Pompidou, a fait passer la loi du 3 janvier 1973, dite loi Rothschild, il ne pouvait ignorer ces propos. Le pouvoir de battre monnaie, qui appartenait de droit à l’Etat par délégation de pouvoir du peuple, il l’a confié à un occulte pouvoir financier.
Il s’agissait dans son esprit de tuer dans l’œuf l’esprit révolutionnaire de mai 68 qui eût abouti à l’annulation de la dette du Tiers Monde et, surtout, de pérenniser le pouvoir de la droite en lui adjugeant les bailleurs de fonds.
Il en fut récompensé dès le suivant septennat.
« Ceux qui contrôlent le crédit d’une nation dirigent la politique du gouvernement et tiennent dans le creux de leurs mains la destinée des peuples »
Ces propos sont de Reginald Mc Kenna, ancien Président du conseil d’administration de la Midlands Bank of England et non d’un de vos adversaires politiques.
La trahison de Giscard, qui lui eût coûté la tête au lendemain de la Révolution française, était passée inaperçue à l’époque parce que le peuple français faisait confiance à ses représentants et parce que l’accumulation des intérêts bancaires ne plaçaient pas encore le pays au bord du gouffre.
Mais Giscard n’a pas été le seul coupable. Lors de la construction de l’Europe, cette confiscation des droits du peuple de décider de sa destinée a été entérinée par Pierre Beregovoy sous Mitterand par la signature de l’article 104 du traité de Maastricht, ce qui démontre la complicité du parti socialiste.
Et plus récemment, Monsieur Guéant, c’est avec l’appui de votre parti qu’a été voté l’article 123 du Traité de Lisbonne qui confirmait l’interdiction faite aux Etats d’emprunter directement, sans intérêts, à la BCE.
Dès lors, je vous interdis, oui, vous avez bien lu, JE VOUS INTERDIS, d’évoquer les valeurs de 1789 parce que la liberté, vous l’avez enlevée à vos concitoyens et à d’autres citoyens européens qui n’ont même pas eu le droit de voter contre ces traités, parce qu’au lieu d’égalité, vous n’avez cessé de créer des inégalités, et parce qu’en fait de fraternité, le petit chef dont vous êtes le fidèle serviteur, montre ce qu’il en fait quand il pousse le gouvernement grec à réduire encore de 20% le salaire minimum.
Ces valeurs fondatrices de ce que vous appelez votre civilisation, vous les avez bafouées, vous les bafouez et vous les bafouerez encore aussi longtemps que les Français persisteront à penser que votre faction de parvenus puisse encore présenter des candidats éligibles.
Barbarie
Le terme « civilisation » a été inventé par opposition à la barbarie. Il sous-entend un progrès dans l’organisation sociétale, dans la connaissance, la culture ou dans l’éventail des technologies.
Mais la notion de progrès est, elle-même, très relative car autoproclamée. Aux peuplades indigènes découvertes par Christophe Colomb, les conquistadors espagnols prétendaient apporter la civilisation chrétienne mais elle sentait la poudre et le sang.
A Robinson Crusoé qui prétendait lui enseigner les bienfaits de la civilisation, Vendredi rétorqua qu’au lieu de laisser les cadavres de ses ennemis sur le champ de bataille, son peuple les mangeait pour leur permettre de continuer à vivre dans le corps des vainqueurs.
En décimant les tribus de peaux-rouges pour voler leur territoire, les colons américains se sont-ils comportés en êtres civilisés ou en barbares ?
Et la mentalité asiatique dont la principale caractéristique est que l’individu se sent au service de la collectivité que constitue son pays ou son entreprise a-t-elle moins de valeur que la mentalité occidentale qui promeut la réussite personnelle à travers le star-système ?
Certes, les pseudo-civilisations bâties sur des modèles religieux sont épouvantablement barbares et marquées au coin de l’ignorance. Il faut avoir l’esprit particulièrement rétréci pour croire que le Dieu « créateur du ciel et de la terre » se serait révélé exclusivement et en trois étapes aux habitants d’un même petit lopin de la planète habité par les Juifs, les premiers chrétiens et les Arabes en laissant de côté des civilisations beaucoup plus brillantes et savantes.
Ce « Dieu omniscient » aurait d’ailleurs fait preuve de bien peu de discernement en donnant ainsi naissance aux trois seules croyances qui ont été à l’origine de guerres et de massacres.
Oui, Monsieur Guéant, le crétinisme religieux confine à la barbarie mais il n’est pas le fait des seuls Islamistes. Vous l’avez connu en France avec le massacre des Huguenots et beaucoup de vos compatriotes ont servi, sous Pétain, les desseins nazis dont les combattants s’élançaient en criant « Goth mit Uns »
Et dans les propos de Georges W Bush qui a osé organiser une journée de prières pour la victoire de ses troupes en Irak ou de Sarah Palin qui estimait que cette guerre était voulue par Dieu, que de barbarie, que de bestialité !
La pseudo civilisation occidentale a été la seule à utiliser la bombe atomique en réponse à une autre abomination qu’était le nazisme.
Mais Hitler n’était encore qu’un enfant de chœur à côté des maîtres du monde actuel auxquels Giscard, Mitterrand et votre faction politique avez confié le destin de votre peuple.
Avec ce système économique impitoyable que vous servez, qui sacrifie l’homme à l’argent, qui accapare les richesses créés par les humains par le biais d’intérêts bancaires injustifiés, un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes, des femmes et des hommes meurent de froid par centaines, des sans-abri parcourent les rues et d’honnêtes pères de famille, chômeurs ou travailleurs modestes, n’arrivent plus à boucler les fins de mois, disposant de moins en moins d’arguments pour éloigner leurs enfants du chemin de la délinquance.
La drogue est aussi un produit de votre « civilisation », occasion d’évasion pour les uns, source de revenus pour les autres, elle est l’image de votre système économique qui sacrifie tout à ce dieu encore plus haïssable qu’est l’argent.
Aussi ignoble qu’il fût, Hitler n’a jamais réussi à tuer un être humain toutes les cinq secondes, c’est dire l’horreur dans laquelle vous avez, pas tout seul, rassurez-vous, plongé le monde.
Herr Sarkozy und Madame Merkel, à moins que ce ne soit le contraire, auraient pu prendre en considération le sort des Grecs, qui sera bientôt le nôtre. Ce sont des personnes qui souffrent comme, déjà, certains chez nous commencent à souffrir. On voit où sont les préoccupations de l’horrible personnage auquel les Français ont eu le malheur de confier leur destin.
Il est du côté du FMI, du côté des financiers. La Grèce doit rembourser, dit-il, après avoir empêché Papandreou de laisser ses citoyens s’exprimer par referendum.
J’entendais aujourd’hui un jeune journaliste de l’Express exprimer sur France 24 que les Grecs avaient commis des erreurs et qu’ils devaient payer. Pauvre jeune imbécile ! J’étais peut-être comme lui, à son âge, quand m’émerveillait encore le rêve américain mais j’ai fini par comprendre sur combien de cadavres ce rêve était construit et combien il en réclamait encore chaque jour.
Le système que vous avez construit impose aux citoyens de payer des intérêts non seulement sur leurs propres emprunts, mais aussi sur celui des entreprises qui les répercutent dans leurs tarifs et sur ceux de l’Etat, alors qu’aucun de ces intérêts n’est justifié.
Le système que vous construit impose aux honnêtes gens d’entretenir votre service policier, votre système judiciaire et pénitentiaire, totalement incapable de freiner le crime et uniquement destiné à sauver les apparences.
Par définition, les escrocs, les voleurs, les gangsters, les travailleurs au noir ne paient pas l’impôt. Comment s’étonner que ceux qui le peuvent quittent le navire et laissent un fardeau encore plus lourd sur les épaules des plus humbles ?
Vous appelez « civilisation » cette société hideuse qui cloisonne les gens chez eux dans un individualisme et un égoïsme valorisés par le système ? Mais les sociétés d’Afrique noire sont bien plus conviviales : pas de homes pour les vieux car ils sont pris en charge par la famille, pas d’isolés car les relations sociales sont beaucoup plus faciles et nombreuses et donc beaucoup moins d’agressions pathologiques à caractère sexuel car, en dépit de leur pauvreté, les gens sont mieux dans leur peau.
Quant à l’Islam, où la femme jouit effectivement d’un statut inférieur, l’Islam au nom duquel des « fous de Dieu » se livrent effectivement à des actes de terrorisme, l’Islam, lui condamne les intérêts sur l’argent, responsables de millions de fois plus de morts.
Alors, Monsieur Guéant, ne parlons pas de civilisations, parlons de barbarie et sachez que de toutes les barbaries, la vôtre, la nôtre est la pire.
Vers une vraie civilisation
Le système économique est le cœur d’une civilisation puisque c’est lui qui irrigue tous les membres de la communauté humaine. Un système économique construit le biotope propice à l’adoption de l’un ou l’autre comportement.
Le biotope créé par votre système est favorable aux mafias et préjudiciable aux honnêtes gens. Car le maître mot est « rentabilité » et non « l’utilité sociale ».
Quand une infirmière, un pompier ou un instituteur croise en rue un banquier, un ministre ou un trafiquant, le respect n’est pas du côté où la morale l’attend.
Pourtant les trois premiers s’occupent de ce que nous avons de plus cher : notre santé, notre vie et nos enfants et ils le font, les pompiers au risque de leur vie, pour un salaire dont ne se contenteraient pas les trois derniers cités.
Le ministre, ne vous en déplaise, est beaucoup moins utile à la société qu’un éboueur. J’en veux pour preuve que la Belgique a pu se passer de gouvernement pendant 450 jours et qu’une grève des éboueurs d’une telle durée eût incontestablement provoqué une pandémie propre à décimer la population. De plus, comme je l’ai montré plus haut, la plupart des ministres ont trahi les électeurs. En mettant les choses au mieux, ils sont utiles à une partie de la population et nuisibles à la majorité.
Le banquier lui, prête de l’argent qu’il n’a pas et réclame des intérêts injustifiés puisque l’argent du crédit est de l’argent nouvellement créé en prenant en garantie des richesses réelles dont l’argent n’est qu’une contrevaleur symbolique. Le système des intérêts est conçu pour qu’il soit impossible que tout le monde rembourse et pour transférer ainsi un maximum des richesses entre les mains des financiers. C’est donc un nuisible, comme du reste le spéculateur qu’il est également. A la bourse, les actions des entreprises qui licencient, restructurent ou délocalisent montent, celles des entreprises qui conservent leur personnel baissent.
Le trafiquant, selon la nature de son trafic, est nuisible à plein temps mais devant le banquier ou le ministre, il pèse plus qu’une infirmière, un instituteur ou un pompier.
Alors, Monsieur le ministre, et vous avez compris pourquoi j’ai mis une minuscule, si vous voulez avoir une petite idée de ce que pourrait être une véritable civilisation, accordez-moi encore cinq minutes car je ne suis pas du genre à critiquer sans savoir de proposition alternative.
Abandonnez l’Euro ou faites-en une monnaie non capitalisable, uniquement électronique. Ce n’est pas le diable que d’offrir à chaque membre de l’Union européenne une carte à puce et un lecteur de cartes individuel pour permettre les transactions.
Ajoutez à cette carte une deuxième monnaie, que je nomme robin en référence au héros légendaire, qui mesurerait l’utilité sociale comme l’euro ou la monnaie qui le remplacerait mesure la rentabilité et promulguez une loi obligeant à acquitter pour tout achat de bien ou de service un prix de vente dans les deux monnaies.
Accordez en monnaie sociale une allocation universelle à tout être humain de sorte qu’il puisse couvrir tous ses besoins de base et définissez ensuite des niveaux de rémunération en robins proportionnels à l’utilité sociale de chaque entreprise et fonction. Placez le pompier tout en haut de l’échelle avec les sauveteurs qui risquent leur vie pour sauver celles des autres, puis les chirurgiens, les médecins, les infirmières, puis tous les services qui viennent en aide à la personne humaine dans un moment de fragilité, puis tous les services ou commerces indispensables, plus haut que les services et les producteurs de luxe et placez les politiques et les banquiers tout en bas de l’échelle, à peine plus haut que le montant de l’allocation universelle.
Fixez les prix en robins des biens de consommation et services en fonction du prix du marché avec une décote de 50% pour les produits et services de base et une surcote de 50 à 200% selon le caractère luxueux, polluant ou dangereux du produit.
Accordez des robins pour la création d’emplois, retirez en pour la destruction d’emplois, accordez des robins aux bénévoles effectuant des tâches utiles à une frange défavorisée de la population ou au sein d’une association à caractère social, écologique ou humanitaire en ce compris tous les bénévoles qui forment des jeunes dans les clubs sportifs ou artistiques. Retirez des robins aux condamnés en justice pour préjudice causé à autrui.
Accordez des robins pour les dons aux plus démunis et aux associations qui en ont la charge, pour le financement d’activités non rentables des chômeurs au bénéfice des populations qui en ont besoin et vous verrez se créer une multitude de petits services qui rendront la vie beaucoup plus conviviale.
Récompensez en robins la remise de dette aux personnes ou nations en difficulté afin de leur permettre de refaire surface sans préjudice pour le prêteur.
N’accordez pas de robins aux personnes morales comme les sociétés anonymes et les associations mais autorisez les, pour leurs dépenses, d’utiliser les robins de leurs actionnaires et de leur personnel, sans toutefois les en déposséder mais autorisez aussi ces actionnaires et ce personnel à faire opposition à l’utilisation de leurs robins s’ils sont en désaccord avec leur utilisation car la liberté ne va pas sans responsabilité.
Trop souvent, sous le couvert de l’anonymat, des entreprises sacrifient à leur rentabilité la santé de populations et l’écologie de la planète. Ou bien elles lancent une arnaque, se font condamner mais les actionnaires repartent avec leurs dividendes et créent une nouvelle nuisance ailleurs alors que la première n’est pas encore réparée.
Si vous faites tout cela
Tout cela, Monsieur Guéant, ne coûte pas grand-chose. L’argent, qu’il s’agisse d’euros ou de robins, se crée en deux lignes sur un ordinateur. L’euro continuerait à se créer par le crédit mais sans intérêt et dans des conditions strictes pour éviter l’inflation. Il n’y a pas d’inflation si le crédit est octroyé pour créer ou acquérir une nouvelle richesse. Aucun problème pour les crédits d’investissement ou le crédit à la consommation. Ni pour entretenir le fonctionnement de l’Etat ou l’ensemble du dispositif social car la rentabilité à long terme a autant d’importance, sinon plus, que la rentabilité à court terme responsable de tous les abus que nous observons aujourd’hui.
Si vous suivez mes conseils, vous réduirez considérablement la spéculation, la criminalité, les trafics en tous genres, la fraude, l’évasion fiscale et le travail au noir sans même avoir besoin de leur faire la chasse aux frais du contribuable.
Tout simplement parce que les titulaires de revenus inavouables n’auront pas les robins correspondants à leur pouvoir d’achat en euros et donc ils n’auront pas de pouvoir d’achat sauf à dépenser la moitié de leurs avoirs mal acquis à créer des emplois utiles, à financer des activités de chômeurs en faveur de personnes dans le besoin, ou à faire des dons aux plus démunis.
Si vous faites ce que je vous propose, les contribuables honnêtes n’auront plus à payer d’intérêts sur leurs emprunts, ni ceux des entreprises, ni la part d’intérêts bancaires dans la dette publique, ni une grande partie des frais consacrés aujourd’hui à la traque des mafias, voleurs, escrocs, fraudeurs ou travailleurs au noir, ni une grande part des frais pénitentiaires, ni même une bonne part de la solidarité sociale parce que vos prisons se videront par simple dissuasion liée à la non rentabilité des actes inavouables et parce que la couverture sociale sera assurée pour une bonne part à ceux qui, maintenant, échappent encore à l’impôt.
Vous constaterez un recul important de la pauvreté, un important boom économique, des progrès immenses dans la dépollution et la lutte contre le réchauffement climatique et surtout, oui, surtout, un changement profond dans les esprits parce que chacun intégrera la notion d’utilité sociale de la même manière que chacun a intégré le besoin d’avoir de l’argent.
Cette société, enfin conviviale, où pour s’élever, il faudra non seulement réunir de l’argent mais aussi avoir fait preuve d’une grande utilité sociale devrait enfin nous apporter des politiques à la hauteur des attentes de la population.
Il y fera bon vivre car chacun pourra y trouver sa place ou l’aide adaptée à ses besoins, parce qu’un pont horizontal se créera entre riches et pauvres, les premiers ayant besoin de robins et les autres d’argent.
Bref, appliquez cela et vous aurez une idée de ce qu’est une véritable civilisation.
Le robin, la garantie d’une société plus humaine La monnaie du partage
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