TPMP ou le syndrome de glissement
La rentrée est plus que compliquée pour Touche pas à mon poste. Si l’émission-phare de C8 s’est dotée d’un tout nouveau plateau, le programme a vu ses audiences s’effriter en raison de l’arrivée, entre autres, de Quotidien sur TMC. Pendant que Yann Barthès fait presque l’unanimité, Cyril Hanouna alterne entre petites humiliations et grand barnum autocentré…
6 ans et demi après son démarrage sur France 4, et 4 ans après son arrivée sur D8, voilà désormais le show Hanouna sur … C8. Pour fêter cette vraie-fausse nouvelle chaine du groupe Canal, l’animateur-producteur a enfin réalisé ce qu’il promettait depuis des lustres : offrir un nouveau plateau à son bébé Touche pas à mon poste.
Le timing peut sembler surprenant, tant cette évocation d’un décor plus grand et plus spacieux était devenue une sorte d’arlésienne au fil des ans. A partir du moment où TPMP a basculé de l’émission médias à celle de pure divertissement en 2013, peut-être aurait-il été plus judicieux d’accomplir cette modification dans la foulée.
Toujours est-il que dans cet écrin gigantesque, évoquant paradoxalement de la froideur (mais en mode Hanouna Sardine Club), le téléspectateur est littéralement épuisé par la dizaine de chroniqueurs aboyant et se coupant la parole une heure et demi durant. Le conducteur ne tenant, c’est le cas de le dire, qu’à un fil, le nouveau plateau met un peu plus en exergue le véritable « boxon » qu’est devenu le programme au fil des ans.
Une concurrence qui s’affirme de plus en plus fort
Il faut dire que que l’animateur-producteur a voulu voir les choses en grand pour relancer la machine. Car le premier semestre 2016 avait été plutôt décevant pour le programme, puisqu’il avait été pour la première fois depuis sa création synonyme de baisse d’audience. Qu’il semble loin le 28 janvier dernier, lorsque TPMP réalisa sa meilleure audience historique avec 1,94 millions de téléspectateurs. L’enquête de Society puis le départ précipité de Bertrand Chameroy avaient ensuite laissé des traces, laissant le programme finir la saison en dessous du million et demi de fanzouzes quotidiens.
Il était donc dit que l’hégémonie de Touche pas à mon poste, qui avait notamment eu à l’usure Le Grand Journal de De Caunes puis de Biraben, connaitrait un jour ou l’autre le retour du bâton.
Yann Barthès, transfuge de Canal justement, sur TMC, est directement rentré dans le match, et a été immédiatement au rendez-vous des audiences avec son Quotidien, programmé quasiment à la même heure. Voilà les deux émissions chaque jour au coude-à-coude, aux alentours des 5% de part de marchés, dans une fourchette oscillant entre 1 million et 1,2 millions de téléspectateurs.
Ce qui aurait été un échec l’an passé est désormais devenu le pain « Quotidien » d’Hanouna : ne pas dépasser les 1,3 millions. Adieu le leitmotiv des 2 millions, Good Bye Las Vegas….
Si Hanouna garde pour le moment la main (de peu, et en raison d’une émission terminant plus tard que celle de Barthès), il est néanmoins incontestable que la fuite de ses téléspectateurs depuis janvier n’a pas dû aller de pair avec les désideratas de son ambition dévorante. Car un tiers de téléspectateurs égarés en 9 mois, à la télévision, ça s’appelle un seuil d’alerte.
Un patron qui insulte encore
Si Cyril Hanouna avait promis, en fin de saison dans un interview au Monde, que TPMP redeviendrait une émission davantage axée sur l’analyse médias, il n’en a rien été dans les faits depuis la rentrée. Le programme reste un show uniquement construit par et pour lui. En témoigne encore le prime spécial pour son anniversaire le 22 septembre, qui n’a d’ailleurs pas franchement intéressé le téléspectateur lambda, avec une audience à seulement 6 chiffres (992 000 paires d’yeux).
Néanmoins, Touche pas à mon poste ne peut pas exister sans Cyril Hanouna, comme en témoigne le piteux score du TPMP avec Enora Malagré à la présentation le vendredi 23 septembre : 750 000 téléspectateurs !
Indissociable de son émission, qu’il porte véritablement à bout de bras tant les chroniqueurs semblent être devenus, au mieux des passeurs de plat, ou au pire des singes hurleurs, Hanouna le patron « hystérique » (tel que décrit dans le papier de Society en mars) continue de temps à autres à franchir la ligne jaune en public. Mardi 27 septembre, c’est Mathieu Delormeau, comme souvent, qui s’est fait insulter en public et en direct, sans que l’assistance ne bronche. Celle-ci n’a en effet pas d’autre chose à dire que « merci patron »…
Le patron, lui, est néanmoins à la merci des audiences, tant il en est obsédé. Mais la chute d’audimat inexorable de 2016 tend à indiquer que les téléspectateurs, lessivés par ce gigantesque barnum sans queue, mais avec une seule tête, sont allés voir ailleurs si Hanouna n’y était pas.
Baba l’a eu, partiellement, dans le baba, mais abreuve ses fanzouzes de mots doux sur les réseaux sociaux, comme pour conserver sa garde rapprochée jusqu’au bout.
Entre insultes et câlins, Hanouna souffle donc le chaud et le froid. De son TPMP, il est à la fois la limite et la bouée de secours, ce qui est autant sa force que sa faute.
Après s’être un peu trop longtemps regardé dans le miroir, peut-être serait-il temps pour lui de regarder plutôt par la fenêtre ? Il y verra peut-être des gens simples, ses anciens téléspectateurs, qui ne demandaient pas forcément à s’en aller. Mais qui n’en pouvaient peut-être plus de voir un homme autant se laisser aller.
Gwendal Plougastel
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