Un hôpital en Turquie
La réforme du système de santé en Turquie est un enjeu majeur pour le gouvernement en place dans la perspective d’améliorer les soins et surtout de s’aligner aux exigences de Bruxelles.
Le 31 janvier 2006, je faisais paraître un article intitulé La Turquie prête pour l’Europe ? Le système de santé en question sur le site d’AgoraVox où j’avais brièvement résumé le système de santé en Turquie. Depuis 6 mois, des réformes ont été engagées par le gouvernement afin de simplifier et d’améliorer l’accès aux soins à tous. Toutefois, il semblerait que les réformes apportées compliquent davantage l’accès aux soins, comme l’atteste le mécontentement général des patients mais aussi des pharmaciens.
Dans ce contexte difficile, la mésaventure suivante illustre partiellement le malaise de la santé en Turquie.
Mme X, Française, dont le fils d’un an éprouvait des difficultés à respirer, consulta immédiatement une pédiatre privée. Celle-ci, remarquant l’urgence de la situation, ordonna à Mme X de gagner très vite un hôpital privé (un des meilleurs, parait-il) pour mettre le bébé sous respiration artificielle et lui dégager les bronches. Ce que fit prestement Mme X qui était accompagnée de sa belle-sœur Mme Y, Alsacienne, en vacances en Turquie. Elles rejoignirent l’hôpital en taxi car les ambulances en Turquie sont peu nombreuses et très lentes.
Munie d’une ordonnance cachetée Urgence, le bébé fut admis aux urgences de l’hôpital. Après 10 minutes de respiration artificielle, comme le bébé s’énervait et arrachait le masque, l’infirmière demanda à Mme X de calmer l’enfant. Après 15 minutes, Mme X ramena le bébé calmé pour continuer la respiration artificielle. L’infirmière refusa prétextant une circoncision qui l’attendait et l’absence de personnel dans l’hôpital. Cette réaction inattendue engendra une joute verbale entre l’infirmière, Mme X et Mme Y. Rien n’y fit. L’infirmière conclut par « allez dans un autre hôpital, je ne vous fais pas payer », prit son sac à main et s’en alla...
Mmes X et Y, énervées, abasourdies et paniquées pour le bébé, ne trouvant personne dans cet hôpital, revinrent chez la pédiatre privée. Celle-ci, n’en revenant pas, opéra alors un massage de la cage thoracique du bébé pour faciliter sa respiration. Par la suite, l’enfant fut consulté par cette même pédiatre 3 fois en 7 jours pour contrôler sa guérison.
Ce fait ‘divers’ est malheureusement une triste réalité que j’ai vécue puisque Mme X n’est autre que mon épouse, l’enfant mon fils de moins d’un an et Mme Y ma sœur.
Ce fait est toutefois ‘mineur’ comparé à tous ceux qui se passent quotidiennement en Turquie et que les médias relatent avec plaisir (récemment fut relaté sur toutes les chaînes télévisées l’arrachement de la tête d’un bébé lors de l’accouchement et son enterrement dans le jardin de l’hôpital alors que la mère était transférée dans un autre hôpital pour césarienne afin de sortir le corps sans tête du bébé. Cette histoire fut étouffée par les hôpitaux jusqu’à la réaction du Papa qui saisit les journalistes...). Le système de santé en Turquie souffre en fait de deux maux : le premier est que personne n’assume ses responsabilités car personne ne demande de compte ; le second est que l’argent prime sur le patient, c’est-à-dire que si vous ne payez pas vous n’êtes pas soigné (le paiement se faisant avant les soins prescrits, et ce même aux urgences (expérience personnelle aussi).
Pour conclure, un dernier conseil pour les Français qui iront un jour ou l’autre en Turquie. L’ambassade de France et les consulats français détiennent des listes de médecins et d’hôpitaux conseillés. Malheureusement ceux-ci sont dans les grandes villes (Ankara, Istanbul, Izmir...). Dans les petites localités, éviter les hôpitaux publics et préférer les médecins privés.
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