Triple C pour la France, Chômages, Crises et Conneries

Gérard Depardieu votera Sarkozy et se fout certainement des 30 000 « chômeurs A » de plus en novembre, auxquels il faut ajouter les travailleurs à activité réduite, eux aussi comptabilisés mais dans les autres catégories. Les observateurs du ciel viennent de noter la France et c’est le triple C qui a été envoyé, comme pour l’Espagne, l’Italie et la plupart des pays occidentaux. Un C pour chômage, un autre pour la crise et un dernier pour la connerie. Qui souvent est réservée à des célébrités dont les avis sont courus par journalistes comme s’ils émanaient d’une chaire du Collège de France. Ce n’est pas un scoop que de qualifier de cons bon nombre de célébrités et même quelques figures politiques trop souvent invitées pour donner des avis de potache niveau première année de licence à l’université. Parfois, on se demande si de sibyllines formules ne masquent pas l’incompétence des dirigeants. Pas plus tard qu’hier, Hervé Novelli a dit que : « produire français n’a du sens que si nos produits ne sont pas fait ailleurs ». Je réfléchis à cette profonde maxime. Hum… Si je comprends bien, il y aurait des produits français fabriqués en France et des produits français fabriqués ailleurs. Ah, ça y est, je pige, c’est le fameux thème du moment, celui des voitures de marque française qui sont produites en Roumanie ou en Tchéquie ou peut-être en Turquie, oui, en Turquie, ce pays qui aime tant la France. Bon, on peut bien plaisanter un peu ! Et dire aussi qu’Aznavour est aussi « intelligent » que Depardieu ! Non sans citer un type bien plus intelligent, le Général de Gaulle, à propos d’Aznavour, de BHL, de Lang et de Depardieu : la vieillesse est un naufrage ! Toujours est-il que le fantasme du produire national agite les politiques comme si c’était la solution. Dans une économie aussi interconnectée, chaque pays contribue à produire et qu’est-ce que ça peut faire si ma souris d’ordinateur siglée d’une grande enseigne américaine et payée 20 euros a été fabriquée en Chine puisqu’elle fonctionne correctement depuis près de dix ans.
Produire, le grand thème de campagne pour 2012. Comme si c’était la solution. On entend dire que le chômage ne cesse de monter parce que la croissance n’est pas au rendez-vous, que la crise est là, qu’il n’y a pas de perspectives positives. Pas très convaincant et franchement un peu con comme argument. C’est comme si on disait que le cours du fleuve est de plus en plus bas parce qu’il ne pleut pas assez depuis des années. La subtile sophistique politicienne nous a habitués à expliquer un problème par un autre problème afin de l’évacuer. On peut bien expliquer le chômage par l’absence de reprise économique, la question c’est pourquoi il n’y a pas de reprise. Un économiste sérieux livrera sans doute la réponse. Un politicien se contentera de formules incantatoires, adjurant les forces vives de la nation et les responsables de la gouvernance de tout faire pour relancer la production en France, innover et investir stratégiquement. Quitte à inventer un fond d’investissement stratégique. Les politiciens croient-ils vraiment qu’on peut décréter l’innovation et la faire fructifier en agitant des propositions volontaristes ou bien nous prennent-ils pour des cons ? L’Allemagne semble fasciner les dirigeants français car elle a mené une politique de modération salariale depuis 2000, dont on peut apprécier les résultats en terme de balance commerciale. On connaît ces politiciens français qui fantasment sur l’Allemagne mais n’osent pas dire le fond de leur pensée. Les travailleurs français coûtent trop cher. Il existe deux moyens pour être dynamique, soit produire des biens innovants, ou bien produire des biens avec des technologies productives innovantes et si ce n’est pas le cas, on remplace l’innovation par la modération salariale. On produit alors moins cher et on peut vendre plus. La tentation du « gagner moins et travailler autant » pourrait être proposée lors du sommet social de Nicolas Sarkozy mais ce serait en ce cas un suicide politique. Enfin, pas vraiment, les Français étant assez cons pour croire que le sacrifice salarial permettra de résoudre le chômage. Et de voter Sarkozy en faisant comme ce con de Depardieu.
Et les syndicats, seront-ils prêts à signer dans ce jeu de cons ? Modération salariale pour sauver quelques milliers d’emplois. Et ouvrir la boîte de Pandore aux entreprises qui feront le chantage à la délocalisation. L’expérience des Conti n’a-t-elle pas suffi ? Crises au pluriel, car crise idéologique il y a aussi. Des principes de vie négociés pour un maigre rafistolage de la situation de l’emploi. Les idées lancées comme des super produits de cercles de réflexion ne sont que des rafistolages pour maintenir un système dépassé. C’est comme l’intérim en CDI, solution qui ne concerne qu’un intérimaire sur dix là où elle est appliquée avec persévérance. Et vas-y que je t’exonère des charges sociales si tu embauches un vieux ou un jeune, ou que tu veux bien former un chômeur ou un jeune. Le modèle productiviste n’est plus pertinent ni légitime à notre époque. Il faut en prendre conscience ! Pourtant, aucun des politiciens en vue ne remet en cause le système. Il faudrait un nouveau dessein et un nouveau pacte entre les bonnes volontés citoyennes. Rassembler les bonnes volontés plutôt qu’assembler les responsables du marasme au centre comme le préconise cet idiot de Bayrou qui ne voit décidément rien dans la vision de l’avenir et s’en remet à cette antienne bêtement nationaliste du patriotisme économique, comme ses concurrents pour 2012. On dirait que les politiciens se disputent le suffrage des cons qu’ils ont réussi à con vaincre. Alors que l’avenir impose de vaincre les cons.
Le chômage va croître dans ce contexte de crise financière qui ne permet plus l’accès aux biens fondamentaux pour une partie de la population. Quant au repli patriotisme, c’est une immense connerie dévoilant l’impuissance de nos politiciens. C’est juste un petit détail de la crise du modèle économique et industriel appliqué depuis plus d’un siècle, avec les dispositions de Taylor et de Ford. Le monde entier produit, il est temps de vivre ! Il n’y a qu’une seule alternative. Ou bien les citoyens accèdent à la juste compréhension du système et le transforment, ou bien le système se sclérose et finit par s’écrouler. Comprendre le système avant et afin de le transformer. Casse-toi Marx ! Dit le pèlerin du 21ème siècle.
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