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Un cabinet de « communication » fait parler le Parlement européen : intox ?

Le cabinet Cicéro vient de publier une étude intitulée « Europe’s crisis measures : a view from the Europarliament  ».

Ayant lu la chose ainsi que le pedigree de Cicéro, il me semble que nous sommes là en présence d’une opération de communication orchestrée, visant à propager l’idée que le Parlement européen ne serait pas tant que cela en faveur d’une « autre Europe », comme les récents débats sur le budget et le cadre financier pluriannuel viennent pourtant encore de le rappeler.

C’est vrai qu’il pourrait devenir embêtant ce Parlement européen avec ses prétentions à se mettre en travers des décisions du Conseil, depuis que le traité de Lisbonne lui a octroyé un surcroît de pouvoir !

Cicéro, qui est implantée à Londres, Bruxelles, Washington et Singapour, hauts lieux des circuits d’influence, revendique notamment une activité de « thought leadership », terme typiquement anglo-saxon que l’on trouve notamment traduit par « leadership intellectuel » ou « leadership éclairé » (excusez du peu) ou encore « influenceur », moins prétentieux et plus évocateur. Allez, encore un petit effort et le mot « propagande » pourrait être lâché, la bonne vieille intox-prop, habillée de propre par les experts en communication.

Sans doute faudrait-il s’intéresser de plus près aux commanditaires et à la méthodologie de cette « enquête ». On nous parle de députés « surveyed » et de « respondents ». On nous dit aussi que 100 députés ont été « surveyed between 16 October and 11 December 2012 by paper and online  ». Anonymement ?

Au-delà de la méthode, que l’on aimerait connaître en détail, et non en 4 petites lignes de « Methodology note », on est en droit de s’interroger sur le principe même de cette opération : quel crédit peut-on accorder à des enquêtes d’opinion de cet acabit - largement exposées, à défaut d’informations complémentaires, au soupçon de manipulation - au sein d’un Parlement, alors que l’information sur les votes et les débats peut être recueillie à la source, de façon transparente, sur le lieu même de l’expression démocratique ?

Nouvelle manifestation du discrédit de la res publica : l’expression parlementaire ne suffit plus, il nous faut le secours du cabinet Cicéro : « a view from the Europarliament  », comme ils disent ? Non, merci.

En tout cas, le tam-tam fonctionne puisque Le Monde.fr (lettre 12-15 du 19 février 2013) a relayé cela, sans commentaires, sous le titre : « Les mesures européennes face à la crise : le point de vue du Parlement européen. Source : ComRes au nom du Groupe de Cicéron.  ». On aurait préféré lire " Selon " et non " Source " qui nourrit l'ambiguïté sur la validation par Le Monde de cette publication.

Pour prendre connaissance de l'étude de Cicéro, si vous le jugez utile, et en savoir (un peu) plus sur cet organisme et ceux qui gravitent autour :
http://www.cicero-group.com/wp-content/uploads/2013/02/eu_crisis_measures_12.pdf

www.citoyensunisdeurope.eu


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6 réactions à cet article    


  • pidgin 21 février 2013 23:35

    Voulez-vous dire que parmi les nombreux lobbyistes qui hantent les couloirs européens, il y aurait une variété particulière : ceux qui font du lobbying auprès des medias, Le Monde en l’occurence, en tentant de faire passer des idées (pour le compte de qui cette fois ?) en avançant ici masqués derrière des interview supposés de parlementaires européens ?
    La vérification des sources (B-A BA des journalistes comme des historiens) est plus que jamais de rigueur, dans un système où des budgets de plus en plus étoffés sont consacrés à la communication.


    • scripta manent scripta manent 22 février 2013 10:25

      Je ne pense pas qu’ils soient spécialisés. Par contre, agir pour que les messages soient relayés le plus largement possible par les médias doit faire partie du b-a ba du métier.
      Cela a d’autant plus de chance de fonctionner que les médias sont de plus en plus démunis de moyens propres d’investigation. Dans ce contexte, il est tentant de « faire du papier » avec les informations ou « études » livrées sur un plateau par les lobbyistes ou les experts et autres « think tanks » qui en sont souvent les fausses barbes. La qualité du média se mesure alors à la distance qu’il sait prendre, ou non, avec ce « matériau » ...
      Le jeu devient encore un peu plus pervers lorsque le média est lui-même dans la dépendance économique directe des intérêts concernés. 
      www.citoyensunisdeurope.eu


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 22 février 2013 14:28

      @l’auteur,

      Oui les forces lobyistes sont puissantes, mais les eurodéputés sont tout aussi puissants et peuvent quand ils le veulent se mettre en travers.. ; c’est ce qu nous attendons sur la prèsentation du budget.

      http://jmpelletier52.over-blog.com/

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