Transition énergétique : 60 millions d’emplois à la clef
L'Organisation internationale du travail chiffre à 60 millions les créations d'emplois potentielles dans le secteur du climat et des énergies renouvelables. Un argument de plus en faveur de la transition énergétique à moins d'un mois de la tenue de la COP21, la Conférence mondiale sur le climat, à Paris.
L'économie verte : génératrice d'emplois
L'économie verte a de nombreuses vertus, dont celle de créer de nouveaux emplois. « La transition vers une économie verte décarbonée est une opportunité de créer des emplois, de réduire la pauvreté et les inégalités sociales », avance Cyril Cosme, directeur du bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) à Paris. Des dizaines de millions d'emplois verts ont déjà été créés et le rythme s'accélère. Le nombre d'emplois dans les énergies renouvelables a doublé en quelques années seulement et enregistre une progression de 21 % par an. Au total, 5 millions de personnes travaillent actuellement dans ce domaine. Autre exemple : à l'échelle de l'Union européenne, 14,6 millions d'emplois directs et indirects ont été créés pour la réhabilitation des ressources naturelles et la forêt.
Si la COP21 arrivait réellement à un accord contraignant pour les parties, la transition énergétique pourrait s'accélérer et entraînerait dans son sillon la création de millions d'emplois au niveau planétaire. Les pays en voie de développement ont beaucoup à y gagner. Au Bangladesh, l'installation de panneaux photovoltaïques en zones rurales dans le cadre d'un plan décennal de développement a amorcé un vrai cercle vertueux pour la croissance locale. « Cela favorise l'entrepreneuriat, des femmes ont été formées à la pose de panneaux solaires et l'émergence de vrais emplois formels » explique Cyril Cosme.
« Aucune stratégie concernant une transition responsable »
La transition énergétique nécessitera des investissements colossaux pour atteindre les objectifs que la France s'est fixés. Au niveau mondial, l'agence internationale de l'énergie (AIE) estime à 205 milliards d'euros les investissements dans les énergies renouvelables chaque année d'ici 2020. Pour Sébastien Blavier, de Greenpeace France, « ces investissements sont rentables sur le long terme grâce à d'importantes économies réalisées sur l'énergie et en carburant ».
Dans le domaine de l'électricité, le pas à franchir reste énorme pour atteindre une consommation propre. En avril dernier, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) estimait qu'une France avec une électricité 100 % issue des énergies renouvelables était possible. Pourtant, la part des renouvelables dans la consommation d'électricité française était estimée à seulement 19,5 % en 2014. « Il n'y a aucune stratégie concernant une transition responsable vers les énergies renouvelables. On ne va pas assez vite et on s'entête avec un modèle ultra centralisé. Le tableau est surprenant avec des États schizophrènes qui font la promotion d'un nouveau système tout en soutenant l'ancien », déplore Sébastien Blavier.
La France mise sur les smart cities
Pour l'heure, la France concentre ses efforts sur le développement de nouvelles technologies de smart grids et smart cities, vers une consommation d'énergie plus responsable et plus intelligente. Le déploiement de compteurs communicants dans 35 millions de foyers devrait être un premier levier pour l'emploi. L'installation du compteur Linky commencera dès le mois prochain et se poursuivra progressivement jusqu'en 2021. Sa généralisation devrait générer près de 10 000 emplois induits au niveau national selon ERDF. Le fabricant de solutions numériques pour les réseaux électriques intelligents ZIV (entité du groupe Crompton Greaves - CG), chargé de la première chaîne de production, parle d'un « pari sur l'avenir » : « Nous avons investi 7 millions d'euros, ce qui représente un gros investissement pour une société comme la nôtre avec 2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est un pari, il faut qu'il réussisse. Nous croyons au marché français », a annoncé Laurent Demortier, PDG de CG, en glissant : « Il ne faudrait pas que le smart grids soit le Minitel de demain ! ».
C'est la zone industrielle des Vouillants, à Fontaine, dans l'Isère, qui a été choisie pour accueillir le hangar de production de 1 300m². 200 emplois directs et indirects ont déjà été générés via le recours à trois sous-traitants locaux : K-Plast à Saint-Marcellin (Isère) pour l’injection plastique des capots, Cofidur EMS à Laval (Mayenne) pour l’assemblage des câbles électriques et Easi 38, une entreprise adaptée de sous-traitance industrielle à Seyssinet-Pariset (Isère) pour le montage.
Selon Ségolène Royal, Linky marque « une première étape vers des systèmes intelligents de gestion de la consommation d’électricité ». La version gaz du compteur communicant, baptisée Gazpar, devrait quant à elle être lancée bientôt. 11 millions de compteurs seront déployés à l'horizon à 2021, ce qui devrait créer plus de 1300 emplois directs en France.
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