Tunisie : Ils ne manquent pas d’air
Attablés à leur petit déjeuner continental du coté de Djerba, quelque part dans leur prison du Club Méditerrannée, pas loin du souk, ils n’avaient pas vu venir la révolution tunisienne alors il leur reste une seule chose à faire : prendre le train en marche et faire croire à leur faux soulagement.
Tous à se demander pourquoi l’on a pas accueilli cet ami de la France de Ben Ali, depuis 23 ans au pouvoir dans le confort douillet des complaisances de la République française. Ces embrassades avec Mitterrand, ces accolades avec Chirac, ces poignées chaleureuses avec De Funès, tous nos pantins sont passés par la case connivence.
Alors pourquoi ne pas avoir reçu en grandes pompes ce compagnon de route, ce défenseur des intérêts fondamentaux du pays. L’Arabie Saoudite, royaume complice, en accueillant Ben Ali cette nuit a bien annoncé son plein soutien au peuple tunisien et son augure d’un retour au calme. Pensez donc, l’Arabie Saoudite donnant des leçons de trémolos et de démocratie. On croit rêver, et voir voler les marchands de tapis. Mais tout cela n’a aucune importance si ces gens là nous vendent leur pétrole et nous achètent des Airbus.
Pourquoi n’avoir pas hébergé ce chien fidèle comme nous avons reçu ce copain de Poutine, comme nous avons reçu ce vieux sage de Hu Jintao, ce prince du pays des rêves de Abdullah II et sa reine de beauté Rania, ce sympathique druide de Kadafhi, ce donateur de Omar Bongo ; comme nous avons installé toutes les familles de tous les adversaires des dictatures du monde entier dans les casbahs de l’avenue Foch à Paris. Comme nous avons chaleureusement serré la pogne des grands défenseurs des droits de l’homme que sont les litanies des Présidents israéliens, les kyrielles de mentors à paradis que sont la Turquie, le Turkmenistan, la totalité des pays de la France-Afrique.
Nous sommes de courte mémoire et nous préférons nous comporter en redresseurs de torts vis à vis des faibles, leur réserver le sort que nous avons réservé au Dalai Lama, aux dissidents de tous pays qui ne peuvent être d’aucun secours dans la conquête de parts de marchés.
Et ces journalistes au discours mielleux, depuis hier, depuis que le vent a définitivement tourné, qui ne se demandent toujours pas pourquoi l’on enlève des otages du coté du Niger alors qu’Areva se comporte comme un état terroriste dans l’état, qui ne se demandent pas ce que nous faisons en Afghanistan, au Gabon, en Cote d’Ivoire.
Ces journalistes people qui squattent le centre-ville de Marrakech, ce havre de paix de Mohammed VI, parcequ’en hiver il y fait meilleur qu’à Paris, et qu’on y voit moins de pauvres. Ces salariés du dispositif de conditionnement généralisé, ces bras armés du capitalisme mondial qui se foutent des droits fondamentaux et qui ne s’attachent qu’aux coûts de production. Pour ces suppôts, ces instruments à l’information tronquée, la révolution tunisienne a moins d’importance qu’une victoire de Manchester sur Barcelone en ligue des champions, cela représente moins d’audience et moins d’entrées publicitaires.
Et ces touristes de l’ombre qui se pavanent au soleil d’un hotel quatre étoiles, viennoiserie à volonté, au bord d’une piscine hyper-chlorée et se réchauffent le cul sur le dos d’un chameau trop con, du coté de Tozeur, au carrefour des déserts tunisien, le vrai désert et le désert d’idées de nos vacanciers sans cervelle.
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