Travaillez plus, devenez chercheur d’emploi
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Pour ces mineurs d’infortune au fond d’une mine désaffectée, les pierres précieuses étaient devenues rares. Malgré l’ingéniosité de ces corps torturés, maltraités, menacés, seul l’espoir les faisaient vivre des jours entiers jusqu’au lendemain. Cette mine qu’ils exploitaient avait jadis fait la fortune par milliards de quelques uns qui désormais faisaient partie des plus riches de ce monde.
Pétrole, or, diamants, topaze, soufre, cuivre, aluminium …
Ces petits, tels des oiseaux, picoraient les miettes. Beaucoup en mouraient, aucun ne survivait en bonne santé, tous y travaillaient beaucoup, beaucoup plus que ceux dont la mine avait fait la fortune.
Dans certains pays, tandis que les mineurs-chômeurs recherchaient la pierre précieuse-emploi du matin jusqu’au soir dans les mines désaffectées, désertées par les milliardaires, toujours plus encouragés à le faire sans réel espoir de la dénicher, ce plein emploi des chercheurs d’emploi tranquillisait la classe dominante. Ils avaient décrété qu’un chercheur d’emploi n’était pas nécessairement un trouveur mais un vrai professionnel, à temps plein, seul statut qui puisse perdurer d’une génération à l’autre dans ce monde nouveau sans emplois, et en assurer la stabilité.
Les chercheurs d’emploi ne songeaient plus depuis longtemps à profiter de loisirs, leurs heures hors recherche d’emploi et formations diverses et variées, destinées entre autre à faire baisser leur nombre artificiellement bien plus que de mettre à disposition de nouvelles compétences : la société n’en avait plus besoin, ils étaient trop nombreux ; leurs heures de loisirs dis-je, étaient utilisées à justifier l’aumône que leur faisaient les rares salariés de ce nouveau monde robotisé et leurs puissants dirigeants.
Seuls les Alpha, peu nombreux, travaillaient peu et remportaient la mise, persuadés qu’ils réalisaient un rêve humanitaire, car les loisirs les avaient amadoués : subvenir aux besoins des chercheurs d’emploi. Les Bêta avaient fini par les croire et acceptaient leur sort : chercher toujours plus un emploi qu’ils ne trouveraient jamais est la vraie pépite dans l’oeïl du chercheur.
Le sens de cette phrase est mal tourné, on reprend :
Seuls les Bêta travaillaient peu et remportaient la mise, persuadés […]. Les Alpha avaient fini par les croire et n’enviaient plus leur sort : dormir la bouche ouverte en recevant le pain béni. Il y avait beaucoup d’appelés et peu d’élus.
Cherchez, cherchez, vous ne trouverez pas et aurez donc toujours du travail de recherche.
D’autres sociétés, les plus nombreuses et moins prévoyantes, moins « éthiques », avaient tout simplement et sans s’en donner la peine, exterminé les sans-emploi, en les laissant croupir dans leur indignité. En France aussi, beaucoup qui s'épuisaient, mouraient sans un cri qui puisse éveiller les Bêta dormant la bouche ouverte, les yeux bandés, de Paris à Los Angelès, à Singapour. à Pékin …
Ô France, Pays des Droits de l’homme au chômage universel à plein temps !
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