Un Autiste qui pousse un coup de gueule contre d’Autres Autistes

Les étiquettes, ça va ça vient concernant la large palette des personnes regroupées sous le vocable « autisme ». Si celle d’autisme de haut niveau a disparu, c’est parce qu’elle était inutile au final. Cela n’empêche pas le milieu médical de s’en servir malgré tout pour expliquer une situation, on peut le comprendre non ? De même, le terme « Asperger » n’existe plus dans le nouveau DSM. Là pourtant, un profil précis en termes de compétences, était dégagé mais celui-ci se fond désormais dans ce que l’on appelle "le spectre autistique". Quant au terme NVLD (SDNV pour les Français) qui désigne un autre profil bien plus rare, au carrefour de l’autisme et des troubles des apprentissages, lui il est méconnu chez les Gaulois, faut-il en conclure qu’il n’existe pas si vous ne savez pas le distinguer ? 

Zen attitude SVP !

Par ici l’analogie avec le végétarisme, autre incompris cette fois au niveau du positionnement alimentaire (ne parlons pas des valeurs) :

les végétariens ont pour dénominateur commun de ne pas manger de viande. C’est absolument le seul critère « commun » qui les rassemble. Il y a ensuite beaucoup de façons d’être végétariens : alimentation dite vivante, végétalisme... ceux qui refusent toute chair animale mais qui avalent des oeufs, du miel, boivent du lait, ceux qui ne mangent rien de tout ça ou qui encore, considèrent que des huîtres ou des crevettes, c’est « casher », il y a donc les crudivores, les frugivores etc. il y a encore la manière de cuisiner qui va différencier les personnes de ce minuscule monde au sein des omnivores : jus,vapeur, déshydratation, classique, mixte... 

Le spectre dit autistique, c’est exactement la même chose : il y a toute une gamme ! Attention, l’erreur serait ici de vouloir quantifier un « degré d’autisme » quand il n’est bien en fait que le point commun... et celui-ci peut s’exprimer de différentes manières (chaque vécu est différent, chacun a son propre potentiel) 

Pourquoi une grande inaptitude chez les neurotypiques à se passer de stéréotypes ?

D’abord, nous avons des idées préconçues sur ce qu’est « l’autisme » car en médecine, il faut bien classifier si on veut dépister. On fait rentrer les enfants/adultes dans des catégories restrictives, ensuite on ajoute de nouvelles étiquettes pour apparenter des profils mieux affinés au fur et à mesure que la connaissance avance. Finalement, on réalise la vacuité d’une telle approche qui ne prend en compte que les différences au lieu de s’attaquer au point commun, et l’on remet les compteurs à zéro en mettant tout le monde dans le même panier. C’est à dire ceux qui parlent, ceux qui ne parlent pas, indépendamment du QI : ceux qui ont des capacités prodigieuses, ceux qui n’en ont pas, ceux qui mordent et se tapent la tête contre les murs, ceux qui jouent au foot, ceux qui ont deux pieds gauches, les doués à l’école, les malchanceux qui ont en plus des troubles d’apprentissage spécifiques ou non etc. etc. 

Sûr que de l’extérieur, cela n’aide pas à se faire une idée précise de l’autisme pour les amateurs de Rain Man, archétype d’un syndrome qui existe mais... absolument pas représentatif au sein des « troubles » du développement d’origine neurologique ; vous avez aussi Forrest Gump, "bas du QI" au prétexte surtout qu’il est trop honnête. 

Le problème de l’autisme, c’est qu’il est beaucoup apprécié en fonction de critères plutôt liés au retard mental. Ce fut aussi le malheur des sourds ou des dysphasiques à une époque plus ancienne...

Et pour contrebalancer une image désastreuse (on ne peut accepter la différence que si elle est porteuse d’exploit), on aime bien valoriser les personnes dites autistes mais virtuoses en certains domaines...

Au cinéma, il est difficile de cerner la vie réelle d’une personne autiste (ou apparenté), soit au plan médical : pas d’instinct en compréhension émotionnelle et sociale pour faire ultra ultra court au niveau des compétences ou capacités. Tout doit être appris. Attention, il ne suffit pas d’être « bizarre » ou « un peu ours » , imaginez que l’on vous tende la main et que vous ne savez pas ce que ce cela veut dire et vous aurez une petite idée du problème… car on sait qu’une chose apprise dans un contexte précis, n’est pas utilisable dans une autre situation sans compter la difficulté à déchiffrer le langage non verbal !! Et là, ce ne sont que les codes sociaux, tout le reste est à l’avenant... 

Alors deux films pourtant à ne pas rater tant ils sont excellents :

Snow-Cake

http://www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Snow-Cake

Ben x

http://www.youtube.com/watch?v=IV3Ovktbbsc

... Deux jolis livres aussi pour sortir des stéréotypes :

 "Je suis à l’Est" de Josef Schovanec (Pocket) 

 "Excentriques, Phénomènes & Syndrome d’Asperger" de Luke Jackson (AFD)

 Ils sont destinés à ceux qui écriront cette fois : 

"l’autisme est bien connu pour l’incapacité à avoir de l’humour"