Tu le sens bien mon calendrier ?
D’avec François, Ségolène rompt, seulement voilà, François ne plie pas. Ségolène aura pourtant tout tenté, tout osé... prenant même tous les risques...
... comme annoncer sa rupture d’avec François, le soir du second tour des législatives.
A la réflexion, et considérant le parcours de Ségolène depuis "sa défaite conduisant vers d’autres victoires" du 6 mai dernier, il est désormais clair que cette annonce était tout sauf fortuite.
Je me demandais si elle aurait agi de même si la vague bleue préannoncée par les instituts de sondages avait été validée par le scrutin.
Je me disais que non.
En revanche, une défaite honorable des socialistes aux législatives pouvait permettre à François Hollande de sauver les meubles, de jouer la montre, de garder la maîtrise du calendrier.
Ce calendrier dont Ségolène voudrait tant s’emparer.
C’est donc ce qui se produisit.
Au grand dam de la dame de Melle.
Aidé en cela par ce qu’il est convenu d’appeler la boulette de Jean-Louis Borloo (sur la TVA sociale) boulette qui n’aurait jamais eu lieu sans la roublardise et le flair politique de ... Laurent Fabius.
Etrange, la politique, n’est-ce pas ?
Fabius devenant indirectement l’allié de François Hollande !
Vous me la copierez.
Mais c’est à croire qu’avec les socialistes, aussi, tout devient possible !
Quoi qu’il en soit, le désastre n’étant point survenu, Ségolène officialisa donc sa séparation d’avec son compagnon de trente ans en pleine soirée des législatives.
Objectif évident : détourner l’attention, parasiter le débat, reprendre la main, fragiliser le premier secrétaire aux yeux de tous - n’oublions pas que, dixit Ségolène, c’est lui qui l’a trahie... conjugalement ; retour de la femme victime qui reste debout...)
Raté.
Quand bien même le livre qui suivait cette annonce serait un best-seller, ça n’y changerait rien.
Des deux protagonistes, ce n’est pas François, mais Ségolène qui en ressort abîmée, je parle de l’image qu’elle renvoie à l’opinion.
Ségolène n’est définitivement pas notre Hillary Clinton, autre femme trompée (même si sucer n’est pas...).
Jamais Hillary n’aurait agi de la sorte.
Annoncer sa rupture (qui ne date pas d’hier...) un soir de résultats d’élection lui a fait perdre 1 500 points de crédits aux yeux de l’opinion.
Pire : désormais elle agace, Ségolène.
Elle irrite.
Pourtant, elle ne s’arrête pas.
Elle ne s’arrête plus.
Et cette semaine, voilà qu’elle avoue sur la chaîne Public-Sénat qu’elle a dû porter lors de la campagne présidentielle des idées qui n’étaient pas à ses yeux "crédibles", comme le Smic à 1 500 € (pour 2012 - idée de ... Laurent Fabius) et la généralisation des 35 heures.
Sans omettre de préciser qu’elle avait proposé, elle, des idées "neuves", comme la démocratie participative...
Traduction : les idées du PS qu’elle a dû défendre (à contre-coeur) sont, elles, vieilles, dépassées, obsolètes.
Et donc, celles et ceux qui les défendent : les "fabiusiens", les "jospiniens", la plupart des éléphants, mais aussi, et surtout, le grand ordonnateur du parti : François Hollande.
Aveu (terrible) que l’on peut aussi interpréter de la façon suivante :
"Si j’ai perdu, c’est pas de ma faute. C’est la faute du Parti socialiste !"
Et voilà notre "femme-victime-debout" qui ressurgit.
Ca commence à devenir lassant.
Et d’ailleurs, on finit par couper le son.
Oh ! bien sûr, elle a une "bonne" raison d’agir ainsi :
C’est le temps.
Le temps joue contre elle et elle le sait ; car plus il passe, et plus elle finira par incarner non pas "la défaite qui conduit vers d’autres victoires", mais seulement la défaite.
C’est pourquoi elle multiplie les déclarations, les aveux, les provocations, afin de réduire ce temps, elle en appelle même à un vote des militants (ses grognards en somme, ceux qui l’ont investie à 62 %, le 16 novembre dernier) pour que rapidement, plus rapidement, très rapidement, se tienne un congrès où l’on désignerait le nouveau premier secrétaire du parti.
La nouvelle première secrétaire...
Oui, c’est bien parce que, plus le temps passe moins elle aura d’espace, que Ségolène l’occupe, cet espace, à outrance.
Sauf qu’elle l’occupe mal et de la mauvaise façon.
Et avec les pires arguments qui soient.
Mais en même temps, cela confirme ce que j’avais écrit au lendemain du débat d’entre deux tours opposant la candidate du PS à son concurrent de l’UMP :
Ségolène Royal ne sait pas gérer le temps.
J’ai, pour ma part, l’impression d’assister à un suicide politique quasiment en direct.
Cela dit, la fête, l’after du 6 mai, semble bel et bien terminée.
Car aujourd’hui, les éléphants ont validé le calendrier contre lequel se battait Ségolène "desperate housewife" Royal.
Confortant ainsi la position de François Hollande.
Et, de fait, c’est Ségolène qui plie, puisque l’appareil politique refuse de rompre.
Demain, dimanche 24 juin, elle s’exprimera (encore) dans le JT de Claire Chazal.
Ca devrait ressembler à quelque chose comme : "Mort (politique) en direct."
Ensuite, elle traversera son désert, dans une indifférence à peine courtoise.
Du désert, beaucoup en sont revenus : Charles De Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac et... Nicolas Sarkozy.
Avec le succès que l’on sait.
Ségolène saura-t-elle trouver dans cet ordre naturellement juste, mais sec qu’est le désert, la force (de la rupture) tranquille ?
Rien n’est moins sûr...
En attendant, il me revient cette phrase (juste) prononcée maintes fois par la présidente de la Région Poitou-Charentes lors de la campagne présidentielle :
"Ce qui apparaît, c’est vraiment une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas..."
Ca n’est pas venu.
A ses dépens.
Mais c’est aussi, peut-être, parce qu’elle n’aura pas su, jamais, mettre des mots sur ce : "quelque chose".
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