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Trophée climatique : Sarko joue Malthus contre Say

AFP : « Déçue par les résultats "désastreux" de la conférence de Copenhague, l’Europe cherche à rebondir sur le climat et certains pays relancent l’idée d’une taxe carbone aux frontières pour rassurer leurs industriels et durcir leur position de négociation en 2010. »

Vous allez voir qu’ils vont finir par y arriver, ces chefs d’États aux prétentions démiurgiques, à nous déclencher prématurément une guère commerciale – perdue d’avance – avec la Chine, l’Inde et les E.U ! Une fois de plus, nos gesticulateurs n’ont pas compris que leurs adversaires potentiels ne se gargarisent pas de la dialectique des grunens, de Bendit ou du Grenelle, mais sont déjà bel et bien en ordre de bataille pour livrer une “green guerre économique” dont ils n’ont que trop parfaitement compris les enjeux. C’est même pour ça qu’ils ont tenu à dissimuler leurs véritables intentions, lors de la pantalonnade de Copenhague : ils ne voulaient surtout pas que l’on devine trop tôt la stratégie économique qu’ils fourbissent discrètement et néanmoins massivement, depuis pas mal de temps déjà.

À l’évidence, leur souhait est que, lorsque l’Europe se réveillera de ses transes, il soit déjà largement trop tard pour elle... Et, personnellement, je considère qu’il est déjà trop tard.
Car, ne nous voilons pas la face : la lucidité commande d’admettre que, vu d’aujourd’hui, il y a fort peu de chances pour que l’essentiel de la mise du “green business” ne soit pas raflé par ces trois mastodontes... et je ne parle pas du nucléaire ou des OGM. Je vous engage à faire d’ores et déjà l’inventaire : le photovoltaïque, les accus Li-ion, les ampoules basses consommation, l’électronique grand public... Inutile de continuer à égrener les innombrables marchés que l’Asie du Sud-Est s’est accaparé quasiment sans partage et, à mon sens, irréversiblement. L’éolien, n’en doutez pas, ne tardera pas à suivre. Mais, le comble, je viens tout juste de l’apprendre : les Chinois seraient en mesure de sortir, sous moins de 5 ans, le premier avion de transport “très basse consommation de carburant”, projet sur lequel ils n’aurait financièrement pas lésiné, depuis pas mal d’années déjà. Si un tel produit devait voir le jour dans des délais aussi courts, Airbus et Boeing auraient du souci à se faire ; au demeurant, eu égard à la diplomatie que semble déployer Obama, je me ferais nettement moins de souci pour Boeing...

Les gouvernements européens ne semblent pas encore avoir compris que, quel qu’en soit le motif, tout ce qui met en mouvement les hommes se traduit désormais immanquablement par une guerre économique. Pour ne pas l’admettre – ou le méconnaître délibérément, ce qui est plus grave – et ne pas tirer les conclusions qui s’imposent sur ce plan prioritaire, ils sont en train de brader les intérêts de leurs ressortissants à l’idéologie et au clientélisme.

André Pellen, auteur de « La solidarité n’est qu’affaire de lucidité et de discipline sociales  », Éditions Edilivre http://www.edilivre.com/doc/12002  

 


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4 réactions à cet article    


  • l ecolo 24 décembre 2009 16:45

    La mise en place de l’Union Européenne avait pour but principal de mettre les Européens, en unissant leur forces, à même de discuter d’égal à égal avec les pays immenses et extrêmement puissants que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie…

    La conférence de Copenhague a montré qu’il n’en était rien, et que la Chine peut se permettre de refuser toute contrainte et tout contrôle tout en se flattant d’être le pays qui pollue le plus au monde.

    Il semble même que nous ne puissions même pas user de la seule mesure de rétorsion efficace que nous possédons : ne plus rien acheter à la Chine.

    La Chine produit massivement sans respecter ni l’environnement ni les travailleurs, ce qui lui permet d’obtenir des coûts de production extrêmement bas. Ne plus rien acheter à la Chine provoquerait une diminution du pouvoir d’achat des Européens car les coûts de production en Europe, où le respect de l’environnement, les lois sociales, les salaires et les avantages sociaux imposent des contraintes financières considérables, sont beaucoup plus élevés.


    • cyaxarte 25 décembre 2009 02:19

      Je partage votre point de vue sauf un point. Je ne crois pas à un avion chinois basse consommation sous 5 ans. Cela me paraît utopique, tant pour la Chine que pour les USA ou l’Europe. La physique reste la physique !


      • PELLEN PELLEN 26 décembre 2009 07:59

        Bien entendu. Mais, par « très basse consommation de carburant » il ne faut pas entendre consommation de 50 % inférieure à ce qui se fait de mieux actuellement. Néanmoins, un progrès de 5 à 10 % sur celle du Dream Liner de chez Boeing, par exemple, me paraît tout à fait à portée de technologie, avant 10 ans, et de nature à faire la différence au plan commercial ; différence décisive s’entend.

        C’est une illusion de croire que Airbus et Boeing continuerons de confisquer encore longtemps le marché mondial de l’aviation civile. On sait trop bien comment les Chinois s’y sont pris, jusqu’ici, pour s’attirer à marche forcée le transfert de technologies dans de très nombreux domaines. De toute évidence, le concept de domaine économique réservé n’existe plus. Il n’y a donc aucune raison pour que ces transferts ne continuent pas avec l’aéronautique et, entre autres, avec l’automobile ; dans ce dernier domaine, je suis prêt à prendre les paris.

        S’agissant de l’aéronautique, il doit bien se trouver un avionneur canadien pour contracter un juteux joint venture avec les Chinois et ainsi servir de caution de fiabilité et de sûreté d’exploitation au nouveau produit chargé de tous les espoirs de conquête marchande. C’est comme ça que l’industrie nucléaire chinoise concurrencera bientôt AREVA et EDF, c’est comme ça que leur industrie automobile menace de se substituer à celle des Anglais, récemment rachetée, leur industrie électronique à l’électronique nipponne, leurs TGV au nôtre etc, etc…

        En prêtant leur concours empressé à la genèse de cette diabolique machine économique – mais ont-ils seulement le choix ? –, les États du G7 se préparent des lendemains sociaux très difficiles. Car cette machine dispose du réservoir quasi inépuisable d’une main-d’œuvre servile et qualifiée, dotée, de surcroît, d’un sens aigu, pour ne pas dire militaire, de l’intérêt national. Que voulez-vous, on ne s’affranchit pas du jour au lendemain des puissantes influences du confucianisme et du communisme sur les mentalités d’un milliard et demi d’êtres humains.

        Pendant ce temps, Sarko et consort jouent à sauver le monde à coups de taxes qu’ils réservent en priorité à leurs propres peuples. Il y a urgence à ce que ces derniers s’extraient de l’anesthésie « verdiste » et prennent eux-mêmes en charge leur auto défense.

        André Pellen 


      • lionesse 25 décembre 2009 09:25

        Détrompez-vous, l’avion chinois est pour bientôt. 2016 !
        Quelques éléments de réflexion. Un nouvel avion c’est autant d’améliorations sur la structure pour gagner du poids que l’adoption d’un nouveau moteur moins gourmand en carburant. C’est un savant mariage des deux qui fait un succès technique et commercial.

        Les Chinois ont acquis un certain savoir-faire sur la cellule grâce notamment aux transferts de technologie d’Airbus avec la création d’une chaine de montage d’A320 en Chine et la formation à Toulouse de centaines de techniciens et d’ingénieurs chinois. Et comme ils apprennent vite, ils viennent de lancer leur C919, concurrent des A320 et B737, alors même qu’en Occident, on ne les en croyait pas capables avant plusieurs années.

        Restait le problème d’un nouveau moteur performant, bien plus compliqué à construire que l’avion lui-même. Eh bien F Fillon vient de leur apporter sur un plateau le nouveau moteur de CFM à l’étude, le Leap-X qui devrait consommer 16% de moins que les moteurs actuels, baisser son niveau sonore et l’échappement de gaz polluants. Le nec plus ultra pas prévu d’être utilisé sur les A320 / B737.

        Notre Premier Ministre se vante d’un succès commercial alors que c’est un marché de dupes car sans moteur performant, pas de C919 et comme le prix de vente de l’avion chinois sera bien inférieur à nos Boeing et Airbus, qui plus est issus d’une ancienne technologie, c’est la fin de la prétendue avance technologique qui devait nous préserver des fabrications de masse de l’empire du milieu.

        Après avoir bradé notre technique, c’est l’excellence de notre savoir-faire, nos derniers atouts qui partent pour un plat de lentille de gloriole politicienne.

        Qui plus est, avec les programmes en cours A350, A380, B787, B747-8, les caisses d’Airbus et de Boeing sont vides pour pouvoir lancer le successeur des A320 et B737 capables de concurrencer au même niveau le futur C919.

        Un avenir bien sombre.

         

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