Transition énergétique : une belle idée mais peu de concret
Depuis quelques années déjà, les pouvoir publics se sont rendu compte d'une chose que le savoir populaire avait déjà découverte dans les années 70 : tel quel, le monde court à sa perte. Surconsommation, déforestation et surtout politiques peu écologiques et énergie sale font partie de notre quotidien. Plusieurs gouvernements, dont celui de François Hollande, ont donc lancé des politiques pour l'énergie verte.
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En France c'est Ségolène Royal qui a entériné tout ça en 2015 avec sa loi sur la transition énergétique qui vise à réduire de 50 % la consommation énergétique de la France à l'horizon 2050 (par rapport à 2012). Un objectif ambitieux ? Pas vraiment...
L'énergie renouvelable encore trop peu considérée
Tous les spécialistes sont concordes : pour que le monde, et donc la France, puisse être viable pour les générations futures il faut que l'énergie renouvelable soit au plus vite la seule source d'énergie utilisée. Et la France est loin du compte : les énergies renouvelables ne représentent que 8 % du mix énergétique du pays (18 % environ quand on parle de mix électrique).
Pour le mix énergétique, difficile de faire quelque chose à court terme : la consommation de gaz dans les foyers, le carburant pour les voitures ou encore les dépenses énergétiques des usines ne permettent pas de faire l'impasse des énergies fossiles. Mais concernant le mix électrique, c’est-à-dire les ressources utilisées pour produire de l'électricité, c'est beaucoup plus simple : il suffit de remplacer les centrales polluantes par des centrales renouvelables.
Dans sa loi sur la transition énergétique, Ségolène Royal n'a pas fait l'impasse sur le sujet... mais c'est loin d'être satisfaisant ; car si selon cette loi en 2030, 40 % de la production électrique devrait venir de source renouvelable, la part belle est encore faite au nucléaire qui ne passe que de 73,3 % aujourd'hui à 50 % en 2025.
Malheureusement pour le gouvernement, un rapport de l'ADEME publié par Mediapart début avril 2015 et que l'ADEME elle-même n'a publié que par la suite, montre que le 100 % renouvelable dans le mix électrique est tout à fait atteignable.
Renouvelable contre nucléaire : l'éternel combat français
Le rapport de l'ADEME est formel : à l'horizon de 2030 il est tout à fait possible d'obtenir un mix électrique composé entre 80 % et 100 % d'énergie renouvelable. Mais alors pourquoi Ségolène Royal veut maintenir le nucléaire ?
Il y a bien évidemment une question de gros sous et de lobby derrière cette décision du gouvernement. Il suffit de voir le coût du chantier de l'EPR pour s'en rendre compte : 9 milliards d'euros dépensés et un problème technique majeur que l'Autorité de Sûreté Nucléaire estime être en mesure de faire capoter le projet. Et surtout, comment Areva et compagnie pourraient survivre si seulement 20 % de l'électricité consommée dans le pays provenait de chez eux ?
Officiellement, le gouvernement a deux explications : d'une part garder le nucléaire permettrait de maintenir un prix de l'électricité bas et d'autre part la production d'électricité par des sources renouvelables serait moins stable car liée à des phénomènes météorologiques (soleil, vent, marées...). Manque de bol, les deux arguments tombent à l'eau.
Smartgrids et renouvelables font la paire
L'énergie électrique issue du renouvelable est-elle plus chère ? Pas selon l'Ademe, au contraire. Toujours selon le rapport publié par Mediapart (et dont on comprend de plus en plus pourquoi il n’avait jamais été publié), dans le cas d'une production électrique 100 % renouvelable, le prix de l'électricité baisserait dès lors que la part des énergies renouvelables dépasse les 80 % du mix électrique France. Ce sont donc non seulement la planète mais même les Français qui sont perdants dans cette histoire.
Reste l'argument de la stabilité du réseau et de la fourniture d'électricité. Il semble tenir la route : sans vent pas de production éolienne, sans soleil point de solaire... mais ces considérations se font sans penser que la technologie elle aussi évolue et que désormais les pays industrialisés s'équipent de réseaux électriques intelligents, appelés smart grids.
En France c'est ERDF qui s'en charge en ce moment même avec le déploiement du compteur intelligent Linky. Et la France est loin d'être le seul pays dans ce cas. Car les smart grids sont justement la réponse à cet argument du gouvernement concernant la stabilité du réseau électrique : en analysant en temps réel les besoins énergétiques des habitations, le réseau intelligent peut automatiquement gérer les flux et les besoins en électricité et détourner l'électricité de là où elle ne sert pas à là où elle sert. Et du coup le réseau est plus que stable, même si la production peut être moins importante à cause d'intempéries diverses.
Finalement, un constat saute aux yeux : avoir choisi de garder 50 % de nucléaire dans le mix électrique français n'est pas un choix dicté par la raison, la logique ou un argumentaire solide ; c'est un choix dicté par autre chose... l'argent peut-être ?
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