Un Français est forcément antisarkozyste
Éric Besson a lancé, pour des raisons électoralistes et afin de récupérer les voix d’extrême droite qui n’ont pas déjà rejoint l’UMP, un débat sur l’identité nationale, avec notamment la question « Qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? ».
Pour aider le ministre, je vais répondre à cette question. Espérons que ma réponse sera entendue.
L’article premier de la constitution française stipule : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.[…] »
Avec Nicolas Sarkozy, tous ces principes sont remis en question.
1) La France n’est plus indivisible. Après avoir échoué, en tant que ministre de l’Intérieur, dans son référendum corse vers plus d’autonomie, ce sont maintenant les Antilles auxquelles le président a proposé le choix d’un nouveau statut, visant par là l’indépendance. Pourquoi ne pas proposer également l’indépendance à tous les départements ? De plus, avec un accroissement des transferts de responsabilité vers les régions et avec une plus grande autonomie des universités, c’est toute l’indivisibilité de la République qui est détruite à petit feu, au profit de l’Europe et de fiefs aux dents longues.
2) La France n’est plus laïque. Nous nous souviendrons toujours des discours honteux de Sarkozy à Riyad, au Latran ou au dîner du Crif, faisant partout l’éloge de « Dieu » et des croyants, et montrant son mépris pour le non-croyant, l’athée ou l’agnostique. Pour Sarkozy, la laïcité doit être ouverte, ou positive, prouvant par là qu’il n’a rien compris de cette valeur essentielle de la République française sans laquelle nous vivrions comme au Liban. Ajoutons à ce tableau déjà noir le fait que tous les membres du gouvernement aillent régulièrement, ès qualité, dans tous les lieux de culte, aux canonisations du Vatican, aux ruptures de jeûne des musulmans, ce qui est pour le moins scandaleux dans une République ne reconnaissant aucun culte. Enfin, Sarkozy casse continuellement l’école publique et laïque, en cherchant (et en trouvant) tous les moyens de financer l’école privée principalement religieuse, son but ultime étant de privatiser et reconfessionnaliser une école publique conduisant sans doute trop bien les jeunes citoyens à la réflexion et à l’insoumission.
3) La France n’est plus démocratique. Pour qu’un pays soit démocratique, il faut qu’il y ait une liberté d’information, une liberté d’expression, une justice indépendante et un vote libre et respecté. Sarkozy a décidé de prendre personnellement en main les médias du service public (ou ce qu’il en reste), en nommant le président de France Télévision par exemple, et en multipliant les menaces et les gardes à vue contre les journalistes récalcitrants. Les amis de Sarkozy (les Bouygues, Lagardère, Dassault, Arnault) sont, comme par hasard, les propriétaires des plus grands médias privés, qu’ils soient télévisés, radiodiffusés ou sur papier, ce qui fait que l’information, dans ce pays, est contrôlée totalement par le pouvoir, comme on ne l’a plus vu depuis des décennies. Concernant la liberté d’expression, il va de soi qu’elle est de plus en plus remise en cause : entre les mises en examens pour un panneau « Casse-toi pov’ con » ou un « Sarkozy je te vois », et la surveillance frénétique de l’internet, cette liberté est remise en question quotidiennement. Pour ce qui est de l’indépendance de la justice, là encore, Sarkozy a décidé d’y mettre un terme en supprimant le juge d’instruction qui en était le garant. Enfin, nous n’oublierons jamais que la sarkozie a volé le vote des Français de 2005, ce NON au traité constitutionnel européen qu’on a bafoué, foulé au pied comme si le peuple était trop crétin et qu’on devait corriger son expression dans les urnes. Pire, nous savons que de toute façon l’Europe, cette grande démocratie elle aussi, nous aurait fait revoter jusqu’à la fin des temps afin d’obtenir un OUI à l’usure.
4) La France n’est plus sociale. D’un côté, les riches ont le bouclier fiscal, qu’on ne remettra jamais en cause de façon idéologique ; d’un autre côté, on demande aux autres de se serrer la ceinture, à coup de franchises médicales, de déremboursements de médicaments, de hausse du forfait hospitalier, de taxe carbone, etc. Le gentil citoyen qui a placé son argent dans un paradis fiscal aura la possibilité de régulariser sa situation en toute simplicité ; le salaud qui a ouvert par erreur deux Livrets A sera poursuivi. Le président de la République peut s’augmenter de 200 % et dépenser des millions sans compter, on trouve en cinq minutes des milliards pour aider des banques ayant pris des risques monstrueux, mais on n’a plus d’argent dans les caisses pour le service public ou une augmentation du SMIC : tout est dit.
Ainsi, après un tel bilan accablant pour la présidence Sarkozy, il va de soi qu’un Français attaché à son pays et à ses valeurs d’égalité, de justice, de laïcité et de démocratie, ce Français que recherche Éric Besson ne peut être que viscéralement antisarkozyste. Il faut donc reconnaître que même un immigré de dernière minute qui adhère aux valeurs que la République mentionne encore (mais pour combien de temps ?) dans sa Constitution, cet immigré est certainement plus Français qu’un membre de l’UMP qui soutient, directement ou par son silence, la destruction d’un système que des siècles de lutte ont permis de construire pierre après pierre.
Alors, Monsieur Besson, si vous cherchez encore la réponse à « Qu’est-ce qu’être Français ? », allez voir du côté de l’opposition, car il n’y en a pas dans vos rangs.
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