Étonnant le spectacle de la télévision dans ce qu’il dit et ce qu’il tait - et surtout dans ce qu’il choisit :
Je zappe…. TF1 ou la 2 : Haïti, quelqu’un de sauvé par un groupe israélien et 4 ou 5 personnes, là-bas, scandent quelque chose du genre : « Bravo Israël ».
Qu’il y ait sans doute des iraniens dans la même aide d’urgence, c’est probable, mais qu’on puisse entendre "Bravo l’Iran" reste impensable. Le bien doit rester le bien et le mal, le mal.
Je me dis alors que ce n’est plus une question d’information ou de politique mais bien un thème philosophique : Qui parle ? Où est le pouvoir ? Mensonge et vérité n’ont-ils plus lieu d’être ? Poésie ou philosophie ? Et la télévision ? C’est donc elle qui nous gouverne.
Ainsi, encore, à propos d’ Haïti, Obama a fait la nique à Sarko : « J’envoie mes soldats massivement, ils assument aide et sécurité. » Sarko, étouffé ! On ne l’entend plus ! Les médias hurlent : « Méchants américains ! » Ils nous volent notre vedette !
D’ailleurs c’est là la clé du sarkozisme : une communication sans contenu avec pour seule force une présence. Etre là, partout et qu’importe le contenu : Seul le Chef a un sens ! La propagande est ce discours vide qui enrobe les mots... scandés devant les foules, murmurés inlassablement sur les écrans de télévision...
Avant Copenhague, on avait ainsi fait de Borloo le haut-parleur du gouvernement. Puis au coeur de l’urgence salvatrice, quand c’était la grippe, on sortait Bachelot. Puis le lendemain, Hortefeux, ou un autre. Selon la météo politique, on mettra l’un ou l’autre face aux caméras. Dès que l’événement commence à foirer - comme c’est toujours le cas en Sarkozie - on s’empresse de jeter pour un temps le Ministre aux oubliettes ! Seul le Roi doit briller...
Alors un jour on sort Sarko de sa boîte, on organise le Zorro d’un Renault délocalisé mais miraculeusement revenu....
Un autre jour nous serons sauvés … de quoi ?
Eternelle rhétorique du salut et de l’urgence des pouvoirs totalitaires pour ceux qui finissent en réalité par pendre ceux qui leur avaient tendu la corde. Tragédie et comédie de ceux-là qui jouent, qui sont complices, qui se haïssent…
Autre chose : j’avais apprécié le soutien d’Aubry vis-à-vis de Peillon. Le courage contre les médias !
Non, erreur, marche arrière, Aubry dit :
"Sur la forme, si effectivement Vincent Peillon savait depuis quelques jours que l’organisation était celle qui avait lieu, ce qui n’est pas ce qu’il nous a dit, et s’il a organisé cela, à l’évidence c’est non seulement incorrect mais ce n’est pas bien ; »
Courage, fuyons !
Lâcheté, tristesse, débandade, grisâtrerie de ces pouvoirs mous et brumeux. La télévision mais aussi tant de discours salariés… Parler et entendre et museler. Parole à réinventer ? Ou lire et relire et écrire pour effacer la craie des vieux tableaux noirs… Sans doute.
Et aussi se taire, dessiner, peindre, danser, inventer ou imaginer le corps des mots de demain…