Ubérisation de la réparation automobile

Il était une fois un orage de grêle court mais violent qui s'abat sur notre région du Médoc, comme quoi il n'y a pas que du bon vin mais aussi les colères de Zeus.
Enfermé dans la maison, volets baissés, c'est 15 à 20 minutes d'angoisse ou vous avez l'impression que le toit va s'effondrer et que les volets vont exploser. Et puis c'est le grand silence et la crainte de sortir pour constater les dégâts.
La voiture semble avoir attrapée la petite vérole, dans mon malheur j'ai eu quand même de la chance car aucun bris de glace. Véhicule de 4 ans en parfait état, comme ont dit ça fout les boules.
Et là le parcours du combattant commence. Petit coup de fil à l'assurance qui me confirme que je serai pris en charge et que dans le cas d'un événement climatique important les compagnies organisent une plateforme qui facilitera la gestion des nombreux dossiers. J'en suis resté à la traditionnelle visite chez son carrossier avec expertise suivie de la réparation, mais après tout pourquoi pas !
Les jours passent et je suis appelé par un cabinet d'expertise qui me donne un rendez-vous sur la plateforme qui se trouve à 60 km de mon domicile. 120 km aller/retour pour une expertise c'est quand même beaucoup.
L'expertise se passe dans une société qui fait de la gestion de parc ,de la vente de véhicule d'occasion, etc... mais l'entreprise qui gère la plateforme n'est pas la même et est inscrite au RC comme réparation automobile "en sous traitance". Je l'ai appris plus tard.
C'est comme un jour de solde, de nombreux clients attendent leur tour et les expertises s’enchaînent à grande vitesse avec les experts qui râlent d'avoir trop de boulot. Le mien, un petit jeune en formation, prend des photos pendant qu'une équipe de deux Espagnols compte les impacts de grêle "un, dos, tres". Expertise qui se veut contradictoire, pourtant le client doit attendre dans son coin et à ma connaissance aucun professionnel de la carrosserie n'est présent pour négocier avec l'expert.
L'expertise terminée on commence à me parler de commande de pièces et de rendez-vous pour la réparation. J'avais pas bien compris, le plateforme gère l'expertise mais aussi la réparation et là ça va trop vite. « pas si vite » comme dit Lamoureux dans la 7e compagnie . J'ai comme un doute et pas assez de temps pour réfléchir, j'ai besoin de recul et je demande quelques jours pour réfléchir. La responsable de la plateforme joue le forcing en me proposant de prendre en charge la franchise mais j'ai horreur qu'on essaye de me forcer la main.
Le comportement de l'assurance n'a pas étét pas conforme à la loi. L’arrêté du 17 juin 2016 précise :
« Art. 1er. – La faculté pour l’assuré, prévue à l’article L. 211-5-1 du code des assurances, de choisir le réparateur professionnel auquel il souhaite recourir lui est rappelée de manière claire et objective dès le premier contact de l’assuré avec l’assureur en vue de la déclaration du sinistre.
Si le moyen de communication est oral, un écrit, notamment un message électronique ou un message textuel interpersonnel (SMS) spécifique, confirme dans les plus brefs délais cette information »
Laisser des entreprises se créer en tant que « réparateur automobile » sans avoir à ma connaissance aucune structure dédiée mais en utilisant à outrance la sous-traitance parfois étrangère, permettre à celles-ci de capter par l'intermédiaire des plateformes la clientèle habituelle des carrossiers qui sont eux de vrais professionnels sous le regard bienveillant des experts mais aussi des compagnies d'assurance qui « oublieront » malgré la loi de vous donner l'information requise.
Tout cela c'est l'ubérisation de la réparation automobile.
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