Traitement médiatique des victimes, l’arbre qui cache la forêt
C’est la nouvelle mode, un incident arrive, les sphères médiatiques et politiques s’en emparent ; et après ?
C’est la nouvelle affaire médiatique de la semaine, après les pédophiles, les chiens, ce qui est exposé actuellement, c’est simplement la vie dans certains quartiers en France.
Les faits sont simples, un patron de supermarché s’est fait agresser à trois reprises depuis qu’il a repris un magasin le 6 juin. Il refuse de céder aux intimidations et en plus il porte plainte. Ce sont malheureusement des situations qui se généralisent dans certains endroits en France. Seulement ce monsieur a été pris dans un tourbillon médiatique qui le met aujourd’hui en danger. En effet de simple victime, il est devenu aujourd’hui presque un symbole. Un symbole de la délinquance ordinaire dans les quartiers. Du coup il a été reçu au ministère de l’Intérieur devant les journalistes qui relaient l’information partout.
Ce monsieur a bien du courage car il est vrai qu’aujourd’hui en France ce qui règne le plus face aux agressions, ce n’est souvent même plus de la peur mais de l’indifférence. Ce commerçant ne se rabaisse pas, il porte plainte, les agressions continuent, on peut s’interroger sur l’action de la police, mais lui il continue à ouvrir son supermarché et à porter plainte. Comportement on ne peut plus normal, même courageux pour un homme qui en est à sa troisième agression. Cependant, depuis que cette personne est visible médiatiquement, les menaces se sont faites plus graves, maintenant c’est la mort qu’on lui promet.
Dès lors plusieurs questions se posent.
Quel traitement des victimes aujourd’hui en France ? Les agressions aux personnes sont en augmentation constante en France selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur. Pourquoi parmi toutes ces agressions ce monsieur a-t-il été choisi, il y a sans doute malheureusement beaucoup de cas identiques en France ? De plus pourquoi est-on actuellement dans une dérive médiatique et politique où on s’empare d’une victime pour en faire un étendard médiatique de la lutte contre le crime ? Est-ce cela redonnez leurs vraies places aux victimes ?
Plusieurs exemples sont frappants en ce moment, la présence de personnes handicapées à la garden party du président. Ca a fait parler mais rien n’a changé pour eux. L’affaire avec Enis où on peut se demander comment cet enfant va pouvoir vivre maintenant que la France entière sait ce qu’il a subi.
Aujourd’hui ce monsieur où la dérive s’accentue, son exposition médiatique le met maintenant en danger de mort. Quand on regarde le contexte de ses agressions, on pouvait deviner que si on le mettait en avant, il serait en danger. Du personnel au niveau du ministère de l’Intérieur devait s’en douter. Est-ce que le nouveau traitement des victimes en France vise à mettre en danger les personnes qui ont déjà souffert ?
Je ne pense pas que pour une personne victime d’un acte
délinquant passer à la télé ou être reçu par un responsable soit la réponse
qu’il attend. Une victime attend que son agresseur soit jugé et que justice lui
soit rendue.
Aujourd’hui le résultat de cette exposition pour ce commerçant est qu’il est mis sous protection judiciaire. Ségolène avait promis de faire raccompagner les femmes policières par leurs collègues, ce gouvernement le fait, mais jusqu’à quand ?
Quand ce monsieur sera oublié, délaissé par la sphère
politico-médiatique, on relâchera le dispositif policier, seulement, il est
probable que les personnes l’ayant agressé n’oublient pas. Car si nos
gouvernants aiment bien faire de grands discours sur la banlieue, ils n’y
vivent pas, ce monsieur y est tous les jours et c’est lui qui risque de faire
les frais de ce déballage médiatique.
Après une autre question m’interpelle, comment une telle situation est possible en France ? Le gouvernement précédent nous avait promis une baisse de la délinquance, qu’il n’y aurait plus de zones de non-droit. De nombreuses lois ont été prises pour lutter contre cette délinquance. On nous annonçait à chaque fois que ça y est maintenant c’est la bonne, tolérance zéro on allait voir ce qu’on allait voir.Pourtant ça continue, la situation ne s’améliore pas, pourtant les juges sont de plus en plus répressifs et les quotas de gardes à vue et d’arrestations sont respectés. Et si c’était pas la répression des actes le problème, mais leur signalement. Le problème qui émerge selon moi à travers ce fait divers, c’est que les gens ne parlent plus aux agents chargés d’assurer leur sécurité. Parler à la police c’est s’attirer plus d’ennuis.
Je me rappellerai toujours d’une réunion sur la délinquance à ma mairie. Beaucoup de gens se plaignaient, ils savaient que des choses se passaient, ils le voyaient. Seulement porter plainte non, aller à la police non. Je ne jette pas la pierre à ces personnes, je m’interroge sur la place que la police a aujourd’hui en France. On est plus méfiant envers elle qu’envers la délinquance. La police ne peut faire son travail que si la population ressent le bien-fondé de celui-ci. Il y a une distance entre la police et les citoyens et une incompréhension qui se creuse.
Ainsi la montée de RESF, pourquoi la police passe son temps
a vouloir expulser des enfants alors qu’il y a plein d’autres actes à punir ?
Pour la situation des cités c’est un peu pareil, on en a sorti la police, on a laissé le terrain à une minorité de délinquants. On a fait sortir la police des banlieues dites à risque, il faudra bien l’y renvoyer un jour mais la reconquête des banlieues sera dure à n’en pas douter.
Alors si au lieu de papillonner à la télé et d’exprimer la compassion aux victimes on laissait les différents acteurs faire leur boulot ? Si on permettait à la police de se concentrer sur les actes de délinquance, ce qui est du travail de long terme, car ça prend du temps de réunir des preuves suffisantes contre des dealers plutôt que de faire du chiffre à tout va ? Si on faisait de nos prisons des lieux de réinsertion plutôt que des lieux de récidive ? Si au lieu de faire de nouvelles lois on appliquait correctement celles existantes ? Si on arrêtait les effets d’annonce pour se concerter réellement sur les problèmes ?
Peut-être, je dis bien peut-être, qu’on aurait des résultats plus probants.
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