Ukraine : Russie -1, Occident -2, retour à la guerre fraîche !
La guerre « fraîche » fut la période de la fin des années 70, début des années 80 qui vit les tensions entre l’Est et l’Ouest se ranimer, avec d’un côté R. Reagan et de l’autre Léonid Brejnev. Il est à craindre que la crise ukrainienne nous ramène à cette période de tension qui ne fut pas aussi « dure » que la guerre froide des années 50, mais qui fut tout de même une époque rude pour les deux camps.
Cette fois, le lancement de la confrontation est venu de l’occident. La volonté des Etats-Unis et des pays européens de « ramener » l’Ukraine au sein de l’Europe en est la cause. L’idée d’intégrer cette dernière au sein de l’OTAN et de l’associer (pour mieux l’intégrer à terme) à l’Union Européenne ne pouvait que fortement contrarier la Russie (voir http://www.christophebugeau.fr).
La Russie ne pouvait accepter cela, et la « révolution » ukrainienne a eu pour effet d’accélérer le processus. L’annexion en cours de la Crimée est la preuve que la Russie est désormais prête à une confrontation plus « directe ». Les européens et les américains qui jouent les vierges effarouchées ont la mémoire courte. Lorsqu’en 2008 la Géorgie a été envahie par la Russie, c’était pour la même raison : une volonté occidentale « d’encercler » la Russie.
Dans les deux cas, il s’est avéré que c’était une mauvaise idée, mais cette fois, il est probable que les dégâts seront plus importants : les relations entre les deux parties risquent d’être compromises pour longtemps.
Le référendum qui s’est tenu dimanche a donné une large majorité aux partisans d’un rattachement de la Crimée à la Russie. Si cette annexion avait lieu, ce serait un fait accompli sans précédent depuis longtemps en Europe, même si l’indépendance unilatérale du Kosovo qui s’est séparée de la Serbie peut être considérée comme comparable.
La volonté des russes de sauver leur base navale de Sébastopol a fortement joué. Mais les actions qui semblent se dessiner vers l’Est de l’Ukraine ne sont pas de bonne augure. Le risque est donc, que les russes ne lorgnent en supplément sur la partie Est de l’Ukraine : le Donbass (avec les villes de Donetsk et de Kharkov).
Cette stratégie aura des conséquences au long terme : les russes savent bien que ni les européens, ni les américains ne sont en mesure d’intervenir militairement. Quant aux menaces de sanctions économiques, elles sont un coup d’épée dans l’eau. Nous dépendons beaucoup plus de la Russie (notamment du point de vue énergétique) que cette dernière de nous. Ce n’est pas la suspension des visas des dirigeants russes qui sera d’un grand effet !
Cette situation est dangereuse à plus d’un titre : la Chine ne va pas apprécier que la Russie qu’elle soutenait jusqu’à présent modifie unilatéralement des frontières reconnues internationalement. Or, il est à craindre qu’une Russie qui serait en situation d’isolement complet sera beaucoup moins coopérative.
Nous sommes donc face à une situation qui s’envenime. Les risques de guerre directe sont faibles. La Russie peut intervenir en Ukraine, mais n’a pas les moyens d’envahir et d’occuper totalement un pays de 46 millions d’habitants. L’Ukraine n’a pas les moyens de se défendre, ni les occidentaux de l’aider.
Mais la scission partielle du pays est en soi un acte grave qui prouve que Moscou pense que le pouvoir des Etats-Unis dans le monde est fortement amoindri et que nous sommes revenu à une période de tension en Europe (encore une fois du fait de la volonté des occidentaux d’isoler la Russie) alors qu’un rapprochement et une entente avec la Russie sont plus que jamais nécessaires pour faire face à la montée de la Chine.
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