Turquie, prison à ciel ouvert pour les journalistes et pas seulement
Le hasard du calendrier a fait qu’hier, 25 avril 2018, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a publié son rapport annuel sur la liberté de la presse.
Le même jour, la justice turque condamnait à de lourdes peines des journalistes du quotidien d’opposition kémaliste Cumhuriyet.
On lit notamment sur le site de Reporters sans frontières à propos de ces condamnations : « Le directeur exécutif du quotidien, Akın Atalay, son rédacteur en chef Murat Sabuncu, le journaliste d’investigation Ahmet Şık, les chroniqueurs Kadri Gürsel et Hikmet Çetinkaya, le caricaturiste Musa Kart, l’ancien rédacteur en chef par intérim Aydın Engin ainsi que les administrateurs Bülent Utku, Güray Öz, Önder Çelik, Mustafa Kemal Güngör, Hakan Karasınır et Orhan Erinç, ont été condamnés à des peines allant de deux ans et demi à huit ans, un mois et quinze jours de prison pour “assistance à une organisation terroriste”. Le comptable du journal, Emre İper, a été condamné à trois ans, un mois et quinze jours de prison pour “propagande terroriste”. Au bout de près d’un an et demi de détention provisoire, Akın Atalay a enfin été remis en liberté conditionnelle. Les fiscalistes de Cumhuriyet Günseli Özaltay, Bülent Yener et le rédacteur en chef du supplément Livres, Turhan Günay, sont acquittés. Le tribunal traitera séparément les dossiers de l'ancien rédacteur en chef Can Dündar et du journaliste İlhan Tanir, en exil. »
Le seul méfait de ces journalistes a été le refus d’obéir au sultan d’Ankara, Erdogan, gêné par les révélations de la presse turque, notamment de Cumhuriyet, sur, entre autres, la corruption des personnes de son entourage et le rôle du régime turc dans la montée et le financement de l’Etat islamique.
Enfin, RSF classe la Turquie 157e au niveau mondial dans le domaine de la liberté de la presse, avec deux places de moins par rapport au classement de l’année dernière.
L’article des RSF intitulé : « Le journalisme à l’heure de la purge massive », dit : « La chasse aux médias critiques menée par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan culmine depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016. L’état d’urgence a permis aux autorités de liquider d’un trait de plume des dizaines de médias, réduisant le pluralisme à une poignée de journaux harcelés et à faible tirage. La Turquie est de nouveau la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias. Passer plus d’un an en détention avant d’être jugé est devenu la norme, et lorsque tombent les condamnations, elles peuvent aller jusqu’à la prison à vie incompressible. Les journalistes incarcérés et les médias fermés sont privés de tout recours effectif : l'Etat de droit n'est plus qu'un souvenir dans une République devenue hyper-présidentielle, où même les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont plus systématiquement appliquées. La censure d’Internet et des réseaux sociaux atteint elle aussi des niveaux inédits. »
Sans commentaire.
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