Traumatologie et rétablissement de l’ordre...
Au 21 janvier 2019, Checknews recensait : « 109 blessés graves parmi les gilets jaunes et les journalistes, dont 78 par des tirs de lanceurs de balles de défense, et au moins 15 victimes ont perdu un oeil. (...) La dénomination « blessé grave » est bien sûr subjective, et rassemble des blessures de nature et de gravité différentes : certaines personnes garderont des infirmités à vie (perte d’une main ou d’un œil) quand d’autres s’en tireront avec des cicatrices. Nous avons retenu comme blessures les membres arrachés, les organes ayant perdu leur fonction principale, les fractures, les pieds et jambes incrustés de bouts de grenades, les brûlures graves, mais aussi toutes plaies ouvertes au niveau de la tête. Les hématomes, parfois exceptionnellement vastes, causés par des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ou des coups de matraques n’ont pas été comptabilisés ».
La première victime éborgnée par un tir de « LBD », le lycéen Pierre Douillard Lefevre, remonte à 2007. Les blessures liées aux LBD qui s'apparentent aux blessures par arme contondante non pénétrante résultent de : la puissance de l'impact (200 joules) - du diamètre du projectile - de sa forme - sa dureté - sa déformabilité - de l'angle d'impact (yaw) - de la zone atteinte. Pour mémoire, Manurhin a produit dans les années quatre-vingt-dix, le MR35 en 5 coups qui tirait des projectiles en caoutchouc creux de 21 grammes d'un diamètre de 35 mm projetés à 130 m/s délivrant une énergie de 200 joules (88 J à 40 m) capable de pénétrer de 3 à 8 cm un bloc de gélatine 10 %. L'énergie cinétique est transformée en énergie mécanique, la décélération du projectile a un impact important sur la sévérité de la blessure. Celle-ci reste liée au type de surface, partie dure (crâne) ou molle (abdomen), et plus le temps de décélération est court, plus les dommages sont importants. La vitesse a un impact plus important que la masse. Si la masse est multipliée par deux, l'énergie est doublée, si la vitesse est doublée, l'énergie est quadruplée. Les ingénieurs ont recherché le maximum d'efficacité avec le minimum de risques grâce à la transmission de l'énergie cinétique sans pénétration du projectile dans le corps, oubliant de rapprocher le diamètre du projectile (40 mm) et son extrémité ronde avec celui de l'orbite de l'œil ! Il suffit d'une densité d'énergie de 0.1 J/mm2 pour léser la peau, et 0,03 J/mm2 pour entraîner une blessure irréversible à l'œil (Bir & Stewart) !
Chaque trauma a des spécificités qui se retrouvent au niveau de l'anatomie, de la peau, du squelette, du système musculaire, de la circulation et de la respiration. Un coup porté au niveau de la face ou du cou peut entraîner des fractures : du crâne - des vertèbres cervicales - du nez - dentaires - de l'os malaire (pommette) - de la mandibule - de l'orbite - du cartilage thyroïde - des lésions de l'œil (éclatement, décollement de la rétine, luxation du cristallin, perte de connaissance, paralysie, cécité, hémorragie) - de l'oreille (rupture du tympan, luxation des osselets, hémorragie interne, une surdité définitive) !
La peau est une enveloppe de protection mécanique d'une épaisseur de 7 à 9 millimètres qui nous protège contre les agressions extérieures et empêche la déperdition des fluides corporels. La peau est formée de : l'épiderme (4 mm d'épaisseur) sous lequel se trouve le derme qui renferme des nerfs, des vaisseaux et de nombreux petits muscles, l'hypoderme dans lesquels on a les vaisseaux et le compartiment lymphatique. Les parties profondes de la peau ont une épaisseur variable d'un sujet à l'autre.
Le squelette est composé de 206 os de trois types : les os longs comme le fémur, les os courts comme les vertèbres, les os plats comme l'omoplate. on dénombre plus de 100 types différents de fractures. Un « pliage » exagéré, une hyper-extension, un choc, une rotation peut être la cause d'une fracture du rachis et d'entraîner des lésions médullaires. Le crâne est constitué de 8 os qui couvrent le cerveau et de 14 os pour la partie antérieure du crâne et le visage. Chaque fois qu'un choc léger rencontre une suture, il y est partiellement absorbé. Si le coup est violent, le crâne résonne comme une cloche, les os se fracturent et une hémorragie cérébrale peut survenir.
Il existe d'une façon générale, des points douloureux aux endroits où la surface cutanée repose sur un plan osseux. La douleur est d'autant plus intense qu'au niveau d'un point se situe le trajet d'un nerf. Plus le nerf est gros, plus la douleur sera forte et persister jusqu'à deux semaines. Chez les personnes bien enrobées, les nerfs sont entourés d'une épaisseur de graisse qui les protège mieux des traumatismes. Si des éclats osseux déchirent le périoste, la douleur est intolérable. La douleur la plus forte peut masquer une blessure plus grave moins douloureuse ! Seul un médecin spécialisé peut définir si un traumatisme est mineur ou majeur ; la prise de certains médicaments (bêta-bloquants, anti- coagulants, etc.) peut compliquer le diagnostique.
Ce sont les muscles qui en se contractant sont à l'origine de la mobilisation de l'articulation. Le corps humain contient 570 muscles striés auxquels s'ajoutent les muscles lisses moins bien individualisés sur le plan anatomique. La tête et le cou comptent 170 muscles striés, chaque membre supérieur ou inférieur 50, et le tronc 200. Les muscles peuvent être le siège de lésions par étirement, pincement, écrasement, déchirure, torsion. Les muscles étirés violemment peuvent voir quelques fibres situées à leur point d'insertion sur un os céder (froissement), ou plusieurs faisceaux de fibres se rompre (déchirure musculaire).
Blessure à la tête ou au visage : en raison de la densité des vaisseaux circulant dans la tête, ces plaies saignent toujours abondamment et sont impressionnantes (un bol de sang soit 300 cc, couvre une surface de un mètre carré). Hémorragie extériorisée : le sang s'écoule par un orifice naturel : oreille, nez, bouche (crachats vomissement) cause pouvant être sans gravité ou le signe d’une fracture du crâne. L'hémorragie interne est liée à une rupture vasculaire dans une enceinte close. Hémorragie peut être plus dangereuse, car elle peut passer inaperçue à un non médecin ou se produire à retardement. Une perte de sang supérieure à deux litres peut entraîner la mort.
Toute action peut être à l'origine de lésions traumatiques et la nature des blessures et de leurs séquelles peuvent être très étendues allant de l'hématome à la fracture mortelle avec tous les états intermédiaires. Le terme de traumatisme englobe : l'ecchymose ou l'hématome - l'abrasion (frottement, trainage) - l'entorse - luxation - plaie ouverte (plaie simple ou complexe avec lésions des organes sous-jacents : os, tendons, nerfs, veines, artères, muscles, viscères) - arrachage - morsure (chien policier) - la fracture - la rupture vasculaire - une commotion cardiaque sans dégâts apparent - la compression (contention - pincement - suffocation) directe avec lésion interne indirecte et invisible - électrisation (pistolet impulsions électriques) - extensions - intromission d'objet - ligature (menottes trop serrées), etc.
Pour porter un coup, le fonctionnaire peut faire appel à une zone de frappe naturelle : pied, poing, coude, genou, tête ou à un objet contondant, BDPL, matraque, LBD, coup de tête casquée ! La contusion est due à un choc qui écrase la peau et les tissus sous-cutanés sur le plan osseux (hématome, bosse). La zone atteinte devient douloureuse, car le sang qui ne peut s'écouler exerce à cet endroit une pression sur les récepteurs à la douleur. Un coup tangentiel est capable d'entraîner une forme grave avec le décollement sous-cutané du plan aponévrotique avec arrachement des vaisseaux et épanchements.
Selon la nature du coup asséné : rapide, percutant ou appuyé les résultats sont différents. Un coup sec est capable de « sonner », voire d'entraîner de sérieux dégâts : traumatisme, lésions des muscles, des tendons, l'éclatement d'un organe, une fracture. Le fonctionnaire peut avoir aussi recours à la torsion (très douloureux sur poignet menotté), à la pression, au pincement pour comprimer, vriller les nerfs, les muscles, les tendons, les ligaments, en différentes parties du corps pour soumettre l'individu récalcitrant, actions capables de provoquer des douleurs importantes. La zone écrasée peut être le siège d'une hémorragie interne ou d'une fracture.
Un simple choc sur la carotide peut suffire à détacher une plaque d'athérome (cholestérol) et provoquer un accident vasculaire cérébral ! Des coups directs ou indirects dans la région abdominale et dorsale peuvent avoir des conséquences graves, voire mortelles. La cavité thoracique renferme de nombreux organes vitaux : cœur - gros vaisseaux - poumons - diaphragme - trachée, reins - la rate - le foie - La vésicule biliaire - la vessie - les viscères - le pancréas peut se retrouver comprimé entre le duodénum et les vertèbres lombaires et présenter une fissure. Un coup trop fort peut blesser l'aorte abdominale (paralysie respiratoire, perte de connaissance, mort). Une lésion de l'estomac ou du duodénum entraîne l'écoulement des sucs digestifs dans la cavité abdominale, avec dans les jours suivants état de choc, mort. Fracture vertébrale (coup, chute, torsion) : lésion de la moelle épinière. À noter que les organes pleins sont plus souvent lésés que les organes creux. Région pubienne : la fracture de la glande prostatique peut être due à une fracture de l'os pubien ou d'un choc dans la zone uro-génitale - lésions des testicules (syncope, parfois la mort).
Les brûlures peuvent être d'origine diverse : flamme, frottement, corps chaud, produit chimique (alcali, acide), liquide bouillant, vapeur. Selon la gravité du dommage subi, on distingue les brûlures au premier degré : rougeur douloureuse, au deuxième degré, les capillaires de la peau sont endommagés desquels s'échappe du plasma sanguin qui forme des cloques très douloureuses. quatrième degré, carbonisation de toute une région du corps. Les brûlures du troisième & quatrième degré sont dues à l'action prolongée avec destruction de l'épiderme, du derme, des vaisseaux, des nerfs, des glandes adipeuses. Une brûlure touchant 15 % de la surface du corps suffit pour provoquer un choc avec danger de mort.
L'électrisation ou électro-traumatisme (l'utilisation du pistolet à impulsions électriques est proscrite dans des opérations de MO/RO depuis 2014) qui engendre des contractions musculaires Notre corps se comporte comme une résistance électrique inconstante, elle ne dépasse pas 500 ohms pour les organes internes (viscères profonds, sang, masses musculaires), mais elle peut atteindre 100.000 ohms au niveau cutané. Une peau sèche a une résistance 100 fois plus élevée qu'une peau humide. Les effets de l'électricité sur l'organisme sont variables : 0,005 mA : seuil de sensibilité, picotement. > 15 mA : seuil de convulsions (tétanisation musculaire) qui peuvent êtres mortelles au bout de 3 à 4 minutes. > 50 mA : si le courant traverse le cœur, une durée de passage supérieure à 0,5 seconde peut provoquer une fibrillation du muscle cardiaque. > 80 mA : Seuil létal (fibrillation ventriculaire). Une issue fatale est possible. > 800 mA : appliqués sur le thorax pendant une seconde peut entraîner le décès.
Qu'il s'agisse d'un étranglement ou d'un étouffement (blocage de la respiration par un objet (matraque, bord du bouclier) ou par compression du thorax ), le mécanisme reste identique. En comprimant ou en écrasant les anneaux souples de la trachée-artère situés entre la pomme d'Adam et le sommet du sternum, l'on empêche l'air d'arriver aux poumons (étranglement respiratoire). En comprimant les carotides ou les veines jugulaires qui passent de chaque côté du cou, on arrête l'irrigation cérébrale ce qui a pour résultat d'entraîner la syncope. Si l'étranglement est maintenu, le cerveau est privé d'oxygène et les poumons ne parviennent plus à éliminer le CO2 qui va s'accumuler dans le sang pour finalement déclencher des troubles circulatoires et nerveux annonciateurs de l'asphyxie.
Selon la nature de la lésion et de son siège, les conséquences peuvent aller du simple malaise à la mort. Il existe quatre types d'urgences absolues : l'arrêt cardiorespiratoire - la détresse circulatoire - la détresse respiratoire - la détresse neurologique. Toutes les lésions : traumatisme crânien avec coma - hémorragie ou brûlures graves sont d'urgence extrême . Il y a risque de mort dans un bref délai.
La prévention primaire (les consignes) s'étant révélée insuffisante, les policiers armés de LBD vont expérimenter le port de la caméra piéton (prévention secondaire), la prévention tertiaire consisterait à utiliser les munitions du fabriquant..., et autoriser les manifestants au port du casque et lunettes de protection au lieu de les en priver. Une solution technique est possible, il suffit d'équiper le viseur électronique d'un logiciel de reconnaissance de visage (présent sur les appareils numériques) pour interdire tout tir non conforme en activant une sûreté. Quelle est la raison de ces tirs invalidants ? « En blesser un pour en terroriser mille »...
Les petites gens apprennent à se haïr, les enfants des gilets jaunes et ceux des fonctionnaires sont souvent issus des mêmes quartiers et appartiennent au même milieu social... Il ne doit pas « faire bon » d'être fils de fonctionnaire dans les cours de récrées ni de jouer au gendarme et au voleur. On y entend des enfants scander « Macron démission ». Une professeur de CE1 a rapporté : « On a été obligés d'interdire ces chants en leur expliquant qu'ils n'avaient pas à dire cela, qu'ils n'étaient pas encore électeurs ». Le mardi 22 janvier on a frôlé le drame. Un coup de feu a été tiré lors de la récréation dans la cour de l’école, Les Grès, à Moissy-Cramayel. L'auteur ? un élève de 7 ans qui avait subtilisé l'arme de son père policier !
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