Trêve hivernale : l’hiver ne connaît pas la crise
Trêve : nom féminin. Suspension temporaire, par convention, des hostilités. Pause, repos.
Chaque année en France, la trêve hivernale s’étend du 1er novembre au 15 mars de l’année suivante. Durant cette période, sauf cas particuliers (époux coupable de violences familiales…), un locataire ne peut être exclu de son logement.
Le terme de « trêve » n’est pas anodin à l’heure où trouver un toit et payer un loyer relèvent du combat quotidien pour une bonne partie des Français : en 2012, les locataires dépensaient en moyenne 35% de leurs revenus pour se loger (pour ma part, et je ne suis pas une exception, cela grimpe peu ou prou à 80%). Pour 56% des locataires, les dépenses de logement se font au détriment des dépenses de santé. Et les loyers n’ont de cesse d’augmenter : l’IRL (indice de référence des loyers) a progressé de 1,88% en 2012 (dans mon cas, environ 20 euros supplémentaires). Les profits locatifs ont explosé de 70% en une décennie.
Pendant ce temps, 1,7 millions de locataires cherchent à déménager en HLM, subissant des délais d’attente estimés à 5 voire à 10 ans. En Ile-de-France en 2011, 450000 demandeurs pour... 75000 logements. Parallèlement, on dénombre 6,8% de logements vides en France, avec des pics de 12, 13, 15% dans certaines grandes villes… Et combien de bâtiments entiers laissés à l’abandon ?
Aujourd’hui 12 mars 2013, Jean-François, SDF de 58 ans est mort de froid au pied d’un immeuble. Aujourd’hui 12 mars 2013, alors que la moitié du pays grelotte sous dix centimètres de neige, où en sont les réquisitions promises par Cécile Duflot pour fin 2012 ? Où en est l’encadrement des loyers quand on sait que celui-ci ne concerne que les logements à la re-location ? Où vont les Roms pour qui « trêve » semble un vain mot ? Cependant que tout augmente, le nombre de logements disponibles, les minimas sociaux et le SMIC, eux, n’évoluent pas...
Aujourd’hui 12 mars 2013, l’hiver et la crise ne semblent pas prêts de rendre les armes. Nul doute dans ces circonstances qu’imposer un blocage des loyers dans le public et un strict encadrement des prix dans le privé, avec pour objectif que les dépenses attribuées au logement n’excèdent pas 20% des revenus d’un foyer, serait assimilé à un diktat chaviste… Nul doute enfin que le droit au logement passe après la spéculation immobilière.
On ne « trouve » plus un logement, on le déniche, on le débusque ; on ne « paie » plus un loyer, on se saigne. Après, nous pouvons toujours essayer de donner de la voix, à l’appel de nombreuses organisations, samedi 16 à 15h (Paris, République). Aux actes !
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