Tripatouillage d’otages à la Squarcini
Non, franchement, ça suffit là, les Sarkozeries et les Squarcineries, les deux travaillant visiblement comme les deux doigts de la main (le troisième doigt s'appelant Guéant). Après l'épisode Merah, voila la manipulation Aqmi. Car, si vous vous souvenez un peu, il n'y a pas si longtemps que cela, celui que l'on surnomme le "Squale" censé être redoutable et redouté et que je commence de plus en plus à prendre pour un requin pélerin étant donné son appétit de pouvoir et sa balourdise, nous avait mis en garde. Après les salafistes, la palme du terrorisme passerait selon lui dans les jours qui suivent aux preneurs d'otages de l'Aqmi en plein Sahel, nous avait-il prévenu. Et qu'a-t-on vu arriver dans les rédactions sur les téléscripteurs ce week-end ? Je vous le donne en mille : une "vidéo" plutôt frelatée de deux des fameux otages sahéliens... Soigneusement choisis. A ce stade de la manipulation qui en fait la seconde en moins de 15 jours, bientôt l'équipe présidentielle va faire passer la triplette Rumsfeld-Cheney-Bush, jamais en reste d'inventer une histoire à faire peur à la populace lors de l'élection de 2004, pour des joueurs de bac à sable. Là, ce n'est plus gros, c'est énorme, c'est colossal... de bêtise crasse, cette annonce. Car en prime, "ils" sont assez idiots pour nous dire que... tout vient "d'eux" en fait !!!!
Le texte arrivé dans les rédactions est à lui-même à encadrer comme exemple pour les générations futures : "Les deux otages français enlevés au Mali en novembre dernier par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) apparaissent vivants dans une vidéo tournée le 22 février dernier dans laquelle ils demandent de l'aide à la France. Dans cette vidéo, qui a été transmise par les autorités burkinabées à Paris cette semaine d'après une source sécuritaire, Philippe Verdon et Serge Lazarevic s'expriment sur fond d'une toile de tente, vétus de boubous et de turbans".
N'importe quel crétin aurait relevé la date de tournage du document : le 22 février, soit il y a plus de sept semaines. Le moindre abruti de rédaction poserait simplement la question de savoir pourquoi elle n'est disponible que depuis hier. Ce à quoi les sbires squarciniens répondent dans le communiqué que ça n'aurait été transmis "que cette semaine" ... tout en précisant du fond de leur insondable bêtise que cela proviendrait, comme information sûre et fiable... je cite, "d'une source sécuritaire", dans laquelle tout le monde normalement constitué aura reconnu la DCRI... dont le patron est un certain Squarcini, rappelons-le. Révéler que l'on fait de la rétention manifeste de savoir, c'est avouer que l'on utilise un pouvoir... tout simplement. Voilà deux pékins instrumentalisés de plus, aprés Merah. Et voici révélé par la même l'insondable bêtise d'un Squarcini.
Une vidéo censée venir donc du Burkina Faso, où l'ambassadeur, quel hasdard, n'est autre qu'Emmanuel Beth, général de corps d’armée et premier commandant des forces françaises de l’Opération « Licorne » en Côte d’Ivoire, d’octobre 2002 à juin 2003, et celui qui a été aussi le Directeur de la Coopération de Sécurité et Défense au ministère des Affaires Etrangères. Un ambassadeur-général, voilà qui n'est pas très commun. Comme postier, semble-t-il il ne fait pas vraiment l'affaire, à laisser moisir des courriers importants dans ses sacoches de postier-ambassadeur. Un étonnant et rare général-ambassadeur nommé... exprès, il s'avère aujourd'hui. Pour des observateurs africains, la nomination du général-ambassadeur était en effet un "signal fort" envoyé par Sarkozy contre l'Aqmi : "D'un autre côté, on pense à la percée d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans la sous région et aux dénonciations faisant état de ce que l'émanation d'Al Qaeda ait déjà pris pied au Faso. La gifle prise par la France après l'exécution de Michel Germaneau, suivie des menaces explicites d'AQMI contre ses intérêts et ses ressortissants dans le Sahel, peut justifier ce choix de Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, au cours de la dernière conférence des Ambassadeurs, il n'a pas été elliptique à ce sujet en dévoilant les nouveaux habits de la diplomatie française par rapport aux prises d'otages. C'est le virage à 180°, l'adoption de la solution anglaise, de celle algérienne : plus de négociation. C'est le combat sans merci ! Dans ces conditions, qui mieux qu'un Général peut ici avoir le profil de l'emploi ?" indiquait en août 2010 AllAfrica. Faisant de la nomination au poste d'ambassadeur un général, chose rarissime, le signe d'une décision élyséenne à l'encontre d'Aqmi. "Plus de négociation", donc, alors que les otages affirment que c'est le moment d'en faire ?
Or, si on reprend reprend une déclaration du célèbre Bernard le squale pélerin effectuée le 1er avril dernier, juste après la rafle contre Forsane Alizza, les pieds nickelés du salafisme ragaillardis par une soudaine arrestation fort médiatisée : "selon Squarcini, le prochain dossier en lien avec des opérations terroristes et l’élection à venir en France sera l’affaire des otages français au Mali. « A mon avis, cela ne va pas tarder à entrer aussi dans la campagne », nous avait raconté Slate qui ne savait pas alors qu'il annonçait un prophétie qui allait se réaliser peu après. Tout le monde aura relevé la "coïncidence" fabuleuse : le 1er du mois, celui embarqué jusqu'au cou dans une affaire dans laquelle soit ses services ont lamentablement "merdé" soit ils s'étaient fait berner par un gamin toulousain borderline, était venu nous dire, "attendez, vous n'avez encore rien vu, ça va bouger bientôt ailleurs, dans le désert", et à peine deux semaines plus tard, bingo, sa prophétie se réalise... grâce à un enregistrement fait il y a plus de deux mois et que ces services n'auraient, paraît-il pas reçu auparavant ! Mais à qui va-t-il essayer de faire avaler la nouvelle couleuvre, de ce balourd-là ? Ce n'est plus un requin qui travaille à la "piscine", c'est un scaphandrier façon ancienne, avec casque lourd et surtout gros pieds de plomb ! Ou un prestidigitateur muni de poches cachées où il range ses cassettes vidéos ?
Vous en connaissez beaucoup vous de preneurs d'otages qui envoient des vidéos périmées, dans lesquelles leurs si précieux otages supplient de venir VITE les chercher ? Car le message contenu est clair il me semble : "'depuis trois mois, je suis ici dans le désert avec Aqmi dans des conditions extrêmement difficiles. (...) J'ai perdu énormément de poids', dit Philippe Verdon dans cet enregistrement que Reuters a visionné. 'Je suis dans un état d'affaiblissement très très important, je suis très inquiet', ajoute-t-il." Bref, en langage de prises d'otages, ça signifie clairement une supplique pour accélérer le paiement de rançon, ça tout le monde s'en doute. Alors imaginer le preneurs d'otages bande de sous doués au point de s'adresser à un facteur tellement idiot qu'il ne va pas transmettre tout de suite cette vidéo cruciale pour accélérer le mouvement, sort de l'entendement. Sont vraiment idiots, ces preneurs d'otage décidément : encore deux mois de régime intense et leur prise ne vaudra plus rien sur le marché de l'échange : elle sera hélas décédée. Remarquez, certains avaient tenté paraît-il de négocier la dépouille de Germaneau... Avait-on appris plus tard. Un Germaneau mort de maladie, très certainement, faute de bénéficier des médicaments dont il avait besoin. Pas exactement ce qu'on nous a vendu comme explication du côté gouvernemental. A l'occasion de la mort de Germaneau, l'Elysée en personne avait déjà soupçonné que la vidéo envoyée par Aqmi était un hoax : "les autorités françaises n'excluent pas que le montage vidéo diffusé par AQMI, le 14 mai, montrant M. Germaneau soit une manipulation, tout comme l'ultimatum adressé à la France le 11 juillet qualifié par M. Fillon d'"anormal" et d'"étrange". Mais cette fois-ci, aucun problème... elle serait bien véridique, nous dit-on. A un détail près, indiqué dans le message de "source sécuritaire" : personne à ce jour ne l'a vue, cette fameuse nouvelle vidéo... à part "l'agence Reuters", donné en seule garantie par le gouvernement.
En réalité, les français, pour en revenir au cas de Germaneau, s'étaient visiblement fait mener en bateau par les services secrets algériens, très actifs dans la région, selon l'anthropologue britannique Jeremy Keenan, spécialiste reconnu de la zone sahélienne. L'attaque du camp où il était censé se trouver avait été un bidonnage complet. Celui d'une attaque réelle, mais sur un objectif totalement différent : celui de passeurs de drogues locaux. "Selon lui, l'armée algérienne a participé à l'une des deux opérations conduites ce jour-là, tout en sachant que l'otage français ne s'y trouvait pas ou plus. Les accusations portées par Jeremy Keenan contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d'Algérie rejoignent les doutes exprimés par certains responsables français pour qui Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) « avance au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Ce qui n'a pas empêché, selon l'auteur, le gouvernement français de tomber dans un piège lourd de conséquences". Le raid français au Mali, le 22 juillet, en vue de libérer l'otage français capturé dans le nord du Niger en avril, et qui était détenu par Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), a été un désastre absolu. Il est clair, depuis cette date, que la France, la Mauritanie et l'Algérie, ont tout fait pour camoufler ce qui s'est réellement passé. Les Mauritaniens, aidés par les Français, affirment avoir découvert un campement jusque-là inconnu d'une cellule de l'Aqmi, dans le désert malien, à 150 km de la frontière mauritanienne. Des sources franco-mauritaniennes affirment que des photos indiquent que Germaneau pourrait s'y trouver. La France décide alors d'envoyer vingt ou trente de ses forces spéciales (commandement des opérations spéciales, COS),
y compris des agents du renseignement, pour accompagner les groupes spéciaux d'intervention mauritaniens pendant l'attaque. La version « officielle » souligne qu'il n'y a pas eu d'opération aérienne, que cela ne concernait pas la localité de Tessalit, et qu'aucune assistance américaine en renseignement n'a été apportée comme cela a pu être dit par ailleurs. Mais, une source mauritanienne fiable m'a indiqué par la suite que le camp attaqué n'était pas une base de l'Aqmi, mais seulement un bivouac de trafiquants. Un « nuage de fumée » pour une opération politiquement sensible".
Avec au milieu de l'attaque le sort du pauvre Germaneau : "Il y a des raisons de croire que l'otage français pourrait ne pas avoir été exécuté comme l'a affirmé l'Aqmi, mais pourrait avoir trouvé la mort plusieurs semaines auparavant. Il avait 78 ans, était fragile et dépendant de médicaments qui ne lui étaient pas fournis. La dernière « preuve de vie » reçue par les autorités françaises date du 14 mai. Selon des sources dans la région, il pourrait avoir trouvé la mort peu de temps après. Le seul témoignage concernant son exécution provient d'un dignitaire local qui a été impliqué dans des négociations antérieures dans des affaires d'otages, et qui est totalement discrédité. De plus, la nature très vague des demandes qui accompagnaient la menace d'exécuter Germaneau, le 26 juillet, ajoutée au fait qu'aucun négociateur n'a été mobilisé côté malien, comme pour des affaires précédentes, ont dû alerter les autorités françaises sur le doute possible à propos du sort de Germaneau". Un cas de figure embarrassant, avec au milieu un homme clé, plutôt inattendu étant donné son rôle en France : Claude Guéant ! "Cela me ramène à la question de savoir comment la France a eu des renseignements aussi erronés. Il est invraisemblable que les services de renseignement français n'aient pas été en contact avec la Sécurité militaire algérienne, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), à propos de l'opération projetée. Les deux services, français et algérien, ont des relations suivies, et on sait que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a rencontré le général Mohamed (Toufik) Mediène, le chef du DRS, le 20 juin à Alger." Que venait faire à Alger celui qui n'est encore que le secrétaire général de l'Elysée (il ne sera nommé ministre que le 27 février 2011) ? Et en quoi venait-il alors "consulter" le responsable des services secrets algériens ? Sinon en bon disciple de Charles Pasqua, aux liens si particuliers avec le DRS algérien...
En novembre 2011, un autre événement ravivera l'idée de manœuvres de l'ombre menées dans la région directement par le trio désormais habituel Guéant-Sarkozy-Squarcini : "un Français, négociateur dans la libération des otages enlevés en septembre 2010 par Aqmi dans le nord du Niger, a été blessé ce mercredi 23 novembre 2011, dans le nord du Mali. Selon les informations recueillies par RFI, cet homme aurait été légèrement blessé à l’épaule par des hommes armés dans la région de Gao. Il était accompagné d’un élu régional malien. Le Français blessé ce mercredi 23 novembre 2011 dans le nord du Mali n’est pas un inconnu en Afrique. Colonel de l’armée française, âgé de la soixantaine, il a été durant les années 2000, conseiller militaire du président tchadien Idriss Deby (*)." Visiblement, les journalistes savent déjà plein de choses mais n'osent pas dire le nom de l'individu.
C'est en fait Jean-Marc Gadoullet, un vieux de la vieille des services secrets, ancien de la DGSE ; section fort de Noisy à Romainville (dont fera partie le Le « 11e choc » qui interviendra à Ouvéa le 5 mai 1988) : "pour le compte du Service Action, pendant presque vingt ans, Jean-Marc Gadoullet a bourlingué, en Birmanie, dans les Balkans, en République démocratique du Congo et au Tchad, comme "soutien aux mouvements insurrectionnels ou à des structures de sécurité d’États alliés". "Un type solide, qu’on envoie dans des situations extrêmes", selon un ancien collègue" explique le JDD. En France, à ce moment-là, on a rien su dans la presse de cet entremetteur bizarroïde, un mercenaire ancien du SA au sein de la DGSE : "en 2009, son nom est cité dans la disparition de l’opposant Ibni Mahamat Saleh. Selon des proches, il est alors prié de quitter le service de renseignement (Direction générale de la sécurité extérieure) de la France. Il se reconvertit dans le privé mais continue à intervenir comme conseiller militaire, auprès de chefs d’Etat, notamment en Centrafrique." Il dispose de sa propre société de sécurité privée, OPOS (Opérations et Organisations Spéciales), que l'on peut retrouver en Suisse inscrite au registre du commerce... de Genève. En photo à droite, l'immeuble du 14 rue du Conseil Général à Genêve qui abrite ses bureaux) Il possèderait également une seconde société appellée ADES. "L’homme, un baroudeur, connaît bien le Sahel et ses hommes. En décembre 2010, le groupe Vinci le recrute pour négocier la libération des otages enlevés trois mois plus tôt à Arlit au Niger. Selon nos informations il est très bien introduit chez les touaregs. Avec leur aide il a réussi à négocier auprès d’Abou Zeid en février dernier la libération de l’épouse d’un des otages français et des otages togolais et malgache" (Françoise Larribe et deux otages qui seront reçus en personne par Nicolas Sarkozy ; mais avec un peu moins de caméras que de coutume).
Un peu moins de caméras, car celui qui a extrait du camp la seule otage femme, c'est bien l'envoyé très spécial du Squale nous dit LeMonde : "le fait est que le 24 février, Françoise Larribe apprend brusquement qu'elle va être libérée et sera donc contrainte de laisser derrière elle, après cinq mois et demi de détention, son mari, Daniel, et un troisième otage (les autres sont éparpillés ailleurs). A l'évocation de ces moments, ses yeux s'embuent. Il faut à toute force essayer d'espérer que d'autres libérations suivront. Peut-être sur le même mode. Elle se souvient d'avoir vu Jean-Marc Gadoullet surgir, encore habillé en Touareg, dans le camp où l'opération devait avoir lieu. " Quand je l'ai vu s'approcher, je n'ai d'abord pas compris que c'était un Français ", sourit-elle". L'équipe, ou plus exactement le trio Squarcini-Guéant-Sarkozy agit donc entièrement en sous main à l'extérieur, à la barbe de la DGSE, via leur intermédiaire sur place, le fameux Gadoullet !
Un personnage qui réussit des "coups", donc, mais dont les méthodes douteuses sont sérieusement mises en cause : "mais l’homme ne fait pas l’unanimité. Selon des témoignages recueillis, ses méthodes de négociation, suscitent la méfiance , tant chez ses partenaires touaregs que du côté de certains ravisseurs : la rançon farfelue de 90 millions d’euros demandée par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) serait l’une de ses inventions. Dans un récent article de l’hebdomadaire français Paris Match, il est présenté comme un émissaire trouble et ripou. Le colonel reconverti se dirigeait une nouvelle fois vers les ravisseurs des Français ce mercredi. Afin de brouiller les pistes, il est entré dans le pays par le désert malien. Son véhicule évitait les barrages officiels. C’est en voulant le contraindre à s’arrêter qu’un groupe d’hommes armés a tiré sur la voiture. L’homme a été blessé légèrement à l’épaule et il a été rapatrié par avion sanitaire en France, le jour même. Le véhicule transportait-il d’importantes sommes d’argent ? La réponse viendra peut-être un jour". Comme viendra un jour l'explication de la remise de la légion d'honneur par Nicolas Sarkozy à Jean-Marc Gadoullet, le 5 juillet 2008 (il l'avait déjà été en 2000), on suppose... car cet émissaire c'est bien lui, en effet.
Un Gadoullet qui semble connu de pas mal de gens, dont... très certainement un dénommé Christian Vanneste, celui qui avait eu un rôle auprès des familles dans l'affaire du Niger, raconte à demi-mot Paris-Match, qui confie à l'’émissaire français "officiel" (de la DGSE) qu'un autre est déjà sur le coup : "un député du Nord, en particulier, très bien introduit, lui confie qu’un autre Français, se présentant comme un « ingénieur », est entré dans la négociation avec « de gros moyens » et, selon lui, la bénédiction de Paris. C’est « ATT » lui-même qui annonce au directeur que « l’ingénieur » est en fait un agent des services français. « Dans ce cas-là, on se retire". C'est bien entendu Gadoullet dont il s'agît. Un "ATT" aujourd'hui débarqué, mais qui fur à une époque de gestion du Boeing du désert plutôt courtisé... par Sarkozy en personne.
Un Gadoullet qui pourrait expliquer autre chose, tiens, au passage. Libération a en effet rappelé que lors des négociations, Areva aurait versé de l'argent, pour la libération des otages. Beaucoup d'argent : 12 millions d'euros. Le hic, c'est que les otages n'ont pas été libérés (sauf trois) et qu'on ne sait pas exactement ce qu'il est devenu de l'entièreté de l'argent versé : "L’émissaire touareg envoyé pour récupérer ces otages jugés sans valeur est stoppé à Gao par une autre filière qui apparaît soudain sur le devant de la scène et dont Gadoullet aurait été l’un des maîtres d’œuvre. C’est du moins ce que pensent aujourd’hui nombre d’acteurs impliqués dans les négociations. Lesquels affirment aussi que le second réseau a, lui, monnayé la libération des trois otages, qui aura finalement lieu le 24 février. A quel prix ? Du côté d’Aqmi, la somme qui aurait été demandée est estimée à 2 millions d’euros. Mais des anciens d’Areva affirment que l’entreprise aurait versé 12 millions d’euros. Si ce scénario se révèle exact, que sont devenus les 10 millions de différence ?" De l'argent d'une rançon d'otages du Sahel qui aurait disparu ? Dans quelles poches ??? C'est encore plus fort que le système Bettencourt, cette filière !
Il semble bien exister, dans cette région "une filière Gadoullet", qui s'est superposée à celle existante depuis longtemps : "l'officier, qui s’était déjà fait remarquer en 2008 au Tchad comme conseiller du Président, Idriss Déby, soupçonné à l’époque d’avoir participé à la disparition d’un opposant, continue à faire peur. Une enquête de Paris Match, publiée il y a deux semaines, révélait que le responsable d’Air France du premier réseau avait reçu, malgré son retrait, de curieuses menaces depuis qu’il avait découvert l’existence d’un second réseau dans cette étrange négociation qui se perd dans les sables du désert.' Le "premier" réseau étant celui d'un des dirigeants d’Air France surnommé là-bas "le directeur". On retrouve vite qui se cache derrière, dans le journal Le Monde : "Jean-Marc Gadoullet promet de poursuivre en justice ceux qui " salissent son nom ". Son ennemi principal se nomme Guy Delbrel (**). Introduit dans les présidences d'Afrique de l'Ouest, celui-ci travaille auprès de Jean-Cyril Spinetta, le PDG d'Air-France-KLM, dont il a été le " Monsieur Afrique ". Il semble mener une tentative de négociations parallèles à celles de l'équipe de Jean-Marc Gadoullet. La dispute franco-française fait du bruit et des dégâts dans le nord du Mali. A Paris, on tente de la juguler. Un haut responsable de la DGSE convoque les deux hommes pour un déjeuner de réconciliation dans une brasserie place de la République. En pure perte. Jean-Marc Gadoullet promet de " transmettre ses coordonnées " à Guy Delbrel. C'est peu." C'est ainsi que l'on apprend surtout que la seconde équipe se heurte à la DGSE... et que c'est donc la DCRI qui fait des siennes, puisque l'individu qui la représente est proche, visiblement, de Sarkozy... la Gadoullet-connexion fait des vagues, visiblement. Et la guerre intestine DGSE-DCRI des ravages...
Un second réseau (ou plus exactement un premier, historiquement) qui semble avoir depuis quelque temps toutes les peines à exister, depuis l'apparition sur place de Gadoullet et de ces manières... barbouzardes. Ainsi ses déboires récents, dignes des films de Lautner. L'homme visé, Guy Delbrel, a déposé plainte au tribunal pour harcèlement : "comme rien ne bouge au tribunal de Bobigny, le directeur se constitue partie civile en septembre. Depuis, ses ennuis ont recommencé, sans qu’il sache s’ils sont fortuits ou délibérés. Le 3 octobre, vers 21 heures, un véhicule le percute de plein fouet alors qu’il rentre de Roissy au volant de sa Nissan. Le conducteur est un Guinéen qui parle à peine français, sa compagne, une auxiliaire de police qui l’assiste opportunément pour le constat. Quelques jours plus tard un incendie ravage sa maison de campagne dans le Sud-Ouest. Puis c’est le bouchon de la vidange du liquide de refroidissement de sa vieille voiture qui, dévissé, entraîne l’arrêt du moteur". Du Launtner, je vous dis !
Et il y a pire encore, comme le raconte de Djamena Abdoulaye Salah : "le 29 juillet dernier, un haut responsable touareg d’Areva est envoyé en mission par le nouveau gouvernement nigérien chez l’émir Belmokhtar, responsable du rapt, en janvier dernier, de deux jeunes Français à Niamey, tués au cours d’une opération française. Après avoir effectué trois voyages dans l’Adrar des Iforas pour rencontrer les groupes de l’Aqmi qui détiennent les otages, l’émissaire touareg se rend, cette fois, à 70 kilomètres de Tombouctou, où il a trouvé l’émir assis tranquillement au pied d’un arbre, entouré d’une vingtaine de combattants. Quand l’émissaire annonce que « le Niger et le Burkina Faso souhaiteraient que l’Aqmi n’utilise plus leurs territoires pour commettre des enlèvements d’Occidentaux », Belmokhtar répond que la discussion est possible. Une fois les trois autres chefs de l’Aqmi informés, il proposera une date pour rencontrer une délégation d’officiels. Mais où le propos de l’émir devient plus délicat, c’est quand il informe l’émissaire nigérien « des démarches effectuées par un Français [il cite le nom de “l’ingénieur”] qui est dans le circuit des négociations pour la libération des otages ». L’émissaire note : « Ce Français a créé une société de sécurité au Mali, il propose aux gens d’Aqmi de travailler avec lui ! Il propose aussi d’être leur intermédiaire pour leur trouver de l’argent… » Un émissaire, si bien en vu à l'Elysée, ayant reçu la légion d'honneur des mains même du Président Sarkozy (et de Chirac !) et qui propose d'aider financièrement l'Aqmi ??? C'est cela, le "second réseau" d'approche de ceux que l'on présente en même temps comme des "terroristes" ??? Ne serait-on pas là dans un cas de figure à la G.W.Bush attisant le terrorisme avec des cassettes de Ben Laden... fabriquées ??? De proposer "d'aider" les terroristes à "trouver de l'argent" n'est-ce pas fort ressemblant déjà aux contrats d'armements où est espéré en retour... un petit versement ?
Et ce qui cloche cette fois dans le communiqué visiblement signé Squarcini, c'est la seule source d'information, encore une fois, comme dans l'affaire Merah : c'est la DCRI qui fait porter le chapeau du retard d'information à l'AQMI, via un improbable "Etat burkinabé" et via un amabassadeur- général, alors que la date d'enregistrement laisse augurer la connaissance de la vidéo bien avant cette toute récente révélation. Et le gros balourd qui l'a avoué, avant que l'on en parle, c'est Squarcini, qui le 1er avril n'avait pas pu s'empêcher de nous faire comprendre qu'il savait LUI des choses que NOUS ne savions pas, nous, les humbles mortels, sur les otages : et comme ce n'est vraiment pas l'intelligence qui le caractérise ; il est même allé jusqu'à associer cette "révélation prochaine" à la campagne présidentielle en cours, révélant que chez lui, comme chez son maître, cette prise d'otage sera instrumentalisée, comme l'a été à un point inimaginable la reddition annoncée de Merah, terminée par son élimination physique si pratique pour ceux qui le manipulaient. Son "à mon avis, cela ne va pas tarder à entrer aussi dans la campagne" sonnait clairement comme un... aveu, de manipulation (une de plus). La sienne. Après avoir fabriqué un Merah djihadiste qui ne voulait pas se rendre, voilà que déboulent des preneurs d'otages tout disposés à rendre leurs prisonniers, tant affaiblis,mais qui ne le font pas car on garde en réserve un autre coup médiatique les concernant ? On s'y achemine tout droit là...
Alors la presse va rater le coche, encore une fois, en se trompant de cible et en s'engouffrant dans le pathos... Fourni sur plateau, à en devenir sinon larmoyant sinon un peu... forcé : "les deux otages adressent un message d'espoir à leurs proches, et demandent à Nicolas Sarkozy, à la France et aux associations humanitaires de les aider. 'Il y a une volonté d'apaisement de la part d'Aqmi, une volonté d'ouvrir la porte et une volonté de trouver une solution qui soit dans l'intérêt de toutes les parties', estime Philippe Verdon. 'Toute aide est la bienvenue, Aqmi est ouvert à la négociation', dit Serge Lazarevic. 'Ils (les membres d'Aqmi) ont des hommes prisonniers au Mali, en Mauritanie et ils sont ouverts à la négociation'." Un message qui sonne bien étrangement : si la volonté d'apaisement existait tant, il y a belle lurette que le montant de la rançon ne poserait plus problème de libération il me semble. Et que d'autres contacts locaux de Squarcini (toujours les mêmes, comme à Tarquint) auraient déjà fait remonter l'info, sans passer pour ça par la case vidéo périmée, destinée uniquement... Aux médias. Mais ce message plus qu'étrange dans la bouche d'un des otages, en présentant l'Aqmi comme prêt à négocier deviendrait fort intriguant si demain l'on apprenait qu'une opération lancée par la France pour libérer les deux otages avait bêtement échouée, et que les preneurs d'otages avaient abattu leur prisonniers à l'arrivée de leurs sauveteurs (cela s'était produit en mars dernier au Nigeria, il s'agissait de Christopher McManus, 28 ans, et de Franco Lamolinara, 48 ans, deux ingénieurs travaillant pour une entreprise de construction italienne),. Depuis un scénario nigérien écrit d'avance, ou décidé sans prendre en charge le cas des otages, je suis devenu très suspicieux en effet en la matière. La précédente opération pour libérer par la force deux otages s'est soldée par la mort de ces derniers : la faculté de " négociation" de l'Aqmi s'arrête au son de ses kalachnikovs, semble-t-il. À noter que le message rédigé par les otages ne fait appel qu'à un INDIVIDU : le Président, montrant à l'évidence un acoquinage de départ. Ce sont les États et leur administration qui sont en charge de leurs ressortissants à l'étranger et non le président seul, il me semble. Faire appel à lui exclusivement sonne un peu trop comme un appel à un employeur...
Et ce d'autant plus que l'on fait tout depuis la précédente intervention au Niger pour ne pas faire éclater la dérangeante vérité. Le même jour on a en effet donné cette information : "la famille d'Antoine de Léocour, un des deux otages français tués au Mali en janvier 2011, a été reçue vendredi au ministère de la Défense. Elle y a vu un film de l'intervention militaire destinée à les secourir. « Elle n'a pas vu grand chose, les images étaient prises à 3 000 mètres d'altitude », a expliqué leur avocat. Antoine de Léocour, qui allait se marier avec une Nigérienne, et son meilleur ami Vincent Delory avaient été enlevés le 7 janvier 2011 à Niamey (Niger) par Aqmi et tués lors d'un assaut donné le lendemain au Mali"... Nous rappelle le Figaro. Une annonce significative : le gouvernement avait laissé entendre que le fameux film proviendrait de l'hélicoptère ayant attaqué, on a diffusé à la famille celle prise du Bréguet Atlantic II qui circulait au dessus de l'opération. À 3000 mètres d'altitude. En pleine nuit. Autant visionner une aiguille au milieu d'une botte de foin. Autrement dit encore, autant ne rien montrer de probant. Et ce n'est donc pas demain encore que l'on saura ce qui s'est passé. L'idée de n'avoir montré le film qu'à la famille Léocour est aussi perturbante, celle qui se pose le plus de questions sur la mort de leur fils étant celle de Vincent Delory. Pour l'instant, je n'ai pas déterminer pourquoi seule la famille du second otage a été appelée pour visionner ces images.
Dans le cas du jour, le grand public ne sait toujours pas qui sont ces deux otages si particuliers, présentés partout comme étant de simples "géologues". Tout le monde s'accorde à dire qu'ils n'en sont pas. "Des "mercenaires", selon un proche des milieux de la sécurité. "S'ils sont devenus géologues, c'est qu'ils ont suivi une formation ultra-rapide" ironise un autre. "Des troisièmes couteaux" conclut un autre" avais-je précisé ici dès le 26 novembre dernier en évoquant surtout le CV mirobolant du second, surnommé "l'Araignée" dans le milieu de l'espionnage : "L'homme qui était sur les rangs de l'assassinat de Milosevic se baladait incognito au Mali pour parler "ciment" à voix haute ?" avais-je alors ironisé. En fait, les deux otages sont bien particuliers : soit ce sont des barbouzes de la DGSE (et donc de la concurrence pour la DCRI) ; soit ce sont des mercenaires venus inspecter ce qui se passait dans le coin, au profit d'une agence de renseignement qui pourrait très bien être la DCRI, vu leurs CVs et vu qu'elle recrute d'étranges individus, parfois bien jeunes, qui vont chercher l'information jusqu'au Pakistan... DGSE contre DCRI, la saga est loin d'être terminée semble-t-il. Car la filière Gadoullet-DCRI présente des ramifications que l'on est loin encore d'avoir déterminées en détail : nos deux "cimentiers" pourraient très bien en faire également partie (les "troisièmes couteaux"). Des ramifications qui mènent encore une fois au même trio gouvernemental déjà cité. Squarcini ferait donc aujourd'hui parler ses propres hommes à distance... En évoquant une " source sécuritaire" qui ne peut être... que lui-même. On tourne en rond complètement avec cette affaire : deux envoyés de Squarcini, pincés sur le fait, sont utilisés par ce même Squarcini pour monter en épingle l'Aqmi : c'est du recyclage d'échec, ce genre de performance médiatique !!! Encore plus fort que du Merah, à ce stade !!!...
Car tout pourrait être réglé depuis longtemps nous dit Vincent Hugeux, que j'avais eu la chance de cotoyer à ses tous débuts en radio (la photo est de lui également) : "les fils du dialogue ébauché avec les ravisseurs sont-ils pour autant rompus ? "Non, tranche un notable touareg nigérien, rentré voilà peu du Nord-Mali. Ces bisbilles franco-françaises ont peu d'impact sur le terrain." "Péripéties, soutient en écho un analyste élyséen. Les caïds d'Aqmi gèrent un stock d'otages qui procure des ressources et garantit une protection." Selon un ancien chef rebelle, touareg lui aussi, Paris serait bien inspiré de "ne pas finasser à coups de barbouzes plus ou moins mandatés" et de "jouer franc-jeu" avec les geôliers djihadistes. A l'en croire, ceux-ci n'exigent un retrait français d'Afghanistan que par souci d'affichage idéologique : "Ils veulent avant tout du pognon et la libération des frères combattants emprisonnés." Du "pognon", à condition qu'il ne se perde pas en route...
Et ce n'est pas pour autant totalement fini avec cette utlime révélation du Monde : les français ne seraient pas les seuls dans l'histoire. La prisonnière française revenue a laissé un témoignage fort troublant sur la personnalité du preneur d'otages : "Avant de la laisser s'en aller, Abou Zeid l'a convoquée pour une discussion, par le truchement du " traducteur ", déjà identifié par les précédents otages. Selon une bonne source qui l'a eu au téléphone lors des négociations, l'homme est un Mauritanien polyglotte dont le père occupait un poste dans la sécurité de l'ambassade des Etats-Unis à Nouakchott. Ce n'est pas la seule étrangeté de l'affaire"... signalait Le Monde. Si en plus, la CIA s'en mêle...
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