Un autre procès pour l’essayiste controversé d’extrême droite Alain Soral
Alors qu’il avait été condamné à un an de prison ferme au mois d’avril, l’idéologue Alain Soral comparaît à nouveau pour une sortie jugée antisémite. Il a été convoqué le mercredi 6 Juin à Paris.
Une affaire après une autre
La série judiciaire d’Alain Soral ne connait décidement jamais de pause. L’homme de 60 ans avait été condamné en janvier dernier dans une autre affaire d’antisémitisme. Il avait été jugé à Paris pour deux dessins. Alain Soral avait ouvertement mentionné et attaqué la Procureure du tribunal qui avait requis cinq mois de prison ferme contre lui.
Le mardi 26 mars, l’essayiste avait été condamné définitivement à 10 000 euros d’amende, avec la possibilité d’un emprisonnement en cas de non-paiement, après le rejet de son pourvoi en cassation. Pour rappel, il avait publié sur son site Egalité et Reconciliation un dessin nommé « Chutzpah hebdo ». Négationniste, cette image representait à la une, le visage de Charlin Chaplin devant l’étoile de David avec dans une bulle avec la mention, la question : « Shoah où t’es ? ».
Cette caricature provocante et scandaleuse de l'hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo » après les attentats de Bruxelles : « Papa où t’es ? » lui avait coûté un mandat d'arrêt ordonné le 15 avril par le tribunal correctionnel de Paris. Pour les magistrats qui l’avaient déjà condamné à trois mois de prison ferme en mars 2017 pour contestation de crime contre l’humanité et injure raciale, le dessin laisserait penser « qu’il serait légitime de s’interroger sur l’existence de la Shoah » et insinuait « chez le lecteur que l’idée de la Shoah serait non une réalité indiscutable mais une fabrication de l’esprit », écrit Le Figaro.
L’essayiste qui risquait la détention avait fait appel. Finalement, le parquet de Paris avait décidé de ne pas exécuter le mandat et en avait fait appel malgré les multiples dénonciations des associations antiracistes : « Le parquet de Paris, à qui les auteurs de cette tribune reprochent par ailleurs de « protéger les racistes et les antisémites de toute sanction effective » précise qu’il a, au cours de cette audience, requis la condamnation de l’intéressé à une peine de prison ferme.Il souligne enfin qu’il n’a pas interjeté appel de la peine d’un an d’emprisonnement prononcée par le tribunal, mais seulement du mandat d’arrêt. » avait déclaré le procureur Remy Heitz dans une tribune publiée sur le site de « l’Obs ».
Cette peine était assortie d’un mandat de dépôt. Alain Soral libre pouvait être arrêté à n’importe quel moment et envoyé en prison.
Le panthéon : « Une véritable déchetterie Casher »
Le mercredi 5 juin, il a été requis contre l'essayiste d’extrême droite un an de prison ferme pour des propos jugés antisémites, tenus dans une vidéo postée sur son site internet Egalité et Reconciliation. Il est jugé pour « injure publique à caractère antisémite et pour provocation publique à la haine ».
L’affaire remonte au 19 juillet 2018. Après l’entrée de Simone Veil au Panthéon, Alain Soral crache une énième fois ses opinions à la limite de l’injure envers toute la communauté juive. Fondateur et Président du mouvement également appelé « Égalité et Réconciliation » L’idéologue d’extrême droite a déclaré dans sa vidéo à propos de la cérémonie d’intronisation de Simone Veil au Panthéon : « On a toute la famille Veil qui vient d’y rentrer, et puis là ils veulent peut-être presque nous mettre Lanzmann (ancien résistant et réalisateur du documentaire Shoah ) C’est ça le vrai problème, on nous a pas mis des noirs et des musulmans au Panthéon. Voilà, c’est une véritable déchetterie casher ».
Pour sa défense, son avocat Me Damien Viguier reprenant les thèories de son client a expliqué le mot « déchetterie » par le lien que ce dernier faisait entre les corps entreposés au Panthéon et les « cadavres » d'enfants résultant selon sa conception, des avortements légalisés par Simone Veil. Le magistrat a par ses arguments choqué et provoqué l'indignation des parties civiles. Cité dans le Figaro, il a conclut : « Les propos de Soral sont de la provocation, pas des actes appelant à la violence » qui seraient « discriminatoires ».
Alain Soral n'était pas présent à l'audience le jour de sa convocation. Toujours en liberté, il pourrait assister aux audiences prévues. La décision de la cour de la justice sera rendue le 2 octobre. Pour l’heure, il dément comme depuis de nombreuses années toute position antisémite, déclarant cibler plutôt « l’idéologie juive » que les personnes juives.
Me Stéphane Lilti, avocat de l'association " J'ACCUSE ! " qui s’est constituée partie civile dans l’affaire s’indigne quant à elle de son coté. Citée par l’AFP, elle a déclaré : « Aujourd'hui, Soral c'est la marque de l'antisémitisme. Soral est devenu synonyme d'antisémite professionnel ».
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