Transparence, Enfumage, Opacité
Stupeur et tremblements après l’affaire Cahuzac, bien que l’on ait pris soin de nous préciser qu’il s’agissait des errements d’un individu, la dérive personnelle d’un matelot rétif aux ordres du capitaine du pédalo, une espèce de loup solitaire de l’évasion fiscale, on allait voir ce qu’on allait voir.
Le chef avait tonné, fureur contenue mais détermination inébranlable en s’engageant aussi à ce qu’un projet de loi soit soumis au Parlement « dans les semaines qui viennent » pour « lutter de manière impitoyable contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés et assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires ».
Qu’a-t-on vu ? D’abord le patrimoine de l’exécutif dans lequel cohabitent les cigales comme notre ministre du Budget et des fourmis bien nées comme le locataire du quay d’Orsay. A peine, une dizaine de millionnaires et de vrais pauvres à la limite du surendettement avec de vieilles tires incapables de passer avec succès le contrôle technique
Le déballage patrimonial de nos ministres et sous ministres nous a bien plu mais en quarante huit heures on avait fait le tour. Un amuse-gueule distrayant certes, mais nous attendions avec fébrilité celui des députés, des sénateurs, des haut fonctionnaires et plus si affinités.
Et puis un avis de tempête est survenu, le capitaine du vaisseau ‘’palais Bourbon’’ et ses matelots qui naviguaient depuis des lieues en père peinards et qui ne sont pas des enfants de salauds se sont mutinés et ont menacé de jeter par-dessus bord le projet de loi initial s’il n’était pas amendé.
La manœuvre fut réalisée avec maestria par ces marins chevronnés habitués à voguer par temps de brume tout en évitant les récifs et ils trouvèrent fort opportunément la passe permettant de regagner le port sans encombre.
Ils rédigèrent alors sur le grand livre de bord un amendement prévoyant une déclaration de leurs patrimoines avec interdiction de les publier mais consultables par leurs concitoyens du département à la préfecture.
Ceux-ci devront garder un silence total sous peine de sanction pénale.
L’on suppose que l’Amiral en chef qui avait, lui-même lors de sa conférence de presse du 16 mai dernier, laissé aux parlementaires le soin de trouver une « bonne solution » entre souci de transparence et protection de la vie privée est satisfait.
En effet, cette loi de moralisation répond aux trois critères implicitement énoncés dans la suggestion présidentielle ci-dessus : transparence, enfumage, opacité.
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