Un cul si beau à voir...

Etrange objet d’un désir si beau à voir, à revoir ou même à avoir.
Le cul de Simone de Beauvoir est l’objet d’une polémique dont on se serait bien passé.
Simone de Beau(cul à)voir
Jamais je n’aurais songé à faire un jeu de mot aussi foireux avec le cul de Simone de Beauvoir si la couverture du Nouvel Obs ne nous en avait pas donné l’occasion avec cette polémique à deux balles.
Je ne suis d’ailleurs pas du tout d’accord avec ceux qui affirment que cette photo cantonne l’auteur du Deuxième sexe et la féministe qu’elle fut, dans le rôle de la femme objet... C’est un peu court comme argument !
A quelques jours de la date anniversaire de sa naissance, je pense au contraire que le Nouvel Obs lui fait non seulement le plus beau des cadeaux qu’on puisse faire à une femme aussi impertinente qu’elle, mais qu’en plus il nous gratifie du plus impertinent des présents avec cette si belle image du passé.
Plus qu’à son beau cul, la publication de cette photo (56 ans plus tard quand même !) rend en effet hommage à son impertinence de femme libre (libérée aussi !) parlant d’une voix "grave" dans un siècle dominé par des mâles libertins plus que libertaires.
Les circonstances de prise de vue de cette (impertinente) photo de Simone de Beauvoir nue dans la salle de bains de son amant sont bien impertinentes.
Elle a été photographiée nue par Art Shay, non pas son amant, mais juste l’ami de Nelson Algren, son amant américain de l’époque. Ça illustre parfaitement mon propos dans la mesure où les circonstances de la photo résument bien son combat féministe d’avant-garde.
Cette photo date de 1952 et non de 1968 et rien que pour ça, nous devrions la ranger dans le Panthéon des chefs-d’œuvres photographiques de ce siècle !
Si si si... !
Elle me rappelle furieusement une séance photo mythique, 10 ans plus tard, avec une non moins mythique créature. Et pour cause !
En 1962, Marilyn Monroe faisait en effet sa plus belle séance photo.
Peut-être devrais-je dire "l’une des plus belles séances photo qu’aucune starlette ait jamais faite"...
Stern mitraille dans une suite de l’hôtel Bel-Air à Los Angeles une Marylin qui ne manque pas d’air, au sommet de la gloire.
Avec plus de 2 500 clichés, sans maquillage, ou presque (juste un trait d’eye liner noir assassin le long des paupières), elle finira par se dénuder au fil de ces douze heures (? !) que durera cette séance agrémentée de Dom Pérignon 1953. Elle rentrera dans l’histoire comme l’une des plus sensuelles que Marilyn ait faite.
Bert Stern n’aura pas, un seul instant, essayé de profiter de la situation et de la belle pourtant offerte à lui avec une insolence rare comme il le racontera plus tard.
Rester enfermé douze heures d’affilée, dans une chambre d’hôtel, avec le monstre sacré qu’était Marilyn, incarnation même du diable en personne, parce qu’elle aura usé de toutes les ficelles du désir pour le séduire sans qu’il ne craque jamais, c’est exceptionnellement exceptionnel pour le signaler.
Le résultat fut tout aussi exceptionnel, mais la rédaction de Vogue refusera de publier les photos. Motif : "trop dénudée".
Les cons !
Il lui proposera une nouvelle séance, maquillée et habillée (en noir !), d’où il ne se dégage pas la moindre étincelle, ni le moindre désir.
Les cons, en effet !
Sans désir Marilyn n’avait certainement plus de raisons de vivre. Elle "meurt" la veille de la publication du reportage dans Vogue et Bert Stern rongé par le remord, expliquera plus tard dans un magnifique livre, Marilyn Monroe : The Complete Last Sitting, que la plus belle femme du monde s’est offerte à lui et il n’a pas cherché (osé ?) un seul instant à en profiter.
Pas même quand elle faisait semblant de dormir sous l’effet du Dom Perignon, et lui sachant pertinemment qu’elle encaissait bien ce breuvage et donc jouait avec lui.
Sans être un inconditionnel de Marilyn Monroe, pas plus qu’un fan de blondes, je ne crois pas qu’on puisse tenir les douze heures d’affilée qu’a duré cette agréable torture.
Je conseille volontiers le livre de Sterne pour la beauté des photos, mais aussi pour l’histoire qu’il raconte. Celle d’un intense désir (celui de Marilyn) et d’un immense remord (celui de Bert Stern qui n’a pas sauté sur l’occasion).
Si je l’avais connu, je lui aurais expliqué qu’il ne faut jamais se priver de ces instants magiques. Parce qu’y renoncer c’est mourir un peu de son vivant. Et mourir, pas de cette petite mort qu’on aime tant, mais juste de désir sans l’assouvir de son vivant, ce n’est pas vraiment invivable mais ce n’est pas désirable non plus.
Ces photos de deux femmes nues, qui ont incarné, pour l’une, la femme objet par excellence (sans doute la plus contestable aux yeux des féministes les plus dures), et pour l’autre celle qui en fut l’ambassadrice la plus emblématique, sont en fait les facettes d’une même quête.
Une impossible quête d’une égalité arithmétique ou même symétrique entre les hommes et les femmes. Impossible parce que justement nous n’éprouvons jamais le désir d’une manière aussi mathématiquement égale ni même diamétralement symétrique.
On savait déjà que Simone de Beauvoir était bien faite du "haut" mais là je découvre qu’elle l’est aussi du "bas". Mais la photo dévoile, et je le dis surtout pour ceux qui polémiquent, toute l’ironie qui se cachait dans son attitude à l’égard des hommes.
Elle se savait épiée mais malgré cela elle a laissé faire sans trop chercher à se cacher. Elle avait compris à travers le miroir qu’elle serait immortalisée nue. Impertinence donc de son attitude plus que du photographe !
Le mépris de cette femme militante de son "naughty boy" lancé à l’encontre de cet homme qui vient juste de la photographier a résumé en deux mots et un centième de seconde, un siècle tout entier dominé par des mâles (dominants ?).
Il ne lui aura pas fallu plus que le temps de ce mythique déclic, du non moins mythique Leica M. d’Art Shay, pour rabaisser tous les hommes au rang de simples voyeurs.
Elle aura résumé tout ça à elle seule.
Les féministes qui crient au scandale avec la couverture du Nouvel Obs me font sourire parce que malgré tout cette photo nue de Simone de Beauvoir comme la séance avec Marilyn, secouent tous nos préjugés et contredisent bien des clichés.
Un homme pas si exceptionnel que ça, qui résiste à l’une des plus belles femmes du monde offerte à lui dans une chambre d’hôtel, c’est le mythe du mâle primaire qui prend un sacré coup. Celui qui saute tel un taureau en rut sur la première venue.
Et la féministe militante qui se laisse photographier nue, avec une déconcertante décontraction est trahie par une complicité consentante presque coupable eu égard à son combat. Elle offre comme seul objet du désir son propre corps, tel qu’il est, un objet sans emballage ni aucune retenue.
Le cul de Simone de Beauvoir réduit à un simple objet, on aurait tous demandé à voir !
Eh bien, j’aimerais bien savoir avec lequel de ces deux monstres, la majorité des hommes aimerait passer un moment. Et même un très long moment et dans les mêmes conditions que Jean-Paul Sartre...
Les mauvaises langues diraient, c’est certainement parce qu’une fois plus tout jeune, Jean-Paul Sartre, son (hideux) amant vieillissant, était content de la voir séduire de belles jeunes filles juste pour les lui ramener. Alors qu’il pouvait encore séduire des femmes savantes comme elle ou Nathalie Sarraute (une autre histoire !).
Rabatteuse de chair fraîche donc ? La garce, dites-vous ?
Ben justement non, ce n’est très certainement pas pour cette raison qu’une majorité d’hommes aimerait être enfermée avec elle douze heures d’affilée ou même d’avantage et pas du tout avec Marilyn. C’est parce qu’une fois la séance de jambes en l’air passée, ils auraient encore eu plaisir à s’adonner avec elle à de savants, voire de torrides jeux de langue, dont elle seule devait avoir le secret !
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