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La visite des cimetières n'est pas toujours triste.
Au Père Lachaise, on peut y faire d'intéressantes découvertes, tout en s'y promenant fort agréablement.
On peut difficilement résister au charme étrange de certains cimetières ruraux anglais, curieusement désordonnés, comme à l'abandon, ou aux couleurs presque joyeuses des cimetières mexicains ou antillais. Il y a aussi les roumains et les autres...
Mais le plus intéressant est ce qu'on peut lire sur la pierre ou le bois, les ultimes paroles du disparu ou de ses proches.
Chacun laisse un petit message, avant de partir, comme une bouteille à la vie.
Enfin, s'il y pense, s'il peut, s'il en a eu envie...
Ou d'autres se sont chargés de le faire à sa place,..avec plus ou moins de bonheur, parfois avec un mauvais goût plutôt kitch.
Il y a des taiseux qui partent discrètement, sans laisser un mot sur la table
Certains ne laissent pas de message. La plupart même.
Surpris pas la faucheuse. Manque de temps ou d'esprit...Ou par indifférence : après moi...
D'autres choisissent un granit froid, net, mais poli. Sans tralala. Silence éternel....
Il y a les laconiques, à la formule sèche et courte, à la romaine, du genre : N'oublie pas que tu es mortel.. Au cas où on l'oublierait...
Il y a les volubiles, les bavards, qui en font des tonnes, pour attirer les futurs regards. Narcissiques jusqu'au bout...et au-delà.
D'autres font dans le conventionnel le plus plat : Au revoir, là-haut.. sans préciser les coordonnées...
D'autres font de l'humour jusqu'au bout. Ils ont ma préférence .Ils n'ont pas pris la mort au sérieux.
Certains vont jusqu'à se moquer du monde gentiment ou cruellement, ou lancent une dernière blague, comme Allais : Ci-gît Allais - sans retour....ou comme Francis Blanche : Laissez-moi dormir ! J'étais fait pour ça !
Il y a les poètes, comme Alfred de Musset au cimetière du père Lachaise, qui versifient jusqu'au bout : :
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai !
Il y a les farceurs comme le poète Scarron, premier mari de Madame de Maintenon, qu'une maladie, une terrible infirmité, empêcha toute sa vie de dormir ! Il rima pour lui-même :
Passant, ne fais pas de bruit !
Garde que ton pas ne l'éveille,
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille !
Il y a aussi les misanthropes ou les fatigués de la vie qui, comme Fernandez (1928-2005) soupirent éternellement de béatitude : Enfin seul !
Bref, l'imagination de certains semble sans limites...
Les épitaphes, quand elles sortent du conventionnel, font rêver ou sourire, selon le cas. La mort est ce qu'elle est, triste et froide C'est ce qu'en disent les hommes qui présente un intérêt.
Non, vraiment, pas toujours tristes, les cimetières.
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