• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Un Karzai chasse l’autre

Un Karzai chasse l’autre

L'annonce vient tout juste d'être faite : "le frère aîné du chef de l'État afghan Hamid Karzaï, Qayum, sera candidat à l'élection présidentielle de l'année prochaine, a fait savoir leur frère cadet." On le sait, Hamid Karzaï, le "parrain" corrompu de l'Afghanistan ne peut briguer un troisième mandat, selon la Constitution du pays, aussi c'est donc son propre frère qui le remplacerait, avec un programme qui prête à sourire connaissant la famille Karzaï : "en cas d'élection de Qayum, la priorité numéro un serait la lutte contre la corruption" dit-elle. C'est à se rouler par terre en effet : s'il y a bien une famille qui s'est accaparée le pays, mis entièrement sous sa coupe, production de pavot comprise et bénéfices des ventes à la clé, c'est bien la famille de restaurateurs Karzaï, débarquée dans les bagages des américains lors de leur arrivée en 2001. Retour sur l'aîné des pilleurs de l'Afghanistan, futur élu (la corruption incluant des élections trafiquées à coup de liasses dollars, il n'a en effet aucune chance de... ne pas être élu). De sombres jours sont à prévoir pour le pays dans les années à venir : ce sera la famille Karzaï ou le retour des talibans, voire les deux à la fois, beaucoup d'observateurs misant sur les seconds seuls, tant l'armée et la police afghanes actuelles ne sont que des créations médiatiques incapables de sécuriser le pays.

Car le fameux frère aîné est très lié à un individu douteux, qui n'est autre que le général Wardak (ici à gauche), et surtout son fils Hamed, nous rappelle intelligemment comme à son habitude Sibel Edmonds. Un fils de général très lié aux neocons américains, en réalité. "Notre général Wardak a disparu de la scène afghane au début de la guerre civile dans les années 1990. Il a amené sa famille aux Etats-Unis où il s'est installé confortablement avec suffisamment de richesses provenant de sources indéterminées, et il a inscrit son fils, Hamed, à l'Université de Georgetown. Hamed Wardak, un jeune homme assez grassouillet et ambitieux, s'est inscrit à l'Université de Georgetown, et au moment où il est arrivé au niveau supérieur, il a été pris sous les ailes de l'un de ses professeurs comme étant son protégé. Ce professeur n'était autre que notre Jeane Kirkpatrick, la fière marraine des néocons". Pour mémoire, rappelons que la fameuse Kirkpatrick, est une ambitieuse femme politique américaine, passée des démocrates (et même du parti socialiste anti-franquiste créé par son grand père !) aux républicains, côté faucons, parmi les plus ardents, devenue influente sous Reagan qui l'avait nommée représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies (de 1981 à 1985). Violemment anti-communiste (ce qui étonne avec le passé de son grand-père !), prête à tout pour en empêcher l'expansion, elle exercera une pression certaine et durable sur la vie politique US, infléchissant son propos après le 11 Septembre en un soutien indéfectible à la "guerre au terrorisme" islamiste. 

Prêts à tout, y compris, par haine du communisme, les américains l'étaient en effet avant 1989 en Afghanistan, jusqu'à en soutenir... les talibans d'alors. "Nos lecteurs avertis comprendront que cela n'était pas dû au hasard et les étoiles de Hamed étant toutes alignées. Après tout, son père général avait bien fait son travail au service de Kirkpatrick et rempli les objectifs à tout prix de la politique étrangère des autres neocons en Afghanistan et au Pakistan. (....) Son père général s'est rendu aux États-Unis plusieurs fois et avait été entraîné par ses supporters neocons à faire des discours devant le Congrès américain pour obtenir des fonds pour leurs opérations visbibles ou secrètes impliquant les Saoudiens, les Pakistanais et les talibans". Déjà, donc, la famille Wardak avait été mêlée à des actions de la CIA en Afghanistan ! Et comme le dit si bien Edmonds, on pouvait s'attendre à ce qu'elles se reproduisent s'il arrivait un jour au pouvoir : "ces relations anciennes, on le sait ne s'évaporent ni ne disparaissent jamais. Wardak et sa famille ont été très bien accueillis après qu'ils aient été amenés aux États-Unis, et les plans futurs des néocons pour l'Afghanistan avaient prévu beaucoup de rôles à attribuer à la famille Wardak. Wardak junior était une figure connue parmi les sympathisants pro-talibans radicaux dans les cercles de Washington DC. Voici quelques citations d'une excellent texte écrit sur les Wardak (s) et les Karzaï (s) : « Pendant cette période, il a flirté avec les sympathisants pro-talibans, ce qui était du à la fois à sa ferveur d'ethnie pachtoune et à la pression des pairs des jeunes extrémistes autour de Washington. Peu à peu, Hamed est venu sous l'influence de la philosophie d'âmes sœurs de Kirkpatrick, notamment Marin Strmecki, un essayiste républicain et un facilitateur politique de la Fondation Smith Richardson (une fondation créée par l'argent de la "Vicks Chemical Company", inventrice de la crèmeVicks et de l'inhalateur Vaporub ; en photo ici Peter Richardson, Marin Strmecki, leurs épouses et Cynthina Kimn créatrice de l'association pour les orphelins de soldats où l'on retrouve Holly l'épouse de David Petraeus). Strmecki a travaillé au Pentagone sous Dick Cheney dans la première administration Bush, avec Lewis "Scooter" Libby - et Zalmay Khalilzad (en photo, Zalmay Khalizad, devenu ambassadeur, Marin Strmecki et Daoud Wardak). On retrouve le même petit monde, constamment !!! "La vision du monde d'Hamed Wardak, à travers ces poids lourds politiques américains, a évoluée, et c'est alors qu'il est entré en contact avec un groupe de personnes en pleine ascension sur la scène afghane-américaine de Washington : les Karzai, plus précisément, deux des six garçons Karzaï - Qayum et Mahmood. Contrairement à leur jeune frère Hamid, qui avait passé une grande partie de sa vie au Pakistan, Mahmood et Qayum avaient un passé accompli dans les affaires américaines ". Deux frères affairistes, en effet, une petite partie d'une imposante fratrie. Viisible ici en photo, de gauche à droite dans le rang du haut : Shah Wali Karzai ; Ahmed Wali Karzai ; Hamid Karzai, le président actuel, et Abdul Wali Karzai. Dans le rang du bas : Abdul Ahmad Karzai ; Qayum Karzai, le prétendant au siège de président 2014, Abdul Ahad Karzai, le patriarche de la famille, ancien speaker de l'Assemblée au temps du roi Zahir Shah (jusqu'en 1973) ; et Mahmoud Karzai.

La famille Karzaï fait alors dans la restauration aux USA, et Mahmoud n'échappe pas à la tradition familiale, avec ses trois restaurants : un à San Francisco, et un à Boston (et un second, de type mexicain, à Boston également). A son retour en Afghanistan, ça lui vaudra d'hériter du magasin d'importation Toyota Afghan Auto Limited, un business ultra-florissant, les 4x4 étant alors fort demandés, de devenir le patron de la seule cimenterie du pays, un monopole juteux, le directeur également d'Afco International Company (une société de construction et d'ingénieurs chargés du projet de 2500 logements dans la vallée de Kandahar), et d'entrer en même temps en possession de 7,4% d'actions de la banque nationale afghane. Les fournaux, ça mène à tout, visiblement !!!. Son frère Qayum fait alors aussi dans la restauration, à Baltimore, avec un établissement appelé le Helmand, ainsi décrit fort complaisamment en 2007 dans le New-York Times  : "Faire le plein de crabes ? Faites vos réservations d'avance pour le Helmand (806 North Charles Street, 410-752-0311 ; www.helmand.com), un café afghan qui attire une clientèle bien habillée et se situe régulièrement parmi le best-of, à l'échelle locale, dans plusieurs catégories. Il est étonnant que cet endroit ait été dans les affaires depuis 18 années parce que la salle à manger, tendue avec les textiles afghans, a tout le buzz d'un nouveau restaurant à la mode. Les prix sont raisonnables, le service est rapide et serviable, et la nourriture est inventive et toujours très bonne. Commencez par le kaddo borawni (une petite citrouille au four arrosée de yaourt aillé pour 4,50 $), suivie par une entrée d'aushak (un poireau-ravioli afghan à 11,50 $) servi avec du pallow (cannelle épicée et du riz). Pour le dessert, ne manquez pas la crème glacée à la cardamome mouchetée (5,25 $). Une sœur, Fauzia Karzai, complète le tableau en tenant un autre restaurant, toujours appélé Helmand mais cette fois à Cambridge, dans le Massachusetts (ils sont huit frères et une sœur au total, il y a de quoi trouver des remplaçants pour Hamid dans la famille !). Un autre Helmand encore se situe à Chicago, au 3201 N. Halsted Street dans les faubourgs de Boystown, il était dirigé celui-là par Ahmed Wali Karzai, celui qui deviendra le chef du réseau d'opium du pays avant de se faire assassiner par son propre garde du corps... comme le rappelle ici CBS Chicago :
 
"Le Helmand a fait l'objet d'un examen par le Chicago Tribune critique Phil Vettel en 1990. Il y décrivait une salle à manger avec « photographies minutieusement encadrées et de jolies tapisseries," et "un grand lustre (qui pendait) à partir d'un plafond d'étain martelé." Vettel a donné à la nourriture une "très bonne" note de deux étoiles. Le restaurant a fermé plus tard dans les années 1990, et un "Jack's" l'a remplacé sur le site en 1997. Le restaurant fermé depuis longtemps, a reçu une attention renouvelée à l'automne dernier, quand il a fait l'objet d'un document révélé par Wikileaks. Dans le document, que le Chicago Tribune a rapporté, Ahmed Wali Karzaï a parlé de la direction du restaurant et de ses expériences à Chicago. Ahmed Wali Karzaï a été un personnage controversé dans la politique afghane depuis l'invasion américaine du pays en 2001, si ce n'est plus. Il aurait été payé par la CIA alors même que des accusations étaient apparues comme quoi il était l'un des animateurs - et bienfaiteurs probable - de l'essor du commerce de l'opium de Kandahar." Sans même verser dans le trafic d'opium (dont la CIA surveille le flux, c'est clair, en arrosant le principal dealer du pays !), tout le monde aura remarqué que l'Afco International Company qui avait hérité de contrats de constuction de logements achetait son ciment à la seule et unique cimenterie du pays, détenue par le même individu, qui ainsi, doublait ses bénéfices sans que personne n'y voit rien à dire... en 2010 le restaurant Helmand de Cambridge (l'Annapurna )avait été l'objet d'une enquête pour dissimulation de bénéfices, racket et corruption ... elle sera classée sans suite. On y avait appris que la famille Karzaï détenait alors pas moins de 80 restaurants aux Etats-Unis !
 
Une prévarication évidente et rampante en Afghanistan qui finit même par devenir tellement visible que certains supporters de la famille la trouvent... déplacée, sinon plus :  "certains mêmes des propres partenaires commerciaux de la famille Karzaï sont parmi les critiques. "Nous avons un gouvernement illégitime et irresponsable en raison de Karzaï et de sa famille", a déclaré Abdullah Nadi, un développeur afghano-américaine de Virginie qui est un partenaire dans le développement du logement de la Mena Aino, mais qui tente aujourd'hui de sortir de l'entreprise." Car travailler avec la famille Karzaï, c'est aussi se heurter à un clan familial qui est loin d'être uni, au point qu'on soupçonne aujourd'hui la famille d'avoir écarté elle-même un des frères, celui qui tâtait un peu trop du secteur le plus sensible, celui de la drogue bien sûr, et de ses revenus faramineux.  "Alors qu'elle expoitait ses opportunités en Afghanistan, la famille Karzaï a depuis des années été l'objet de tensions, de jalousies, de rivalités commerciales, de vendettas et même des accusations d'assassinat. Avec cette famille souvent houleuse, il peut être difficile de discerner la vérité, mais tout le monde convient que le conflit sur le contrôle de son empire peut être reliée à la mort en Juillet 2011, d'Ahmed Wali Karzaï, qui avait débuté en travaillant comme serveur à Chicago pour devenir l'un des hommes les plus puissants en Afghanistan, servant en tant que président du Conseil provincial de Kandahar. Son assassinat, par un Afghan censé être un fidèle partisan, a laissé un vide du pouvoir à Kandahar - et dans la famille Karzaï. Le président Karzaï a nommé un autre frère, Shah Wali Karzaï (ici à gauche), pour assumer le rôle de leur frère tué à la tête du Populzai, la tribu de la famille du Karzai". 
 
Car avoir afffaire avec la famille Karzaï, c'est aussi découvrir qu'il y a toujours un frère dans le lot pour tenter de subtiliser l'argent de l'autre : c'est bien une famille de mafieux, de la plus belle espèce en effet, le nouveau venu ayant craint dès son arrivée qu'un des ses frères, Mahmoud pour ne pas le citer, vienne s'emparer de ses bénéfices et les mette dans la Banque Nationale dont il est partie prenante, et qui fera plus tard faillite. "Personne ne s'attendait à beaucoup à lui. Calme et réservé, il avait été largement éclipsé par Ahmed Wali Karzai, et avait même vécu dans l'ombre de son frère plus puissant à Kandahar. Mais Shah Wali Karzaï a été transformé depuis la dernière année. En plus de son rôle de chef de tribu, il sert en tant que gestionnaire d'Aino Mena, le développement résidentiel tentaculaire à la périphérie de Kandahar en cours d'élaboration par la commission AFCO, une société détenue par un autre frère, Mahmoud Karzaï, et ses quatre partenaires du projet. Ils ont construit 3 000 maisons, et fait des plans pour un total de 14 700 (ici Mahmoud devant les maquettes). Les développeurs misent sur 10 000 hectares, les terres illégalement saisis par le ministère de la Défense (...). Enhardi après la mort d'Ahmed Wali Karzaï, Shah Wali Karzaï est apparu peu satisfait de servir comme un simple employé à Aino Mena. À un certain moment au cours des derniers mois, il a créé sa propre société à Kandahar, puis secrètement déplacé tout l'argent à partir des comptes bancaires du Housing Development à ceux de sa nouvelle entreprise. Selon plusieurs partenaires d'AFCO, Shah Wali Karzaï avait transféré environ 55 millions de dollars. " Une somme que ne verra pas le pays, ou sa population, les fonds partant directement dans des coffres à Dubaï. Je vous avais raconté ici l'histoire des employés d'une compagnie d'aviation évoquant les mallettes pleines de dollars qui faisaient le trajet toutes les semaines vers les Emirats (voir les épisodes sur la famille en bas d'article).
 
Sans oublier l'argent amené directement à Kaboul par les avions de la CIA par valises entières comme révélé récemment "depuis plus d'une décennie, des liasses de dollars américains emballés dans des valises, des sacs à dos et, et parfois, les sacs en plastique ont été déposés tous les mois dans les bureaux du président de l'Afghanistan - avec l'aimable autorisation de l'Agence centrale de renseignement (la CIA). Tout compte fait, des dizaines de millions de dollars ont coulé de la CIA vers le bureau du président Hamid Karzaï, selon les conseillers actuels et anciens au dirigeant afghan."Nous l'appelions « l'argent fantôme », dit Khalil Roman, qui a servi comme chef adjoint du personnel de de M. Karzaï de 2002 à 2005. "Il arrivait en secret, et il repartait en secret." Principal bénéficiaire du moment : Walid Karzaï, qui avait jadis déjà travaillé au temps des soviétiques avec la CIA, et qui servait d'envoyé pour discuter en 2010 encore avec les talibans. Sa mort avait bien vite été revendiquée par les talibans, de façon plus que suspecte d'ailleurs, histoire de cacher les vrais commanditaires...
 
Car chez les Karzaï, en prime, tous les coups sont permis entre frères, semble-t-il, y compris les imitations de signature : "Il a simplement ouvert une autre société, et a mis l'argent dans cette entreprise », a déclaré Mahmoud Karzaï dans une interview. M. Nadi, l'un des partenaires dans Aino Mena, a accusé Shah Wali Karzaï d'imiter sa signature sur les documents pour faire apparaître la création de la compagnie de Shah Wali Karzai comme étant la nouvelle société mère d'Aino Mena (le grand projet de construction de cités complètes). « Je n'avais aucune idée de l'enfer de ce ce que ça pouvait être », a déclaré M. Nadi dans une interview. Quand Mahmoud Karzaï a découvert ce que son frère avait fait, il a exigé que Shah Wali rendre l'argent. Mais Shah Wali a refusé, et a insisté pour qu'il devienne un partenaire dans Aino Mena. Mahmoud et ses partenaires ont refusé, et les deux côtés sont installés dans une impasse au goût amer. Shah Wali Karzaï ne nie pas avoir transféré l'argent à sa société. Mais il a justifié ses actes en disant qu'il protègeait ainsi l'argent pour le bien de la population de Kandahar. Il a dit à d'autres à Kandahar que s'il n'avait pas pris l'argent, Mahmoud Karzaï aurait déplacé ses comptes bancaires secrets à Dubaï. Aino Mena aurait alors risqué l'échec comme celui de la Kabul Bank, une autre des entreprises commerciales de Mahmoud Karzaï, a-t-il soutenu. Mahmoud Karzaï était une figure clé dans le scandale entourant le quasi-effondrement de la banque, qui a été le plus grand scandale en Afghanistan en 2010. Elle a perdu environ 900 millions de dollars dans les transactions d'initiés, dont une grande partie est soupçonné d'avoir terminé sur des comptes bancaires secrets à Dubaï. L'an dernier, un grand jury fédéral à New York a commencé une enquête criminelle sur les activités commerciales de Mahmoud Karzaï en Afghanistan, la poursuite des accusations d'évasion fiscale, racket et extorsion de fonds. Aucune accusation n'a été portée contre Mahmoud Karzaï, qui est un citoyen des États-Unis." La protection judiciaire dont bénéficie le clan de la part des Etats-Unis étant un autre pan honteux de la situation.
 
Selon le New-York Times, le soupçon sur la mort de Wali demeure, et pour le journal la famille a vainement cherché pour trouver l'argent qu'avait dissimulé le rusé Wali : "les agents de sécurité afghans n'ont pas accusé Shah Wali Karzaï d'une quelconque implication dans le projet. Il nie d'ailleurs toute implication dans cette dernière, et Mahmoud Karzaï a déclaré dans une interview : "Je refuse de croire que mon frère puisse avoir quelque chose à voir avec ça." Les membres de la famille ont dit que Shah Wali Karzaï avait essayé de percer les secrets de la fortune de son frère mort. Après qu'Ahmed Wali Karzaï ait été tué, son aide de camp le plus élevé, Zamarai - comme de nombreux Afghans, il utilise un seul nom - s'est installé à Dubaï. Des rapports sur son style de vie somptueux ont fait naître des soupçons au sein de la famille comme quoi Zamarai aurait eu accès aux richesses cachées par Ahmed Wali Karzaï, peut-être par le biais des comptes et des propriétés qui avaient été placés au nom de Zamarai". Zamaraï aurait été beaucoup plus malin que l'ensemble de la famille, semble-t-il... Un Mahmoud Karzaï lui-même objet de menaces d'attentats : "au milieu du conflit, les forces de sécurité afghanes ont découvert un complot visant à tuer Mahmoud Karzaï. Il ya environ deux mois, le National Directorate of Security, l'agence de renseignement intérieur, a identifié au moins trois Afghans, dont deux anciens employés de l'élaboration Aino Mena, qui avaient été impliqués dans un complot pour tuer Mahmoud Karzaï et probablement d'autres personnes. Un homme a été arrêté, puis relâché. Les deux anciens employés Mena Aino impliqués dans le complot avaient tous deux été licenciés par Mahmoud Karzaï." Une véritable mafia, et ses réglements de comptes intérieurs, à part qu'ici il s'agît de frères d'une même famille...
 
 
Mais revenons-en au début du propos, aux liens entre la famille au pouvoir et le jeune Wardak, lié aux neocons comme on l'a vu. "Les frères Karzaï ont trouvé un grand intérêt dans Wardak junior, et ce dernier a profité des avantages d'amis proches et bien placés de la famille Karzai. Après les attaques terroristes du 11 septembre, les Karzai ont fait fait d'Hamed le vice-président de la Chambre afghano-américaine de commerce, qui a été fondée par Mahmood Karzaï. Comme je l'ai mentionné brièvement dans mon texte précédent notre néocon et ex-membre du Congrès Don Ritter (ici avec Ghulam Feda, directeur du Rebuild Afghanistan Summit) se trouve être le co-fondateur de cette organisation. Hamed a également été nommé au poste de conseiller de premier ministre des Finances du président Karzaï, Ashraf Ghani. Pas un mince exploit pour un homme âgé à peine de 30 ans ! Et c'est là aussi que j'ai présenté à mes lecteurs Technologies Inc, la même entreprise en question : L'entreprise la plus productive d'Hamed Wardak en puisant dans le coffre à or de la Défense US a commencé à se joindre à un cabinet de Washington DC, le contractant, Technologies Inc., fondée par Aziz Azimi, qui se trouvait être un ami très proche de Qayum Karzaï. Voici un autre détail sur ce par e-Ariana : "Les nouvelles alliances d'Hamed Wardak se sont révélées extrêmement avantageuses lorsque George W. Bush a lancé sa« guerre contre le terrorisme », en particulier avec Khalilzad et Strmecki bénéficiant d'un accès direct au bureau du vice-président Dick Cheney." (Marin Strmecki a servi 16 ans, de 1978 à 1994 comme Foreign Policy Assistant de Richard Nixon, il est membre également de l' Aspen Institute). Voulez-vous vérifier la nature des contrats, le nombre de millions, dont nous parlons avec Technologiess Inc. ? En voici un pour vous : Technologies Inc., de Rosslyn, en Virginie, a reçu le 5 janvier 2009, un contrat à prix fixe de 96 090 519 dollars pour la construction d'un centre de formation de la  police nationale de l'Afghanistan. Les travaux seront réalisés dans le Maydan Wardak, en Afghanistan, et devrait être achevés d'ici le 31 mars 2011. Les fonds du contrat ne seront pas épuisés à la fin de l'année en cours. Les offres Web ont été sollicitées, le 1er octobre 2008 et 13 offres ont été reçues et l'US Army Engineer District, en Afghanistan, est l'activité contractuelle (W917PM-09-C-0005). C'est vrai. Un seul de ces contrats représente près de 100 millions de dollars pour les "carpetbaggers" (vendeurs de tapis) afghans connectés aux bénéfices amassés sur les guerres subies par les contribuables américains ordinaires et les soldats américains." Voici donc des restaurateurs mutants, devenus... vendeurs de tapis afghans !!!
 
Cent millions de dollars pour quelques baraquements d'instruction jaunâtres mal fichus (c'est là où les français du colonel Jockers avaient formé les policiers afghans !).Il y en a plus dans les assiettes des restaurants Karzaï que dans les brouettes servant à construire les bâtiments afghans. Des bâtiments où la police afghane répète ce qu'elle a vu faire : le taux des tortures sur les prisonniers y étant anormalement élevé. Façon Salvador, le viol étant une arme classique hérité des exactions des équipes de l'infame John Steele, rappelé en Irak de sa retraite dorée de tortionnaire attitré (espérons que les français n'y soient pour rien dans ce genre de formation, Aussaresses ayant été jadis lui-même formateur à Fort Bragg....). "Mardi dernier, j'ai écrit sur les disparitions, la torture et le meurtre pour lequel on connaît la police locale afghane, en les comparant à d'autres programmes d'escadrons de la mort que les USA ont soutenu au fil des ans dans divers engagements militaires. Malheureusement, il ya une autre catégorie de crimes de guerre que les escadrons de la mort ont utilisé en s'engageant dans le viol, notamment le viol collectif, qui est également un outil clé utilisé par ces groupes dans leurs efforts pour intimider les populations locales. (Comme exemple, voici les détails du viol brutal et l'assassinat d'un groupe de religieuses américaines au Salvador en 1980, menée par un escadron de la mort formé aux Etats-Unis.)". Le Steele local s'appelant Zakaria Kandahari.
 
Sibel Edmonds avait donc bien préfiguré l'annonce de la mise en piste du successeur d'Hamid KarzaI, en le reliant à ses supports chez les neocons qui ont mis son frère en place. "Don Ritter, ancien membre du Congrès républicain de Pennsylvanie, de 1979 jusqu'en 1992, est connu pour avoir eu des positions et reçu des avantages versés en raison de son implication constante et lourde dans les opérations et les activités connexes en Afghanistan, qui ont débuté orsque la vision de Brzezinski a été mise en pratique en 1979. Il est l'auteur de l'« aide matérielle » à la législation en Afghanistan au sein du Congrès, et a créé le Groupe de travail du Congrès sur l'Afghanistan pour promouvoir cette aide matérielle de toutes les façons à la résistance afghane (y compris le groupe de Ben Laden), et tenu de nombreuses réunions sur l'Afghanistan avec des représentants du Département d'Etat, de la CIA, de la DIA pour améliorer l'assistance américaine aux mujahidines (qui incluait aussi Oussama Ben Laden, l'Arabie saoudite et les pakistanais de l'ISI). Ce ne sont que les activités « connues » de M. Ritter Pendant ses années au Congrès. Maintenant, nous allons regarder ce qui l'a très occupé depuis qu'il a quitté le Congrès en 1992. Selon la biographie visible de M. Ritter, vue sur différents sites web dont Wikipedia, il a fondé et présidé la l'Afghan Foundation en 1996. Il vit à Washington DC, et chose très intéressante depuis les attaques terroristes du 11 Septembre, il a passé environ un tiers de son temps en Afghanistan ! Pourquoi donc ? Est-ce que Ritter concentrait son activité sur le blanchiment des chapeaux typiques de laine de moutons caracul  ? Ou était-il spécialisé dans le blanchiment des burqas ? Ou était-ce en saris couleur pavot séché ? Les médias traditionnels ont commencé à dire adieu à leur homme en Afghanistan en étudiant les instructions de leurs détenteurs de chaîne de commandement à Washington. Je suis sûr que vous avez lu la dernière sur la connexion avec l'héroïne du président Karzaï, un fait connu par beaucoup depuis plus d'une décennie, et maintenant annoncé à la cantonade par le New York Times : "Le frère du président afghan est suspecté dans l'essor du commerce de l'opium illégal dans le pays, il reçoit des paiements réguliers de la Central Intelligence Agency, depuis une grande partie des huit dernières années, selon des responsables américains actuels et anciens." Comme ils l'ont fait avec les héros afghans précédentes devenus méchants dans le passé, les médias mainstream ont maintenant commencé à évincer le clan Karzaï en prélude à l'introduction de nouveaux visages et de marionnettes de nos décideurs de la politique étrangère, pour le prochain tour. Bientôt, nous allons découvrir qui ils veulent nous faire acclamer, mais en attendant, nous pouvons commencer le jeu de devinettes car il semble y avoir peu d'indices enterrés ici et là. Je dirais qu'il faut jeter un oeil de plus près ver le ministre de la Défense actuel Wardak, les vendeurs de tapis et les profiteurs de guerre avides dans les coulisses de Washington DC, tel le député néo-conservateur Don Ritter." A l'époque, Edmonds ne croyait donc pas à un autre Karzaï possible : mais elle était bien assurée de trouver un partisan des neocons chez le successeur d'Hamid.
 

En tout cas, un élément important nous a été donné sur ce qu'il compte faire une fois au pouvoir, ce frère aîné (en photo à droite) à la santé plutôt chancelante. Sur Radio Liberty, la radio de propagande US, on a précisé ce à quoi il avait déjà participé auparavant : "il aurait été impliqué dans les discussions de paix du canal pour le retour des talibans, à travers l'Arabie Saoudite". Les talibans, associés à la famille qui aura pillé depuis 12 ans le pays ? Je vous en avais déjà parlé ici-même en 2010 : "un rapprochement avec les talibans ? Karzaï n’en est pas à son premier. Il ne fait même que cela. Dès avril 2007, il en faisait l’aveu au New-York Times, en précisant qu’il avait nommé une mission de réconciliation dès 2005, mais qui excluait il est vrai le mollah Omar, jugé indésirable. L’année suivante on en apprenait davantage dans le Washington Independent. Une réunion dirigée par... l’un de ses frères, Qayum Karzai, qui avait réuni Maulvi Fazl Hadi Shinwari, à la tête du "Council of Clerics of Afghanistan" et deux chefs talibans : Mullah Wakil Ahmed Muttawakil, l’ancien ministre des affaires étrangères taliban, jugé modéré, et le mollah Abdul Salaam Zaeef (l’homme à l’I-Phone), qui au temps des talibans était leur ambassadeur au Pakistan". C'est déjà ce que Hamid Karzai avait souhaité en 2001, rapelle ici le New-Yort Times du 9 décembre de cette année-là. A l'époque, Bush avait refusé toute négociation le 2 octobre et fait bombarder le pays dès le 7. Cette fois, les négociations qui devaient se tenir en février 2013 au Qatar ont été ajournées. Arrivé à Doha, où résident une bonne partie des leaders talibans, Karzai n'avait su en effet rencontrer personne : Zabihullah Mujahid, le prétendu porte parole des Talibans * (qui ne veut pas entendre parler d'un mollah Omar mort) parlant de lui comme étant le "chef d'une administration larbin"... ce qu'ils attendent, les talibans, c'est bien de pouvoir négocier mais sans Hamid Karzaï au pouvoir comme le souligne le Guardian : "une fois que Karzaï aura quitté ses fonctions, avec les troupes occidentales parties, et que la police et l'armée afghanes feront un travail relativement décent pour assurer la sécurité, il serait plus facile pour les talibans de vendre les négociations à leurs fantassins." Pas sûr que le choix de son frère comme successeur les fasse s'asseoir à nouveau à la table des négociations, en ce cas, à moins qu'il reconnaissent celui qui discute avec eux depuis toujours, à l'insu souvent des américains....les mêmes américains, visiblement, négociant de leur côté avec eux... incognito. Tout en affirmant le contraire, bien entendu. L'année 2014 s'annonce fertile en événements, en Afghanistan, et aux frontières du pays, et en attendant, d'ici-là, le ballet des valises pleines de billets verts va s'accentuer, pour sûr...

 

(*) il y en a tellement eu qui ont porté son nom que l'on est obligé aujourd'hui de mettre le conditionnel.

à lire :

 

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (1)

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (2)

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (3)

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (4)

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (6) Marjah, ou la fausse offensive, mais avec de vraie...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (8) : détournements d'aide humanitaire sur fond de dém...

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (9) : s'en prendre aux ONG

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (10) : la province perdue

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (14) l'enquête embarrassante

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Karzaï, le Parrain de l'Afghanistan (19) : les confirmations compromettantes de Wikileaks

 

 


Moyenne des avis sur cet article :  2.04/5   (27 votes)




Réagissez à l'article

24 réactions à cet article    

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès