Un monde déboussolé par un occident désorienté
Après l’échec de la Perestroïka et un Putsch mené par des membres du gouvernement opposés aux réformes, les républiques constituantes de l'URSS proclamaient, l'une après l'autre, leur indépendance et, Le 25 décembre 1991, Gorbatchev remit sa démission en tant que président de l'Union soviétique. Le jour suivant, l'Union soviétique était officiellement dissoute.
Les Etats-Unis et les pays clients de l’OTAN perdaient leur meilleur ennemi.
Le « bloc de l’est » a disparu depuis 24 ans, mais la notion de « monde occidental » fait toujours partie du vocabulaire des dirigeants de la »communauté internationale » et des media, et le leader naturel de l’ »occident » est reconnu implicitement : c’est le président des États-Unis d’Amérique. Cette métaphore géographique qui permet de ne pas nommer l’empire mais de l’évoquer à travers une notion géographique permet d’exprimer avec élégance une réalité crue que tout le monde connait sans vouloir toujours le reconnaitre : la perte d’autonomie des pays européens.
Mais l’opposition Est/Ouest ne s’exprime plus avec le même vocabulaire. Aujourd’hui, on préfère utiliser le terme latin occident (là où le soleil se couche) pour désigner l’ouest et orient (là où le soleil se lève) pour désigner l’est. Et les bases de références géographiques ne sont pas celles de la planisphère actuelle, mais celle du monde romain, quand la terre était plate et que l’Amérique n’existait pas, celles de L'Empire romain d'Occident, la partie occidentale de l'Empire Romain, à partir de sa division par Dioclétien en 285.
Sauf que « orient » n’est plus synonyme d’Empire Byzantin, mais de monde musulman, comme s’il s’agissait, d’une manière claire et évidente, d’une structure aussi facilement identifiable et homogène que ce qu’était l’ensemble cohérent de la partie de l’empire régie par Constantinople. Or, si ce « monde musulman » opposé aux « valeurs occidentales » existait, il ne se situerait pas à l’est, comme c’était le cas pour le monde byzantin puis orthodoxe pour les derniers empereurs de Ravenne, sur une carte plane et finie, mais tous azimuts et clairsemé sur un globe où la position en longitude est relative . Les populations ayant adopté l’Islam comme religion ont même une tendance marquée à se situer au sud de la zone géographique dans laquelle se situent les états membre de l’OTAN.
Pourquoi cette translation de polarité ? La boussole géopolitique serait-elle démagnétisée ?
Ne s’agit-il pas plutôt d’un transfert idéologique. Le meilleur moyen de faire taire les querelles intestines et de se donner l’illusion de faire partie de la même communauté est d’avoir des ennemis communs. Dans les périodes de guerre les Français se sont soudés autour de la patrie, la Marseillaise est née à Strasbourg parce qu’il fallait défendre une valeur sacrée : les Provençaux, les Alsaciens et les Bretons ont fraternisé sur cette base.
Les idéologues actuels utilisent cette vieille ficelle, et ça marche tellement bien que même les victimes du stratagème adoptent le vocabulaire et se renferment eux-mêmes dans une fausse querelle qui permet d’avancer des pions sur d’autres fronts non investis par les media : le contrôle des richesses de la planète par quelques groupes privés.
L’ogre communiste a été remplacé par le djihadiste fanatique, les point cardinaux concernés ont changé, mais on a conservé les mêmes repères pour ne pas embrouiller les esprits formatés à une autre époque.
Aujourd’hui, l’orient est au sud.
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