Un magazine gay grime Poutine en Hitler et le nomme « personnalité de l’année » : un choix audacieux
Le président russe Vladimir Poutine, l'homme le plus puissant de la planète selon le magazine "Forbes", vient d'être désigné "personnalité de l'année" par le magazine gay et lesbien américain "The Advocate", une véritable institution auprès de la communauté homosexuelle, un peu partout à travers le monde. Une distinction qui ne devrait pas plaire du tout au colérique et capricieux maître du Kremlin car elle lui est attribuée en raison de son homophobie viscérale et obsessionnelle qui a déjà fait couler beaucoup d'encre à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi qui se sont déroulés au mois de février dernier.
Les journalistes de "The Advocate" estiment que "Vladimir Poutine est devenu de plus en plus autocratique et son idéologie anti-gay de plus en plus extrême" et qu'il a été "la plus grande menace pour les LGBT dans le monde en 2014".
Pour bien appuyer son propos, le magazine publie en couverture une photo photoshopée de Vladimir Poutine, les traits vieillis et les cheveux grisonnants, avec le titre qui tient lieu de moustache, lui donnant ainsi un air de ressemblance frappant, qui n'aura échappé à personne, avec le dictateur nazi allemand Adolf Hilter. Le directeur éditorial de "The Advocate", Aaron Hicklin, s'explique : "Nous ne chercons pas à dire que 'c'est le nouveau Hitler'. Nous voulons juste dire 'voici l'homme qui continuera à aller plus loin si vous le laissez tranquille'". Le message est on ne peut plus clair...
L'année dernière, c'est le pape François qui avait été désigné "personnalité de l'année" - dans un sens positif, cette fois-ci - par "The Advocate", qui le considérait "différent" par rapport à son prédécesseur Benoît XVI, en rappelant la phrase qu'il avait prononcée dans l'avion qui le ramenait à Rome, après les JMJ de Rio : "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?".
La Russie, dirigée par une main de fer par Vladimir Poutine – qui a entamé un troisième mandat présidentiel en 2012, après un tour de passe-passe constitutionnel surprenant – mène une chasse acharnée et sans pitié aux homosexuels. Elle prend de plus en plus d'ampleur et devient de plus en plus violente.
En 2012, la Gay Pride de Moscou a été interdite, par un tribunal de la capitale, pour une durée de 100 ans. En juin 2013, une loi – qui a suscité l'indignation générale de la communauté internationale – condamnant la "propagande homosexuelle" a été votée, à l'unanimité, par les députés de la Douma. Un projet de loi, qui devrait être débattu dans les mois qui viennent, prévoit de retirer ses enfants à tout parent ayant des "relations sexuelles non traditionnelles". Au début du mois de novembre, le monument en forme d'iPhone 5, installé dans la cour de l'université des sciences de Saint-Péterbourg et dédié à Steve Jobs, le fondateur d'Apple décédé en 2011, a été démantelé suite au coming out de Tim Cook, l'actuel dirigeant de la célèbre firme. Il a été considéré par les autorités comme une oeuvre de propagande homosexuelle.
Monument dédié à Steve Jobs, fondateur d'Apple, à Saint-Pétersbourg, lors de son inauguration en janvier 2013 (Wikimedia).
Les homosexuels vivent un véritable calvaire quotidiennement. Ils sont obligés de vivre cachés pour ne pas être persécutés, torturés ou même assassinés, comme c'est parfois le cas. Dans l'indifférence quasi-générale de la communauté internationale...
Violences homophobes en Russie par Human Rights Watch (YouTube).
L'Eglise orthodoxe est toute puissante et très proche du pouvoir, qu'elle influence énormément. Elle a une grande part de responsabilité dans la montée de l'homophobie en Russie. Le patriarche Cyrille Ier s’est exprimé, entre autres, sur la légalisation du mariage pour les couples homosexuels en Europe en l’assimilant à "un symptôme alarmant de l’approche de l’apocalypse" et qu’il faut "tout mettre en œuvre pour empêcher qu’en Sainte Russie, le péché soit approuvé par une loi".
Vladimir Poutine avec le patriarche Cyrille Ier, en 2012 (Wikimedia).
En Russie, l'homosexualité a été considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999. Malgré tout, les mentalités n'ont pas changé. Selon un sondage, 72% des Russes pensent que l'homosexualité est "moralement inacceptable".
Au mois d'avril dernier, une délégation de la Manif pour tous était reçue à Moscou en grande pompe. Pour certains opposants au mariage pour tous, Vladimir Poutine serait le meilleur défenseur des "valeurs morales". En 2013, des militants de la Manif pour tous manifestaient devant l'ambassade de Russie à Paris pour demander de l'aide à Vladimir Poutine. Mais, rassurez-vous, le mouvement se défend toujours de toute accusation d'homophobie...
Manifestation de la Manif pour tous devant l'ambassade de Russie à Paris, en 2013 (YouTube).
Dans de telles conditions, particulièrement préoccupantes et inquiétantes, on peut comprendre et saluer la démarche audacieuse de "The Advocate", même si la référence au nazisme peut choquer et risque de susciter une vive polémique, qui tire la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard...
Vladimir Poutine est un tyran mégalomane - il ne faut pas avoir peur de le dire haut et fort - qui malmène durement et lâchement une partie de ses compatriotes uniquement parce qu'ils ont une orientation sexuelle et affective différente.
Et nous sommes pourtant au XXIe siècle. N'aurions-nous tiré aucune leçon du passé ? "Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre" (Karl Marx).
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