Trouille et faux-semblants en France face au chambardement géopolitique et géostratégique de la grande dislocation du Proche-Orient
« C'est toujours des plus trouillards dont il faut se méfier »
Pete Dexter God's Pocket (1983)
« Un petit conseil ultime : si tu portes un râtelier, ôte-le avant de le lire, car il est désagréable de bouquiner en produisant un bruit de castagnettes ! »
Frédéric Dard, à propos de son roman, San Antonio, Le Trouillomètre à zéro, SA n° 131, Fleuve Noir (1987)
Trouille et faux-semblants face au chambardement géopolitique et géostratégique de la grande dislocation du Proche-Orient et la fin du mythe de l'invincibilité de l'Etat d'Israël ou quand la Russie se réoriente vers les Arabes.
Le président a peur. Il affiche désormais le masque de la trouille, cette trouille hideuse propre aux lâches, celle qui s'insinue, génère des mains moites, accélère le rythme cardiaque, le mouvement des yeux, change les traits du visage, trouble l'élocution, cause un tremblement impossible à maîtriser, pousse à des réactions inconsidérées, des interprétations hasardeuses, et finalement paralyse tout mouvement devant le danger qui, lui, attend patiemment son heure pour s'en prendre aux pleutres qu'il méprise par dessus tout, sachant que les innocents paieront encore puisque les criminels sont parmi nous, se déplaçant et agissant impunément, en toute liberté.
I- Une mésintelligence du monde ou quand le réel ne correspond pas à l'idée que l'on s'en fait
Car le constat est simple : faute de prendre la Réel par la main et de lui tordre le bras tant qu'il en est encore temps, il finit par vous sauter à la gorge.
On ne reprochera jamais à quelqu'un d'avoir peur, encore faut-il qu'il le comprenne et cède la place, quitte la scène, disparaisse avant de faire n'importe quoi, ou pire encore, ne fasse rien, ne prenne pas les décisions qu'imposent circonstances et situation critique.
« Tous unis ! », mantra inconsidéré de la part d'un homme qui jusqu'à présent aura tout fait pour cliver, diviser, opposer les uns aux autres au point de mépriser ses compatriotes et de les considérer comme des moins que rien.
Et puis voilà qu'en ce vendredi 13 octobre le fait divers resurgit avec, comme le rapporte le quotidien Le Figaro, l'assassinat d'un enseignant dans un Lycée d'Arras, poignardé par « un Tchétchène fiché S qui avait été contrôle la veille », étant ici bien évidemment précisé pour ne surtout pas déroger à la Vulgate habituelle, que l'intéressé, âgé de 20 ans, ancien élève dudit établissement, « sur lequel existait déjà un dossier » (« Ah ! Mon gaillard ! »), un dénommé « Mohammed Mogouchkov, l'islamiste qui a tué un professeur et blessé deux autres personnes à Arras vendredi, faisait l'objet d'un suivi actif récent de la DGSI. », étant ici précisé avec une abondance d'informations subites, « que la famille de l'intéressé, qui vivait à Rennes, avait déjà fait l'objet d'une tentative d'expulsion dont la procédure avait échoué grâce à la mobilisation d'associations ». En gros, business as usual, avec une nuance : on parle désormais de « terrorisme » et l'identité du tueur n'a pas été cachée sous X ou maquillée avec un patronyme scandinave.
Tous unis, donc. Avec un « président » au pseudo discours martial qui n'a décidément rien compris à ce qu'il voyait et est aujourd'hui complètement dépassé par la marche des événements faute de disposer de l'intelligence du monde qui se disloque sous nos yeux et se recompose avec une célérité qui n'a rien de stupéfiant.
Ce que nous avons en effet sous les yeux avec les répliques du séisme qui vient de se produire dans le conflit meurtrier entre le Hamas et Israël depuis le 7 octobre 2023 à l'aube est très simple : une guerre ethnique et religieuse qui peut éclater à tout instant en France avec la présence d'allogènes, d'un parti politique qui, par-delà des contorsions sémantiques lui interdisant de prononcer le mot « terrorisme » a sociologiquement affiché une orientation en faveur de gens qui, en France mais aussi au Proche-Orient, dans tout le monde arabo-islamique, n'hésiteront pas à prendre fait et cause pour un conflit importé alors que la seule mesure à prendre immédiatement, puisque nous sommes en « urgence attentat », est de neutraliser, expulser l'ennemi intérieur et extérieur parfaitement identifié et d'interdire toute manifestation susceptible d'alimenter les braises de l'incendie qui couve.
On en donnera ici la démonstration avec deux exemples, deux analyses qui viennent conforter cette démonstration.
I- Sur le plan national ou quand M. Macron s'enferre et s'enferme dans le déni du Réel
Le lamentable lapsus présidentiel commis par M. Macron lors de son allocution du 12 octobre est révélateur de cet inconscient qui hurle et que rien ne vient contenir puisque la réalité est bien là, présente, incontournable et que les mots sont faits pour traduire la pensée à défaut de la maquiller.
« Gardons à l’esprit que l’antisémitisme a toujours été le prélude à d’autres formes de haine. Un jour envers les juifs, le lendemain envers les chrétiens, puis les imm-… musulmans ». https://streamable.com/tlwacb
Cette réalité est à rapprocher de l'excellente analyse de Pierre Brochand que tout le monde écoute, sauf le chef de l'Etat dont on se demande finalement jusqu'où il va conduire la France, une France dont il aura amplement démontré qu'il était manifestement incapable de la gérer, gouverner, présider face aux signaux faibles et désormais de plus en plus importants annonciateurs d'une activité sismique majeure.
Pierre Brochand, qui a été directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de 2002 à 2008, ainsi qu’ambassadeur de France en Israël (entre 1993 et 1995), explique en effet à son interlocutrice les dessous de l'échec militaire et stratégique et les enjeux d’une riposte israéliennei.
« Jusqu’où peut aller Israël dans sa riposte selon vous ?
Le pays attend, de toute évidence, une vengeance sans merci contre ceux qui ont commis, sous ses yeux, des forfaits d’une rare cruauté. En réponse à cette exigence, les autorités ont déclaré vouloir réagir comme jamais auparavant. Mais, en fait, hors les bombardements massifs, déjà en cours, choix de loin le plus « facile », les options sont plus restreintes qu’il n’y paraît.
D’abord, il convient de liquider ce qui reste des infiltrés en territoire israélien, dont certains, profitant de la confusion, se sont peut-être enfoncés à l’intérieur, prêts à y commettre des attentats de grande ampleur. Ensuite, il importe de contrer les tirs de roquettes, qui, s’ils ne sont pas le danger principal, risquent néanmoins de saturer le « dôme de fer » ( dont les réserves ne sont pas inépuisables, malgré les réapprovisionnements américains ) et, aussi, de couper Israël du reste du monde, si l’aéroport international de Lod est abandonné par les compagnies étrangères.
Les exécutions ciblées de dirigeants, domaine dans lequel Israël a fait ses preuves, et dont le caractère spectaculaire pourrait apaiser la colère, ne sont pas non plus aisées à mener à bien : les principaux dirigeants du Hamas vivent à l’étranger et son responsable militaire, Mohamed Deif, se terre à Gaza, dans des conditions de sécurité hors du commun. Toutefois, la mise hors d’état de nuire de ce dernier serait pour les services de renseignement israéliens, l’occasion d’un spectaculaire rachat.
Reste la question clé : Tsahal va-t-elle se lancer dans une invasion terrestre de Gaza, comme semble le lui réclamer l’opinion, et, si oui, sous quelle forme ? Il ne faut pas oublier qu’en 2014, si mes souvenirs sont bons, à la suite, il est vrai, d’hostilités de bien moindre intensité, l’état-major avait convaincu Nétanyahou de renoncer à ce projet, parce qu’il aurait entraîné des pertes beaucoup trop élevées. La gravité extrême de la situation actuelle va-t-elle pulvériser ces objections ? Je n’ai pas la prétention de le savoir. Mais toute opération de cette envergure doit se fixer des objectifs. Personnellement, je n’imagine pas une nouvelle occupation à long terme, qui se transformerait en piège redoutable. Il ne pourrait, donc, s’agir que d’une incursion de courte durée, en coup de poing, visant, une fois de plus, à détruire l’infrastructure militaire du Hamas. Cet aller-retour pourrait-il suffire à renverser le pouvoir islamiste ? À supposer que le gouvernement le souhaite, la tâche ne paraît pas évidente. Observons que, pour l’instant, le ministre de la défense s’est borné à évoquer un « siège complet », ce qui serait déjà en soi une sanction non négligeable, dès lors que l’Égypte s’y associerait.
De toute façon, ce qui a été engagé samedi n’est pas près de s’achever. Les semaines, mois et années à venir en témoigneront. À commencer par les règlements de compte politiques en Israël, qui risquent d’être sanglants.
Vous avez été ambassadeur en Israël en 1993-1995, soit juste après les accords d’Oslo qui enclenchaient un espoir de paix. Avec le recul, diriez-vous que la paix était déjà impossible ou bien que des erreurs ont été commises pour qu’on en arrive à une telle situation ?
La paix entre juifs et arabes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est un vœu pieux depuis trois-quarts de siècle. En très gros, deux tentatives sérieuses ont essayé de l’établir. L’une fut rationnelle et raisonnable, à travers un accord entre parties sur la base de deux États, l’un certes moins égal que l’autre, et, d’ailleurs, séparés ( on l’oublie souvent ) par un mur. Ce projet, qui reposait exclusivement sur les épaules de Rabin, est quasiment mort avec lui.
L’autre tentative que j’ai déjà décrite, a été menée pragmatiquement par les adversaires d’un règlement politique. Elle visait à en faire l’économie, en maintenant indéfiniment un rapport de forces favorable à Israël, face à des palestiniens, isolés et divisés, avec d’un côté, une Autorité aboulique et corrompue ( « cash for peace »…) et, de l’autre, une entité islamiste, militante et contenue, parfaitement d’accord pour rejeter une sortie négociée.
C’est cette deuxième voie qui vient, à son tour, de prendre du plomb dans l’aile, le Hamas démontrant, de manière insoupçonnée, qu’il avait la capacité de renverser la table et revenir au centre du jeu. Autant dire qu’aujourd’hui, moins que jamais, ces deux peuples semblent prêts à une coexistence pacifique, qu’elle soit voulue ou résignée. D’ailleurs, est-on si sûr qu’au fond d’eux-mêmes, beaucoup de palestiniens désavouent le coup d’éclat de leurs compatriotes islamistes ?Une conséquence pour notre pays est la division que crée chez nous la présence d’une importante minorité musulmane, alimentée uniquement par l’immigration, dont une fraction importante se sent solidaire de la cause palestinienne, quels que soient les moyens qu’elle utilise. »
Ce conflit peut-il avoir des répercussions dans notre pays ?
Et c'est là le fond du problème, pourtant déjà magistralement exposé, parfaitement connu, mais qui représente tout à la fois une question, une réponse, une solution sans cesse éludées, mises sous le tapis « en espérant vainement que les choses s'arrangeront ».
« Une conséquence pour notre pays, expose Pierre Brochand, outre le décès ou la séquestration de nos ressortissants, est la division que crée chez nous la présence d’une importante minorité musulmane, alimentée uniquement par l’immigration, dont une fraction importante se sent solidaire de la cause palestinienne, quels que soient les moyens qu’elle utilise.
Il est tout de même étrange que le Ministre de l’Intérieur ait cru devoir convoquer une « reunion de sécurité », pour parer aux répercussions sur notre sol d’évènements se produisant à 3000 kms.
On mesure par là l’une des multiples retombées sécuritaires qu’une immigration extra-européenne fait peser sur notre société, transformée en champ clos de tous les conflits de la planète. N’oublions pas non plus que le Hamas, au même titre que l’AKP turc ou l’Ennahdha tunisien, fait partie intégrante de la grande famille des Frères musulmans, largement représentée chez nous par des notables aussi bien que des activistes, en contacts fréquents avec certaines de nos collectivités locales. Puissent ces évènements rappeler à notre vigilance ce vaste conglomérat, aimable et conciliant quand il joue encore « à l’extérieur », c’est-à-dire en position de minorité, mais qui peut devenir incroyablement violent quand il évolue sur son terrain. »
Le chef de l'Etat a-t-il évoqué la dissolution, l'interdiction en France de toute représentation, parti politique, organe d'influence, organisation, association jouant en sous-terrain la sape et la « cinquième colonne » dans la sécurité et la sûreté nationales ?
Nullement. Par trouille d'affronter la réalité.
III- Sur le plan international avec le chambardement géopolitique et géostratégique de la grande dislocation du Proche-Orient et la fin du mythe de l'invincibilité de l'Etat d'Israël ou quand la Russie se réoriente vers les Arabes
Comme l'explique l'analyste et correspondant en Russie John Elmer, jusqu’à présent, la Russie n’a jamais été aussi silencieuse au milieu d’une guerre au Moyen-Orientii.
Les sondeurs d’opinion russes hésitent à révéler à quel point l’opinion publique du pays s’éloigne d’Israël pour se tourner vers les Palestiniens et les anti-américains arabes et iraniens.
Le silence du Kremlin révèle à quel point les Israéliens ont coupé les ponts avec le président Vladimir Poutine et à quel point, bien que silencieusement, le président russe s’est rangé du côté de l’état-major dans son évaluation d’Israël comme étant hostile, rangée du coté de l’Ukraine, les États-Unis et l’OTAN.
Le prosémitisme de Poutine, visible dans ses relations avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu depuis plusieurs années , est désormais impossible en public, y compris en privé.
L’argent russe, qui circulait facilement entre Moscou et Tel-Aviv et exerçait son influence sur les relations de Poutine avec les Israéliens, fuit maintenant vers Moscou avec l’oligarque Mikhaïl Fridman .
S'agissant de la fuite de Fridman vers un refuge sûr en Russie, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : « Fridman est un citoyen de la Fédération de Russie. Il peut revenir, vivre ici, partir d’ici, comme n’importe quel autre citoyen de la Fédération de Russie. Il n’y a rien d’inhabituel.
À ce sujet, le président de la Douma Viatcheslav Volodine a dit quelque chose de plus inhabituel . « Quiconque a quitté le pays et s’est livré à des actes répréhensibles, célébrant des tirs sur le territoire russe et souhaitant la victoire au régime nazi de Kiev, devrait non seulement comprendre qu’il n’est pas le bienvenu ici, mais que s’il revient, Magadan [le goulag, dans l'Extrê me-Orient Russe) ] les attend. . »
D’une politique d’équivalence et d’équivoque entre Israël et les Arabes, la Russie est arrivée à la politique d’engagement du côté arabe.
Le moteur en a été la guerre américaine visant à vaincre et à détruire la Russie à travers l’Ukraine. Le fait est que plus la nouvelle guerre palestinienne durera, plus la stratégie militaire et politique russe au Moyen-Orient poursuivra clairement une nouvelle ligne anti-américaine. Les conséquences seront graves avec la défaite que la Russie inflige aux États-Unis à l’OTAN et à l’Europe. La guerre des sanctions occidentales sur les marchés mondiaux des matières premières et sur les voies commerciales maritimes va laisser des traces .
« Nous assistons à une forte détérioration de la situation au Moyen-Orient », a déclaré Poutine lors de son discours de bienvenue public au Premier ministre irakien, Muhammed Shia al-Sudani, au Kremlin mardi matin. « Je pense que beaucoup seront d’accord avec moi pour dire qu’il s’agit d’un exemple clair de l’échec de la politique américaine au Moyen-Orient. Elle a tenté de monopoliser le processus de règlement, mais malheureusement, n’a pas cherché à trouver des compromis acceptables pour les deux parties. Au contraire, elle a présenté ses propres idées sur la manière d’y parvenir et a fait pression sur les deux côtés, vraiment sur les deux, d’abord sur l’un, puis sur l’autre. Mais chaque fois sans tenir compte des intérêts fondamentaux du peuple palestinien. . »
Le ministère des Affaires étrangères a suivi Poutine plus tard dans l’après-midi, lorsque le briefing hebdomadaire régulier de Maria Zakharova a été avancé plusieurs jours plus tôt afin de signaler que des négociations directes avaient eu lieu avec les dirigeants égyptiens, des Émirats arabes unis, de la Ligue arabe, de l’Iran et de l’Iran. Turquie – pas avec Israël. »*
« Le pari américain sur le « gel » du statu quo et la promotion de la « paix économique », ainsi que sur le recours à des formats collectifs adaptés à la réponse à la crise, ne s’est pas révélé gagnant », a déclaré Zakharova. « Tout le monde voit le résultat… Les déclarations des hommes politiques et des personnalités publiques américaines appelant au nettoyage ethnique dans la région semblent monstrueuses. Ils appellent ouvertement à ce qu’un groupe de personnes [soit] presque voué à la destruction complète. Une fois de plus, l’agression, la violation de l’État de droit et la haine digne de l’homme des cavernes sont apparues à la surface des déclarations américaines faisant voleren éclats les dogmes des droits de l’homme. »
Dans le premier avertissement direct de la Russie adressé à la force navale américaine en Méditerranée orientale, Zakharova a ajouté : « Jusqu’à présent, nous constatons que la situation évolue sur la voie de l’escalade. Il existe un grand risque d’impliquer des forces tierces dans ce conflit. Et cela est lourd de conséquences à long terme pour la région et pour le monde. »
Poutine a suivi dans la soirée au téléphone le président turc Recep Tayyip Erdogan. « La nécessité d’un cessez-le-feu immédiat de la part des deux parties et de la reprise du processus de négociation a été soulignée« , selon le communiqué du Kremlin . « La volonté mutuelle d’y contribuer activement a été exprimée… Des questions distinctes de la coopération russo-turque dans divers domaines ont également été abordées. »
Le communiqué de presse d’Erdogan était plus révélateur. Lui et Poutine avaient « évoqué les initiatives qui pourraient être prises pour répondre aux besoins humanitaires dans la région, le président turc ayant déclaré à Poutine que le fait de cibler les colonies civiles était préoccupant et que la Turquie n’appréciait pas une telle décision ». L’annonce d’Erdogan sur Twitter ajoute : « Le président Erdoğan et le président Poutine de Russie ont également échangé leurs points de vue sur des initiatives potentielles pour répondre aux besoins humanitaires dans la région. »
Cela laisse entendre qu’Erdogan et Poutine envisagent d’envoyer un convoi d’aide à Gaza par bateau turc, protégé des attaques israéliennes par la marine russe depuis sa base de Tartous sur la côte syrienne, et par l’armée de l’air russe depuis Hmeimim (base militaire aérienne en Syrie).
Cette opération humanitaire par voie maritime aurait pour objectif de briser le blocus de la côte par les Israéliens, et de défier l’ USS Gerald Ford et son escadre plus au large. Si cette opération, rappel de la flottille pour Gaza de 2010 , est actuellement planifiée – les signaux ouverts avertissent Washington et la marine américaine qu’elle s’y attend – alors la confrontation et le risque pour les États-Unis et Israël d’une défaite stratégique en mer, sont sans précédent.
(Ce qui me permet d'imaginer, et c'est là une réflexion toute personnelle, qu'envoyer un porte-avions par le fond avec un missile hypersonique impossible à arrêter ou simplement endommager son appareil de propulsion – hélices – ou de gouvernail, laissant ainsi dériver un cageot de ferraille de 100000 tonnes, demeure de l'ordre du possible et ferait désordre). La planification de la protection militaire russe des convois d’aide humanitaire maritimes vers Gaza s’étend également à l’Égypte.
Cela a été évoqué lors de l’ entretien que le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukry a eu avec son homologue Sergueï Lavrov. Cela a été suivi par la révélation par la presse égyptienne des avertissements israéliens, suivis de bombardements, pour empêcher les camions égyptiens de livrer de l’aide à Gaza via le pont terrestre de Rafah, à l’extrémité sud de Gaza.
Une option alternative égyptienne est un convoi naval. Si cela est coordonné par le Kremlin et le ministère russe de la Défense avec un plan Erdogan-Poutine d’un convoi turc venant du nord, l’escalade au niveau régional et des superpuissances se sera matérialisée avant que l’invasion israélienne de Gaza puisse l’anticiper.
Le ministère russe de la Défense n’est pas resté silencieux à l’égard d’Israël dans le passé. Depuis l’embuscade tendue par l’armée de l’air israélienne contre l’avion de surveillance russe Il-20 et la mort de ses 15 hommes d’équipage en septembre 2018, l’état-major a déclaré qu’il réservait ses actions contre les Israéliens tout en les identifiant comme l’ennemi .
Vzglyad, la plateforme moscovite de réflexion militaire et sécuritaire russe, a écrit le 17 avril 2023 qu’en se rangeant du côté de l’Ukraine lors de l’opération militaire spéciale, le gouvernement israélien était devenu l’adversaire de la Russie : « Le moment est venu de prendre une nouvelle position sur la question palestinienne. Porter la célébration de la Journée Al-Quds à un nouveau niveau et adopter une position plus pro-palestinienne dans le conflit du Moyen-Orient. Se tenir aux côtés de ceux qui aident la Russie dans le cadre de leurs propres intérêts (Iran, Arabie Saoudite) contre ceux qui aident nos ennemis. Et ainsi envoyer un signal très clair au monde – un signal selon lequel la Russie traitera ses partenaires exactement comme ils la traitent. Pour aider ses partisans – et non pour agir dans l’intérêt de ses opposants. »
La création d’un couloir humanitaire a été explicitement mentionnée mardi lors du briefing du ministère des Affaires étrangères . « Les tensions montent en Cisjordanie du Jourdain. Il existe de grands risques que le conflit s’étende à la zone frontalière libano-israélienne et y attire de nouvelles parties. Une catastrophe humanitaire à grande échelle se déroule sous nos yeux. L’essentiel est désormais de cesser le feu et d’arrêter l’effusion de sang. Nous soutenons les efforts des parties intéressées visant à résoudre cette tâche prioritaire. Cela permettrait d’éviter de nouvelles victimes, de mettre fin aux souffrances de la population civile, d’assurer son évacuation par des couloirs humanitaires et d’éviter que la situation ne sombre dans une catastrophe humanitaire à l’échelle régionale. Il ne s’agit pas simplement d’une crise ou d’une urgence. Nous parlons du sort de millions de personnes. »
La porte-parole Zakharova a également critiqué la CIA et le Pentagone pour leur défaite surprise face au Hamas. « Comment est-ce arrivé cela en un an ? c’est combien de temps l’opération a été préparée, puis menée en quelques jours, les États-Unis, en tant qu’allié le plus proche d’Israël, n’en ont pas averti ? Ils disposent de satellites partout, de dispositifs de localisation adaptés, de bases militaires, y compris dans la région. Il existe toutes les possibilités pour effectuer, non seulement un contrôle, mais une surveillance – les faits parlent d’eux-mêmes – de toutes les informations circulant sur les équipements (matériels et logiciels) de fabrication américaine. Pendant toute l’année de préparation d’une opération d’une telle envergure, les États-Unis, avec toute la puissance de leurs services spéciaux, n’ont rien transmis à Israël comme renseignement… Comment se fait-il que pendant toute l’année de préparation de l’opération correspondante dans le Au Moyen-Orient, les États-Unis n’ont transmis aucune information à leurs partenaires en Israël ? »
En revanche, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, « pendant deux mois fin 2021 et deux mois début 2022, les États-Unis ont expliqué à tous les niveaux comment la Russie « attaquerait » l’Ukraine. Cela a été fait spécifiquement pour créer une toile de fond d’information afin de détourner les yeux du monde entier de la façon dont, pendant toutes ces années, les États-Unis et leurs collègues de l’OTAN (principalement le Royaume-Uni) ont injecté des armes à l’Ukraine et créé un système anti russe- un tremplin anti-russe… Après instructions correspondantes de Washington, on a alors assisté à une multiplication des bombardements du Donbass par le régime de V.Zelensky. Puis, fin 2021-début 2022, les États-Unis « savaient tout » et l’ont dit à tout le monde. Mais dans le domaine de leur responsabilité directe – le Moyen-Orient en fait toujours partie – en ce qui concerne l’allié le plus proche sur lequel s’exerce le protectorat américain, les services spéciaux américains, le Département d’État et la Maison Blanche n’ont transmis aucune information. Aucune informations nécessaires à la légitime défense d'Israël.
La première indication publique sur la manière dont les renseignements militaires russes et l’état-major ont évalué ce qui s’est passé a fait surface dimanche à Vzgliad.
« Ceux qui étaient auparavant perçus comme des paysans en pantoufles tressées, capables au mieux de faire sauter un arrêt de bus, ont détruit en quelques heures l’un des mythes sur l’État d’Israël », a conclu Evgueni Krutikov après avoir énuméré les faiblesses des lignes de défense israéliennes .
Une confiance excessive dans sa technologie et une sous-estimation des capacités arabes. « Les FDI [Forces de défense israéliennes] étaient dans le coma… Ainsi Israël a-t-il subi des pertes plus importantes que de simples pertes tragiques en main-d’œuvre et en équipement. L’attaque palestinienne a détruit l’image et l’idée de forces de sécurité israéliennes bien organisées, prouvant que les forces de sécurité israéliennes se reposaient sur les lauriers des victoires des générations passées. Le renseignement et le contre-espionnage s'étant révélés inefficaces, la réalité laisse l'impression que l’armée israélienne s’est endormie face aux changements de tactiques de combat qui ont lieu actuellement au cours des conflits contemporains.
Dans un message personnel sur Telegram, Krutikov a exposé le consensus actuel de l’état-major russe :
« 1. L’armée israélienne et le Mossad n’étaient absolument pas préparés. Il n’y a pas de système de protection primaire, les garnisons des postes frontières dormaient profondément samedi, jour de la fête [religieuse de Sim’hat Torah]. Les Arabes à pied atteignirent lentement les positions non gardées des Juifs. L’idée même de ces messages était absurde.
2. Ils ne savent pas du tout ce que sont les drones, les systèmes de défense aérienne et tout cela. Le Dôme de Fer est une fiction. Ils vivent dans une sorte de monde fantastique depuis quelques années.
3. Tout ce qui concerne Israël est un mythe. Il n’existe pas de système de défense de ce type, ni de renseignement de ce type. Leurs relations publiques sont solides.
4. Soit les Arabes ont été formés d’une manière spéciale, soit ils ont évolué de manière inattendue vers une nouvelle forme de vie. L’opération était prévue depuis au moins un an, en tenant compte de toutes les nouvelles tendances…
5. Une énorme quantité d’armes arabes ne pouvait pas tomber du ciel. Comment sont-elles arrivées là ? Encore une fois, nous transmettons nos salutations les plus chaleureuses à la mère israélienne du renseignement.
6. L’entraînement tactique est totalement absent. Ainsi que le patriotisme tant vanté.
7. Une cruauté exceptionnelle n’est pas seulement un signe de cette région. Dieu est mort, y compris le Dieu juif.
8- Où ailleurs le feu prendra-t-il ?
Dans une dernière ligne qui se veut un écho ironique de la croyance juive orthodoxe en l’apocalypse, Krutikov écrit : « En vérité, les derniers jours arrivent. »
Quittons ces considérations marquées du sceau de la propagande, bien que reposant sur des réalités jusqu'à ce jour non invalidées, et poursuivons.
Le journaliste, qui a servi sur le terrain en tant qu’officier du GRU, a rapporté dimanche dans Vzglyad :
« Il est clair qu’Israël est technologiquement plus fort. S’il s’avère que tôt ou tard, un tel degré de destruction de Gaza sera atteint que Tel-Aviv pourra parler de victoire, les Arabes ont néanmoins déjà réalisé l’essentiel : ils ont détruit les mythes autour des systèmes de défense israéliens. , et cette victoire morale est bien plus importante que la contre-attaque purement militaire que l’État juif organise désormais contre eux. En outre, les événements de ces jours pourraient remodeler toute la structure militaro-politique du Moyen-Orient et conduire à l’émergence de nouvelles alliances et de nouvelles lignes de front. Dans le contexte de tous les autres événements mondiaux, c’est presque la chose la plus terrible qui puisse arriver. »
Mardi soir, heure américaine, un vétéran de l’OTAN de la guerre en Afghanistan a mis en doute les résultats de l’offensive israélienne à Gaza.
« Les Israéliens n’ont pas la capacité de creuser, et encore moins d’occuper, la forteresse de Gaza. Aujourd’hui, grâce aux bombardements, ils l’ont transformée en un complexe de défense géant, amélioré. Il est sûr qu’il y aura des tunnels et d’autres ouvrages souterrains bien approvisionnés en nourriture, en eau, en fournitures médicales, en armes, en munitions, etc. Nous pouvons parier que ces ouvrages sillonnent la frontière avec l’Égypte. Nous pouvons également parier que, aussi nerveux que soit le général Sissi [le président Abdel Fattah el-Sisi], il existe désormais certainement un soutien égyptien là où il compte. »
« Les Israéliens mobiliseraient 300 000 réservistes. Mais combien de temps une telle mobilisation peut-elle durer avant d’avoir des conséquences sur l’économie du pays ? Les États-Unis, après avoir presque épuisé leurs stocks d’armes et beaucoup d'argent dans la guerre contre la Russie via l’Ukraine, n’ont pas grand-chose à montrer. Comment « donner à Israël tout ce dont il a besoin » ?« Tout cela va sans compter ce que pourraient faire les Russes, les Turcs, les Iraniens, les Libanais sous la forme du Hezbollah et d’autres. Si les Russes lancent une campagne pour briser le blocus avec les Turcs, les Américains et les Israéliens risqueront-ils un échange nucléaire pour tenter de les arrêter ?
Nous voilà donc avec ces deux analyses fort loin des élucubrations des analystes et pseudo « stratèges de plateau » qui relaient la voix de leurs maîtres en une doxa officielle que la trouille et une mésintelligence de la géopolitique sur le plan international et de la politique sur le plan national tentent en vain d'accréditer.
La France est en état d'urgence attentat alors qu'une double guerre, intérieure et extérieure, guerre de mouvement, se met en place.
Sources
ihttps://artofuss.blog/2023/10/10/echec-du-renseignement-riposte-israelienne-importation-du-conflit-en-france-lanalyse-de-pierre-brochand-ex-dgse-sur-lattaque-du-hamas/
iihttps://www.nakedcapitalism.com/2023/10/the-silence-of-the-bears-russia-is-reorienting-towards-the-arabs.html
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