MAN n’y est pas allé de main morte pour célébrer dignement
le 8 mars, la journée de la femme.Dans un dessin paru dans Le Midi Libre, il a croqué une femme volumineuse en train de s’exclamer :
« On est pas des gonzesses ! » tandis que derrière elle, horrifiées, deux jeunes femmes
fluettes par contraste répliquaient soulagées en aparté : « Dieu
merci ! » Tout est dit. Oui mais
quoi ?
Une première lecture hors-contexte
Le paradoxe saute, c’est vrai, à la figure : on n’a pas l’habitude d’entendre une femme, fût-elle dévorée d’embonpoint, rouler ainsi des mécaniques et lancer à la cantonade le cri sexiste familier des primates.
Comme les indices du contexte sont ténus et peuvent très bien dans un premier temps ne pas être repérés, on est tenté de voir d’abord une scène pleine d’ironie où une femme s’en prendrait à d’autres femmes trop soucieuses de leur apparence, à la façon de certaines féministes. MAN campe, en effet, une caricature de mémère disgracieuse à souhait. Parure et maquillage ne peuvent réparer cet outrage vivant de la nature et faire de ce monstre de chair une femme avenante : sa trogne disproportionnée malgré boucles d’oreille, lèvres rouges et collier, reste une trogne vissée sur un torse-abdomen d’haltérophile d’où pendent deux appendices en guise de bras. On ne sait d’ailleurs comment elle tient debout sur deux courts jambonneaux glissés par miracle dans de menus escarpins écrasés, les malheureux, sous ce quintal de graisse.
Elle a tout l’air, par intericonicité, avec son petit sac d’une sorte de mère maquerelle qui part au turbin. Rien d’étonnant qu’elle injurie la grâce faute de pouvoir jamais l’approcher et qu’elle crie sa haine des femmes qui ont la chance de l’avoir ! Le renard de Jean de La Fontaine en fait autant quand il méprise les raisins mûrs mais hors de portée en les jugeant « trop verts et bons pour des goujats ».
Le monstre ne trouve rien de mieux que de pousser l’horrible cri de guerre misogyne où le mâle imbécile croit tirer sa valeur de n’être pas une femme, dévalorisée par l’argot en « gonzesse », symbole de la faiblesse. La femme serait-elle donc faiblesse ? Les deux petites spectatrices derrière le monstre ne le pensent pas et ont le mot de la fin : « Dieu merci ! » s’écrient-elles soulagées et le lecteur avec elles. Leur ironie consiste à feindre d’approuver le monstre pour mieux en dénoncer la monstruosité. Rien ne vaut, en effet, que d’être privé d’air un instant pour goûter le bonheur de respirer. La vue d’un pareil monstre fait appeler à son secours la grâce féminine comme une nécessité vitale. Du coup, même la banale formule de soulagement « Dieu merci ! », par jeu de mots, retrouve son sens originel d’action de grâces : il ne faut pas moins qu’une intervention divine pour conjurer une telle horreur.
Une lecture selon le contexte
MAN a-t-il songé à cette lecture ? Peut-être pas si on relève les symboles ténus d’un contexte qu’il a semés. Un ballon de football est d’abord aux pieds de la mégère. La lettre "N" est inscrite sur son pendentif. Et pour peu qu’on ait vu une seule fois sa photo, on ne peut l’avoir oubliée : par intericonicité, dans les traits de la mère maquerelle c’est Louis Nicollin qui saute aux yeux, le président d’un groupe de ramassage et de traitement d’ordures et aussi du club de football professionnel de Montpellier.
Familier de la langue poissarde, il est ici croqué dans ses œuvres. La misogynie est un réflexe socioculturel conditionné très prisé dans le milieu du football qui curieusement paraît donner des ailes à ses pratiquants. On garde en mémoire la scène des vestiaires à la mi-temps du match dans le remarquable film de Jean-Jacques Annaud, « Coup de tête » (1979), où le président du club de Trincamp et son entraîneur essaient de galvaniser leur équipe, menée 1 à 0, à coups de stimuli ethnistes et sexistes du même genre : « On va leur montrer qu’on n’est pas des gonzesses ! » « On ne marque pas avec ses pieds ! on marque avec ses couilles ! ».
Dans ce contexte, il suffit à MAN de prendre le mot de Nicollin au sens propre pour faire de son auteur un personnage de farce : aussitôt, le cri de guerre misogyne apparaît proprement insensé. L’information « On est pas des gonzesses » devient un truisme dans la bouche d’un individu d’une laideur aussi consommée : même s’il se déguise en femme, le quiproquo n’est pas possible. Jamais Nicollin ne pourra être confondu avec une femme : il n’en a ni la grâce physique ni la délicatesse morale. Qu’a-t-il besoin de le crier sur les toits ?
Le sourire du lecteur naît donc de cette incapacité intellectuelle du personnage à s’en rendre compte. Il est vrai que dans une interview en 1998, M. Nicollin se vantait d’ « (avoir) bac +3 », ce qui, selon lui, voulait dire avoir raté trois fois le bac. « Mais je vais vous dire une chose les jeunes, ajoutait-il très inspiré, dans la vie il faut d’abord être intelligent. Vous vous en sortirez toujours. L’instruction c’est très important aussi, c’est utile. Mais l’instruction sans intelligence ça ne sert à rien. Je connais des gens bardés de diplômes qui sont cons ! » Quel était l’organe qui relayait ces paroles prophétiques ? Le bulletin officiel de l’académie de Montpellier, « Classe info » n°31 !
On touche ainsi au comique de caractère où s’est illustré Molière en mettant en scène de semblables individus qui font sourire tant ils sont incapables de percevoir le ridicule de leur comportement. MAN ne pouvait mieux rendre hommage aux femmes qu’en montrant comme sinistre serait le monde avec de tristes sires comme ce grossier personnage de Nicollin, et... sans elles. Paul Villach
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Comment ? Vous ne vous êtes pas reconnu dans cette caricature. Je vous soupçonne d’avoir posé devant le dessinateur ! C’est vous tout craché, mais alors, vraiment craché ! Paul Villach
pas d’émiettage du mille feuille du plaisir en attente, point de cerise sur le gateau de la gourmande, baba sans l’ivresse du rhum, juste un rhume de fesses entre Capri et Carnon, même pas madeleine comme la Marie, juste un peu tarte, un vague souvenir de palmier, qui s’envole tel un pet de nonne..
pfffffffffff ! vous en faites des tours et détours autour d’une caricature !!! je ne crois pas que cette pseudo-psychananalyse apporte grand chose à la compréhension du dessin.
la définition et le but d’une caricature, est qu’en 2 ou 3 traits, on ait saisi, grossi et retranscrit les principaux trais de caractères d’une personne, ceci si possible, avec une bonne dose d’humour...
je crois qu’au travers de cette caricature, MAN, a surtout voulu souligner, le tact, la délicatesse, la légèreté, la grâce avec laquelle louis nicollin s’exprime...
à propos de clichés et de poncifs :
« Le paradoxe saute, c’est vrai, à la figure : on n’a pas l’habitude d’entendre une femme, fût-elle dévorée d’embonpoint, rouler ainsi des mécaniques et lancer à la cantonade le cri sexiste familier des primates. »
en dehors du cercle restreint de vos bouquins, je me demande si vraiment vous avez réellement fréquenté la gente féminine... on appréciera au passage l’allusion au surpoids subordonné au manque d’éducation et de classe des femmes ! cooo !
je n’ai pas de sympathie particulière pour mr nicollin, néanmoins, c’est un homme qui , s’il est (de vos propres mots) « incapacité intellectuelle du personnage à [se] rendre compte [qu’il] ne pourra être confondu avec une femme : il n’en a ni la grâce physique ni la délicatesse morale. » ; cet homme , a travaillé avec acharnement pour développer l’entreprise familiale. effectivement, il est loin d’avoir un langage châtié et classieux mais ce qu’il a réalisé démontre qu’il possède une intelligence aiguisée ainsi qu’une parfaite connaissance du genre humain.
Votre sortie atrabilaire ne serait-elle pas dûe au fait qu’il ait déclaré « « Mais je vais vous dire une chose les jeunes, ajoutait-il très inspiré, dans la vie il faut d’abord être intelligent. Vous vous en sortirez toujours. L’instruction c’est très important aussi, c’est utile. Mais l’instruction sans intelligence ça ne sert à rien.Je connais des gens bardés de diplômes qui sont cons ! » vous sentiriez-vous visé ?
encore une chose : l’humour , comme les histoires drôles, ne s’expliquent pas : on peu en saisir la substantifique moelle, le trait d’esprit ... ou pas...
arrêtez de décoder bon sang ! ! ! comme le dit si bien claude,l’humour , comme les histoires drôles ne s’expliquent pas ! tu comprends ou pas,c’est de la finesse de l’esprit dont vous êtes totalement dépourvu ! Plantu en Une du Monde faisait merveille ! et tant d’autres qui en un dessin sagace et percutant déclenchent l’éclat de rire,Chaval, Wolinski,Reiser, Veyron,Cardon, et toute la cohorte de ces gens de talent, qui d’un trait de plume savent résumer avec acuité une situation,un evenement,un fait de société...que vous êtes inutile ! ou faites nous un crobar qu’on se marre enfin !... Vous êtes si lourd de votre discours empesé, comme un col amidonné rigide, qui vous donne l’apparence de l’autorité, quelle insignifiance, prenez en conscience, vous êtes un telle matiére á caricature !
« et faire de ce monstre de chair une femme avenante » Indépendemment du jugement qu’on peut avoir de votre analyse du dessin, je me permets de protester vigoureusement au nom des femmes « rondes » dont le surpoids ne peut en rien signifier si elles sont -ou non- « avenantes » (définition : qui plaît par ses manières, sa courtoisie) N’allez pas stigmatiser les grosses, qui ont leurs amateurs et qui méritent sinon votre attirance, au moins votre respect
effectivement les canons Villachiens de la sensualité féminine sont á l’image d’un corset qui empêche tout débordement de leurs formes généreuses et qui les previent de toute sensualité de leur nature avenante .
C’est bien la première fois que M. Villach écrit un article humoristique. La femme sera, soit la grande perche chanelisée et talons hauts, maquillage et parfum à 1000euros soit la grosse pouffe maquillage au plâtre,débordant de son haut et de sa mini-jupe en cuir, pour l’odeur ce sera parfum de Prisunic en solde. Pas de journée de l’homme, c’est bien dommage. La caricature aurait été toute trouvée. Je veux juste pousser un cri de révolte : De quel droit l’homme de cro magnon cuvée 2010 se permet-il avec autant d’arrogance de critiquer la femme ? surtout quand celui-ci est moche, à moitié chauve, ayant l’ élégance d’un éléphant de mer ? Croyez-vous que les femmes ne sont pas horrifiées de voir une grosse baleine draguer une belle femme ? VF
Chère Françoise, Il y a une rubrique spécifique pour cela, si tel était le but : la « Parodie ». Pas de journée du jean, pour faire opposition à la journée de la jupe, en effet. Dommage.
Françoise, Mais j’y pense, nous avons eu, chez nous, votre égérie dans une interview. Vous aurez de la lecture surtout du côté des commentaires et vous pourrez même donner votre avis, sans devoir s’enregistrer.
je me demande ce qu’aurait dit le très intélligent parce que très diplômé, mr villach, au sujet de la très brillante françoise verny, mais que la nature n’a pas avantagée...
l’aurait-il grâce à son « intermachinchose » traité de « monstre » : « Rien d’étonnant qu’elle injurie la grâce faute de pouvoir jamais l’approcher (...) La vue d’un pareil monstre fait appeler à son secours la grâce féminine comme une nécessité vitale. Du coup, même la banale formule de soulagement « Dieu merci ! », par jeu de mots, retrouve son sens originel d’action de grâces : il ne faut pas moins qu’une intervention divine pour conjurer une telle horreur. »
je crois qu’il ^peut reprendre à son compte sa propre conclusion :
« On touche ainsi au comique de caractère où s’est illustré Molière en mettant en scène de semblables individus qui font sourire tant ils sont incapables de percevoir le ridicule de leur comportement »
assez amusant cet article , complaisant cette fois sur un dessin de Man après le dernier sur Frêche. Un petit rattrapage pour ne pas avoir le dessinateur sur le dos ?
Et si vous croquiez un homme en femme vous prendriez qui ? tout est bon pour se moquer de nous. Je trouve lamentable cette propension à ne voir en nous que des hommes mal finis J’ oubliais, ma question s’adressait à l’auteur, mais étant devenue une zozo, je peux toujours attendre une réponse. Je vais aller voir si l’ herbe est plus verte ailleurs. VF
PV ne répond qu’à ceux qui envoient des fleurs ou des compliments. Je le dis et je le répète : Madame de Rotschild disait « Parler à un mondain ne demande pas beaucoup de conversation, juste quelques compliments ».
Aux autres, pour les voyous, c’est le bac à sable. Faut s’y faire.
« vous, des hommes mal finis ? » Ah, non, ça certainement pas.
Une Zozo, vous dites ? Attention, car Zorro va arriver.
Bonjour l’Enfoiré, A tout prendre, je préfère encore le bac à sable, car lui (le bac à sable) est nettoyé de temps en temps. Les compliments pour un homme ? celui-là surtout, il n’est pas près d’en avoir de ma part. Ce genre d’homme s’imagine qu’il illumine la vie des femmes. Désolée mais j’ai fini ma plaquette de beurre depuis belle lurette. Il m’arrive d’admirer certains hommes même et surtout s’ils ont des défauts, mais la seule chose que j’exècre, c’est celui qui, ironiquement va s’en rougir et froidement envoyer un « vous ne m’arrivez pas à la cheville ». Ce n’est pas parceque j’ai pu à une époque m’ horripiler sur ses articles des trolls qui polluaient le débat que je partageais en totalite ses idées. Le Maître s’est faché, aucune importance, des Maîtres il y en a ailleurs et de bien plus présentables, fréquentables et avenants. Bonne journée à vous Sissy
"Ce genre
d’homme s’imagine qu’il illumine la vie des femmes.«
Je ne suis pas ce que on appelle une »illumination" pour une dame. Il y a des règles de vie qui viennent bien au dessus de ce qu’une femme ou un homme pourrait inventer.
Vous savez les gourous de sortes, je les sens un kilomètre à la ronde. J’en ai coudoyé. Je les ai usés. Un tout particulièrement que PV a eu l’honneur de rencontrer, puisqu’il m’en a parlé, a compris à ses dépends que les choses virent très vite à l’aigre avec moi. J’ai un système de bonus/ malus éprouvé depuis longtemps. Vous appelez cela la plaquette de beurre, je dirais pour ma part, que ce n’est pas à un vieux singe qu’il faut apprendre à faire des grimaces. Le processeur fonctionne toujours aussi bien.