Et r’v’là la Turquie ! A croire que le sujet est réactivé uniquement par des rédacteurs, turcophiles sans qu’on sache jamais pourquoi, - c’est très troublant -, aspirant à de bonnes performances en matière de réactions.
Spécialiste des faux et mauvais prétextes, l’auteur du jour commence par émettre trois objections qui n’en sont que pour les intellectuels (de gauche) et les bénévoles frustrées des officines « progressistes » : les droits de l’Homme, la liberté de la presse, la question du respect des minorités.
Ensuite de quoi, notre journaliste-citoyen s’attaque au seul argument géographique. Citations à l’appui, il démontre son importance d’abord, sa non-pertinence ensuite. En bonne logique, sa démonstration ne présente pas plus d’intérêt que l’argument lui-même.
Un argument qui a été sculpté dans l’aubier de la plus ligneuse des langues de bois. !
Si des électeurs sont un jour consultés à propos de l’adhésion de la Turquie, leur majorité ne se prononcera pas davantage sur les questions de droits de l’homme, de liberté de la presse, de respect des minorités, que de situation de la capitale, de localisation en Asie mineure ou de projet européen, mais sur l’entrée de soixante-dix millions de Turcs, dans l’Union européenne. Et sur rien d’autre !
Il ne s’agit donc pas, fondamentalement de déterminer, si la Turquie est, ou n’est pas, en Europe, mais de savoir si les Turcs sont des Européens, ethniquement, culturellement, intellectuellement et mentalement ! Et de ce point de vue à facettes multiples, la réponse est définitivement et catégoriquement non.
Ethniquement, les Turcs sont originaires d’Asie centrale et il semble qu’ils ne se soient que très peu métissés ensuite de leur conquête de l’Anatolie, à partir du IXe siècle. Si l’on en juge par les massacres de Grecs et d’Arméniens, ainsi que par la marginalisation des Kurdes, ils restent très attachés à l’homogénéité de leur peuple.
Pour le reste, force est de constater que le peuple turc ne possède pas cette convergence de vertus et de qualités qui permet à tout un pays d’accomplir sa révolution industrielle, à savoir, l’inventivité, l’ingéniosité, l’esprit d’initiative et d’entreprise, l’application, l’assiduité…
Et ils n’ont pas l’excuse, comme les pays de l’ancien Bloc de l’Est ou la Corée du Nord, d’avoir été pénalisés par un système politico-économique aberrant. Au contraire, la Turquie moderne a raté son « développement à l’européenne », alors que c’est à quoi tendait toute la politique volontariste de son fondateur, Mustafa Kemal.
Par conséquent, si les Turcs étaient des Européens, on le saurait depuis soixante-dix ans au moins ! Aujourd’hui, la Turquie serait un pays industrialisé dont le PIB/hab. serait l’équivalent de celui de l’Italie ou de la France, c’est-à-dire de 5 à 6 fois plus élevé qu’il n’est actuellement ( 6’000 dollars US).
On peut donc dire que la Turquie fait partie de cette centaine de pays, des cinq continents, qui sont pénalisés par la médiocrité de leurs ressources humaines. Et l’émigration n’en modifie pas sensiblement le niveau moyen. Au début de cette année, l’hebdomadaire « Der Spiegel » révélait qu’alors que 30 % des jeunes Allemands obtiennent leur bac, la proportion tombe à 14 % pour les jeunes Turcs de troisième génération.
Nous voici très loin de considérations historico-géographiques plus ou moins superficielles, mais bien près de gens qu’ils s’agiraient d’intégrer dans une communauté européenne au sein de laquelle ils n’ont pas leur place. Parce qu’ils créeraient beaucoup plus de nouveaux problèmes qu’ils n’en solutionneraient d’anciens. Au mois de janvier, le « Spiegel » titrait son enquête sur le bilan de quarante ans de présence turque en Allemagne « Pour toujours étranger ».
Et cela, c’est la meilleure des raisons de dire NON à l’entrée de la Turquie dans l’U.E. Nous ne compterons pas sur les invertébrés qui nous gouvernent pour la servir à l’opinion publique.
* http://www.spiegel.de/spiegel/0,1518,603321,00.html