Tunisie : les islamistes font la peau aux guignols
Direction la prison pour le propriétaire de la chaîne de télévision privée Tunisienne. Depuis la dernière semaine de août. A 30 kilomètres de Tunis, il n'y a pas que des plages, il y a aussi une prison. Sami Fehri est invité a y rejoindre un logement agrémenté de barreaux, appelé cellule.

Dans une vidéo publiée sur internet juste avant, il affirme que le gouvernement le punit pour une émission satirique diffusée sur sa chaîne et inspirée des "Guignols de l'info", qui se moque ouvertement du président tunisien Moncef Marzouki, du Premier ministre Hamadi Djebali ou encore du leader du parti islamiste majoritaire Ennahda, Rached Ghannouchi. http://www.youtube.com/watch?v=ZSSvYRKgR08
Des organisations de défense des droits de l'homme et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) ont pour leur part souligné que l'incarcération a été ordonnée en violation de la loi, le prévenu n'ayant pas été informé de l'audience. Mais Ennahda n'en a cure.
Le gouvernement Tunisien, responsable du mandat d’arrêt souhaite « assainir » le secteur des anciens complices de Ben Ali. Dans le vocabulaire, assainir veut dire, censurer, et poursuivre ceux qui ont eu des liens avec Ben Ali et les adversaires politiques.
On aurait pu croire avec la révolution Tunisienne que la liberté d'expression allait se développer. preue est aujourd'hui apportée qu'elle a pris un coup. La réalité, cette émission à forte audience n'existe plus. Les média satiriques sont réduits au silence, bientôt les autres ?
Le différend est politique, il intervient après des semaines de pression sur Fehri et sur la diffusion de cette émission sur la chaîne. La justice tunisienne a mis en détention provisoire Sami Fehri dans une affaire de corruption remontant à l'époque du président déchu Ben Ali.
Sami Fehri, est coupable d'avoir été en affaire avec Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali actuellement en fuite au Canada.
Les coïncidences se succèdent de manière bien trop visible, les doutes sur les véritables intentions de d'Ennahda, comme la satire politique de Guignols retirée des programmations "sous pression", les déboires judiciaires de Sami Fehri.
Selim Trabelsi, cameraman de la chaîne Attounissia TV, a été agressé par quatre individus qui l’ont frappé à coup de bâton et menacé avec une arme blanche. Au cours de son agression, le jeune homme a entendu plusieurs fois le nom de Sami Fehri être prononcé. Ses agresseurs ont directement menacé les journalistes et les techniciens d’Attounissia TV, en répétant : “On vous attrapera un par un”.
La satire humoristique qui tourne en dérision les dirigeants politiques, et particulièrement les islamistes d'Ennahda n'est plus. Ennahda veut contrôler les médias, les nominations de leurs partisans à la tête des télévisions, journaux et radios publics se succèdent et ne présagent rien de bon.
Le partisan d'Ennahda, Lotfi Touati a bloqué l'impression de deux journaux la nuit, a fait venir la police au siège des deux titres et a remplacé par de la publicité les textes de la rédaction.
Les journalistes des deux quotidiens, Essabah (en arabe) et Le Temps (en français), goutent aujourd'hui la saveur de la censure.
Le malheur des deux titres était d'avoir été dans le passé, dirigés par Sakher el-Materi, gendre de Ben Ali,
Reporters sans frontières (RSF) s'inquiète d'une "une mainmise" des autorités sur les médias publics.
Quelques liens :
http://www.espacemanager.com/divers/tunisie-les-guignols-de-linfo-arretes-net.html
http://fr.rsf.org/tunisie-empressement-a-delivrer-un-mandat-27-08-2012,43281.html
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