Turquie : selon les souhaits de son président tente de devenir un centre politique et géopolitique
1. L’échec du rapprochement entre l’Union européenne et la Turquie a une conséquence importante que peu de spécialistes mettent en avant : Le président turc (à l’époque Premier ministre) avait clairement fait savoir que l’absence d’adhésion de son pays à l’UE, le conduirait à devenir lui-même, un centre politique et stratégique aussi important au niveau de l’attractivité, que l’UE. Certains faits marquants de la politique turque en sont la parfaite illustration :
a) La guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avec le soutien militaire et matériel à ce dernier, fut le dernier acte à cette ambition.
b) La guerre en Syrie a permis à la Turquie de chasser les Kurdes syriens de sa frontière et de les remplacer par les sunnites Syriens qui lui sont fidèles.
c) L’Afrique est devenue le nouveau continent où vont se jouer les grands affrontements de demain (l’Asie est, pour le moment, trop loin des ambitions turques). Là aussi, la Turquie avance ses pions.
d) L’UE est elle-même attaquée par la Turquie. Cette dernière viole les espaces maritimes et aériens de Chypre et de la Grèce, qui ne reçoivent aucun soutien des membres de l’UE. A part quelques exceptions notables (France, Autriche, Irlande) les autres pays de l’UE continuent à commercer avec Ankara et à soutenir la Turquie et son gouvernement islamo-conservateur.
2. L’exemple de la Syrie et de l’Artsakh sont caractéristiques de cette agressivité turque. En Syrie, le maniement de l’ingénierie démographique – une des spécialités turques depuis l’époque ottomane – est en œuvre : sous la protection de l’armée turque présente dans ce pays, l’espace frontalier syro-turc, est vidé de sa population kurde, remplacée par les affidés d’Ankara.
L’Azerbaïdjan est vassalisé par la Turquie. Cette dernière, par son aide militaire directe, la fourniture d’armes sophistiquées (drones) et l’installation des djihadistes syriens dans les territoires que l’Azerbaïdjan a occupés l’année dernière, utilise encore l’arme démographique pour consolider sa présence sur place. Cette politique permet à la Turquie de contrôler un espace allant de la Thrace orientale jusqu’aux frontières chinoises. Et ce que l’on appelle la « communauté internationale », siffle indifférente et regarde ailleurs.
La politique de turquification appliquée à Chypre est en train d’être exportée un peu partout par la Turquie d’Erdogan. A ce titre, le soi-disant « président » de la « République Turque du Nord de Chypre (RTCN) » Ersin Tatar, se rend aujourd’hui, 23 décembre 2021, en Turquie où il va rencontrer entre autres, le ministre turc chargé du dossier de Chypre
Le « ministre » de l’Economie chypriote turc emboite le pas à Tatar. Il se rend aussi en Turquie pour « négocier » les relations commerciales et les échanges entre la partie nord de Chypre occupée par la Turquie depuis 1974 ainsi que le protocole économique avec la Turquie. Rappelons que la Turquie finance plus de la moitié du budget de la « RTCN » et que les récentes difficultés de la monnaie turque (en fait la chute extrême de la livre turque) ont obligé Ankara de diminuer le financement à Chypre nord, ce qui a provoqué une paupérisation des classes moyennes et pauvres et des manifestations diverses contre la direction nationaliste chypriote turque et la Turquie.
3. Enfin, les mesures annoncées par le Président turc (pour soutenir la livre et augmenter le salaire minimum) n’ont pas l’air de répondre à la chute vertigineuse de la monnaie turque. Des instituts de sondage turcs (comme Metropoll) et des spécialistes prévoient que le problème ne sera pas résolu avec ces mesures (les Turcs font la queue devant les boulangeries vendant du pain à moitié prix ; ces boulangeries sont subventionnées et même ce pain porte le nom de « pain du peuple » (en turc : halkin ekmek). Selon de nombreux observateurs, ces mesures ont été prises pour des raisons électoralistes uniquement.
4. La mégalomanie de Recep Tayyip Erdogan qui se rêve en néo-sultan et calife conduit son pays à une crise économique sans précédent. Et ce sont les Turcs qui en subissent les conséquences…
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