UMP : ils n’ont pas tué le père
Le premier secrétaire de l’UMP cherche aujourd’hui à fédérer l’ensemble de la droite. Il a fort à faire, pour traiter avec un camp dissolu, et surtout pour se redonner une légitimité, lui qui a été qualifié de responsable de « mafia » par François Fillon.
Tout avait pourtant bien commencé : dans l’émission « Des paroles et des actes », chaque candidat avait l’air de donner le change, le débat était courtois, les prises de position claires, assumées, aucun coup bas ne partant d’un côté comme de l’autre. Et pourtant, derrière cette façade de diplomatie polie se cachait en réalité une rivalité proche de la haine, qui a explosé après des résultats en faveur de Copé, jugés aussitôt controversés par le perdant Fillon.
Le problème dans le conflit n’est pas son étalage au grand jour, même s’il ne fait pas très sérieux. Après tout, les électeurs français sont habitués à cette lutte fratricide au sein de la droite française : Chirac et Valéry Giscard D’Estaing, Balladur et Chirac, De Villepin et Sarkozy…les exemples ne manquent pas.
Le vrai problème se situe plutôt dans la réaction de recherche d’une porte de sortie en la personne d’abord de Juppé puis de Nicolas Sarkozy. Cette tentative de conciliation autour d’une figure faisant consensus est un aveu de faiblesse de la part des deux candidats.
C’est le signe que les deux prétendants se considèrent davantage comme des frères guerroyant pour la succession paternelle, que comme des leaders naturels. Il y a quelque chose de terriblement enfantin dans les prises de position de Copé et de Fillon, se disputant une sucette en demandant à papa Sarkozy ou tonton Juppé de bien vouloir dire qui mérite le plus la sucrerie.
Et cette recherche de la figure paternelle, elle ne trompe pas les Français, et coutera leur crédibilité pour toute future élection à Jean-François Copé ou à François Fillon. En 2007, Nicolas Sarkozy avait tué le père en la personne de Jacques Chirac, pour pouvoir s’émanciper d’un quinquennat qui aurait pu peser dans l’élection, et pour pouvoir s’affirmer comme homme, indépendant, et non comme le jeune héritier d’un héritage qui lassait les Français. Jacques Chirac avait fait pareil avec Chaban-Delmas. Tuer le père est un passage obligé en politique, passage qu’ont manqué Copé et Fillon.
C’est ce que Dominique de Villepin n’a pas compris, et qui lui a coûté sa carrière politique. En voulant à tout prix défendre son père spirituel Jacques Chirac face au tumultueux Nicolas Sarkozy, il s’est de lui même mis en position d’outsider naturel.
Car le public électeur, s’il n’aime pas le sang et le tumulte, attend cependant les prises de position claires et assumées. Malgré son apparente envie de pacifisme et d’apaisement, il attend surtout à la tête du pays un homme à poigne, un homme, un vrai, et non un enfant qui vit dans le souvenir du passé.
Aussi, le plus délicat pour Jean-François Copé et François Fillon aujourd’hui, n’est pas d’être à la tête d’un parti divisé. Ce n’est pas non plus de se disputer comme des chiffonniers aux yeux de tous les Français. La querelle est un art de vivre intimement lié à notre culture. Non, le plus grave dans tout ça, c’est qu’ils ont perdu la part de virilité et d’indépendance guerrière qui permet, par la prise de distance vis à vis du bilan des glorieux aînés, d’incarner une ligne politique nouvelle, de présenter des idées qui sont à soi et non héritières des échecs passés.
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