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Transport et corruption aux frontières roumaines

Les chauffeurs roumains d’Eurolines trempent dans les combines.

Transport et corruption en Roumanie

Compte rendu express d’un voyage en car en Roumanie. J’ai acheté mon billet en France à Paris chez Eurolines avec l’espoir d’effectuer un voyage dans de bonnes conditions. Départ 8h du matin de Paris, arrivée en Roumanie vers 14h le lendemain, arrivée à mon lieu de destination trois heures avant l’heure annoncée, on ne s’en plaint pas.

Rien à dire sur l’équipement du car en lui-même, mais malheureusement inexploité, à l’exemple des toilettes, dites par les chauffeurs inefficaces, inutilisables, difficiles à nettoyer, car absence d’agents de service ce qui les oblige à les nettoyer eux-mêmes, donc rebutant à leurs yeux. Ce fut la même rengaine à l’aller et au retour et c’est systématique sur ce trajet. Le car s’arrête régulièrement, certes, mais... ce n’est pas ce que l’on attend surtout que j’ai été assurée que ces toilettes étaient fonctionnelles lorsque j’ai acheté mon billet. On paie pour tel ou tel service. Il en est de même pour une machine à café inutilisable ou l’air conditionné qui ne fonctionna pas la nuit ce qui rendit la chaleur étouffante. Un chauffeur prit même la liberté de fumer, car nous étions en petit comité, n’est-ce pas ?

Le car a fait un détour dans un pays limitrophe de la France pour récupérer des clients, cela aurait été une demande de l’agence Eurolines pour rentabiliser la course ! Soit, cela ne nous a pas mis en retard, mais aux dires d’un autre usager, ce genre de détour a fait rater une liaison en ferry à plusieurs voyageurs.

Avant de partir, le bruit a couru dans mon entourage qu’il existait la fâcheuse habitude de payer une espèce de droit de passage rapide à la douane entre la Hongrie et la Roumanie. Je me renseignai à l’aller auprès du chauffeur qui me confia qu’il s’agissait d’un montant d’à peu près 80 euros. J’en eus froid dans le dos d’être confrontée à ce genre de rançon qui ferait Robin Hood se retourner dans sa tombe. Pas de lézard à l’aller, trop peu de personnes, je le compris par la suite, on ne nous réclama rien.

Mais le retour me confirma bel et bien que les Roumains étaient encore paralysés mentalement par la peur des autorités, le spectre du père fouettard était perceptible, indéniable. Ce fut d’un grotesque inouï, ce genre de burlesque, spécifiquement roumain, de la mise en scène qui met à plat toutes les illusions sur l’Union européenne, la nature humaine dans toute la splendeur de sa diversité.

Le car était rempli en majorité d’ouvriers allant travailler en France, racontant parfois leurs mésaventures dans le travail, mais contents toutefois de gagner un peu plus qu’en Roumanie. A l’approche de la frontière, on fit passer un film vantant les mérites de la compagnie Eurolines, coup de pub... démoli un peu par les chauffeurs qui critiquèrent les fameuses toilettes. Hélas, pas besoin de les ouvrir ces toilettes, l’odeur pénétrante de chiottes était ailleurs.

Avec un ton très sérieux, un chauffeur nous avertit que le « protocole » à l’approche de la douane allait être mis en place, les voyageurs cotisaient pour ne pas être retardés par les éventuelles (!) fouilles de la douane qui découvriraient peut-être, je dis bien peut-être, des marchandises interdites, comme des produits alimentaires... Un voyageur fit la commission de se déplacer dans le car avec un sac transparent où figuraient des billets de dix euros, de cinq euros et des pièces. Les billets étaient- ils présents uniquement pour stimuler le sens de la coopération ? Je ne donnai rien, je ne transportais rien d’illégal, très peu de personnes firent de même, trois peut-être en tout, sinon à 80% tout le monde paya son écot. Je ne sais pas qui se partagea cette somme à la frontière. Sidérant de simplicité. En Allemagne, on évita une aire d’autoroute où il y avait une voiture de police, comme quoi... vous voyez, puisque vous avez payé, on ne va pas quand même vous mettre dans la m........ Mais un voyageur affirma que les Allemands avaient pourtant fait une fois arrêter un car venant de Roumanie, le fouillant plus de quatre heures et en faisant même payer une amende aux chauffeurs.

Eurolines pourvoit l’Europe en ouvriers « battus d’avance », prêts à accepter n’importe quoi, à ravaler leur dignité pour une paie dérisoire. A la place des cours de religion dans les écoles roumaines, des cours d’éducation civique !!!


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5 réactions à cet article    


  • c.d.g. 3 mars 2008 12:36

     

    L obsession des toilettes … typiquement féminin smiley

    Plus serieusement je vois pas ce qui vous permet de deduire de votre experience « Eurolines pourvoit l’Europe en ouvriers « battus d’avance », prêts à accepter n’importe quoi, à ravaler leur dignité pour une paie dérisoire ». Donner des pots de vin existe dans un grand nombre de pays (dont helas la roumanie). C est pas pour ca que vous devez tout accepter !

    En France toute sociétés voulant travailler avec une collectivité  locale était aussi rançonnée (j emploie le passe que pour être 100% sur de ce que j écris). Cf les affaires Mery de paris, urba …

    Est-ce pour dire que les dirigeant des sociétés payant des pot de vin (Bouygues par ex) sont battus d avance et prêt a tout pour un bénéfice dérisoire comme vous dites ???

    PS : il y eut récemment des cas en France de policiers arrêtant des taxis pour une infraction au code de la route imaginaire et leur demandant un petit pot de vin contre l absence de PV. Comme quoi la corruption ordinaire c est aussi ici …


    • Thelma Sanders Thelma Sanders 3 mars 2008 20:22

      oui l’obssession des toilettes...je ne le nie pas

      Presque 20 ans après le changement de régime politique qui était noyé dans la corruption, on en peut se résigner de voir persister ce genre de pratique, inutile de surcroît, car une fois les douaniers arrosés là-bas, rien ne protège des éventuels contrôles par la suite.

      Si vous me permettez, je ne crois pas que l’on ait raison de s’en ficher, si la société se gangrène par la corruption, on paiera pour tout et n’importe quoi, ce fut le cas en Roumanie dans le temps. La démocratie prend fin aussi avecune généralisation de la corruption.

      Vous comparez les pratiques de grands compagnies avec celles de petits ouvriers, moi, je connais peu les malversations à grande échelle, mais à l’échelle du petit ouvrier, celui qui courbe l’échine d’emblée, en acceptant la corruption, défendra ses droits difficilement. Il m’importe que l’ouvrier roumain gagne en dignité et en connaissance du droit.

       

       


    • Micheline 4 mars 2008 12:51

      Vous vous "indigniez" d’un état de fait qui dure depuis la création de la ligne par Eurolines (Atlassib pratique de même). J’ai pour ma part téléphoné plusieurs fois à cette Sté pour dénoncer ce "trafic" mais bien que connaissant ces agissements de la part de ses chauffeurs, elle s’en moque éperdument. Ce qui lui importe c’est la rentabilité de sa ligne !!

      J’ai eu a subir moi aussi le chantage à l’argent. A l’époque les chauffeurs ne demandaient que 5 € par voyage. Tous les Roumains se laissent "avoir" car effectivement ils ont tous quelque chose "à déclarer" et pensent ainsi éviter la fouille. Le car arrivant en 5ème ou 6ème position ne peut décemment passer avant les autres et nos roumains malgré l’argent déversé (5€ x 60 personnes : gain important pour les chauffeurs) sont bloqués quand même à la douane parfois plus de 6 heures comme ce fût dans mon cas. Et comme j’ai refusé de donner ces 5 € le chauffeur a "omis" de signaler mon transfert (que j’avais pourtant payé d’avance) de Bucarest pour Galati et j’ai dû prendre une chambre d’ hôtel à Bucarest et prendre le train le lendemain matin. 

      De plus et effectivement le bus s’arrête dans des lieux où sont déjà d’autres bus et d’autres personnes faisant la queue pour les WC, il est pratiquement impossible pour les derniers arrivants d’y avoir accès. Il faut choisir ou la restauration ou l’attente pour les WC car les chauffeurs n’attendent pas...

      Maintenant je préfère prendre l’avion - pour le même prix - en passant par un site internet Edreams ou GoVoyages : cela m’évite et de la fatigue et du stress. Actuellement on peut trouver des billets d’avion Charles de Gaulle/Otopeni pour 190 €..


      • Thelma Sanders Thelma Sanders 4 mars 2008 18:15

        Je vous remercie de vos réactions, il faudrait dénoncer cet état de fait jusqu’à ce que les autorités roumaines s’en saisissent réellement. C’est honteux pour l’image du pays. La marchandise illégale doit être souvent d’ordre alimentaire, ce qui est encore plus risible, il faut y renoncer au fur et à mesure, elle aura plus de goût à être mangée au retour dans le pays  !


      • romanul 4 mars 2008 13:30

        J’ai écrit un article ce matin que la rédaction refuse. Etrange leçon de démocratie. La censure existe aussi sur ce site. vive la liberté d’espression. Agora Vox populi non grata.

        Je penserai à vous faire la pub que vous méritez, expliquant bien votre mode opératoire digne des grandes années du bolchevisme..... !!

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