Ukraine : le nouveau Premier ministre cache sa joie
Les mines étaient sombres lors de la présentation du futur gouvernement à la foule massée sur la place Maïdan. Arseni Iatseniouk, le nouveau Premier ministre, avait adopté un visage grave.
Du jamais vu dans une démocratie, parce que l’Ukraine est une démocratie, les futurs ministres devaient obtenir l’aval de la foule. Assiste-t-on à une authentique démocratie ou à un populisme poussé à l’extrême ?
On serait plutôt fondé à verser pour la seconde option. Parce que depuis près de vingt ans, le populisme s’est durablement installé dans le paysage politique européen.
On le retrouve autant dans des pays structurellement corrompu, c’est notamment le cas en Grèce avec « Aube dorée » ou en Italie avec le « Mouvement 5 étoiles » de Beppe Grillo, que dans les pays jugés intègres, comme dans les pays nordiques.
Que faut-il en penser ?
Que le populisme grignote inexorablement le champ politique. En ce qui concerne l’Ukraine, le gouvernement issu des événements de la place Maïdan, a toutes les chances de rapidement devenir impopulaire. Le pays est lourdement endetté, il va lui falloir faire des efforts. Les révolutions connaissent rarement des lendemains qui chantent. Qu’on se souvienne, la Révolution française a connu la Terreur et inscrit durablement la logique d’affrontement pour gérer les rapports sociaux ou politiques. La révolution iranienne a installé les Mollahs et, plus près de nous, le printemps arabe a été confisqué par les anciens caciques (Egypte) ou par des fondamentalistes. Il n’y a guère qu’en Tunisie que la révolution semble avoir porté une démocratie au pouvoir. Mais pour combien de temps ?
Les révolutions ne profitent, bien souvent, qu’à une classe de privilégiés insatisfaits. L’Ukraine a peu de chances d’échapper à la règle.
La mise en scène de l’acclamation du futur gouvernement a donné au peuple de Maïdan l’illusion qu’il choisissait, qu’il décidait, qu’il gouvernait.
Ioulia Tymochenko a refusé le poste de Premier ministre, mais Arseni Iatseniouk, un proche, va gouverner. Les élections présidentielles se tiennent dans trois mois. Il y a fort à parier que Ioulia Tymochenko briguera la fonction. Elle a eu raison de ne pas se fourvoyer dans cet immédiat après révolution, elle se fera désirer. Une fois élue, il lui sera aisé d’obtenir d’importantes modifications constitutionnelles sur mesure.
D’ici là, les tensions resteront vives. Un retour au calme n’avantagerait pas les nouveaux maîtres d’Ukraine, au contraire. On peut craindre qu’ils multiplient les provocations à destination de leur puissant voisin, la Russie, pour garantir leur pérennité. Mais jusqu’où ?
Le climat international, tant économique que sécuritaire, n’est pas à la sérénité. Ne comptez pas sur l'Europe pour l'apaiser, elle est trop occupée à préparer les élections.
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON