Un pays uni ou une France forte ?
"Un pays uni rien ne lui résiste" est le slogan de François Bayrou. Nicolas Sarkozy vient de révéler le sien, emprunté à Giscard et qui sera : "La France forte". Le slogan de Bayrou se retient moins. Peut-être par que "Un pays uni" aurait suffi. Celui de Sarkozy sous des airs rassurants ne l'est pas forcément. En effet, on connaît les credos du président : pas de faiblesse pour les assistés ou les étrangers. On sait aussi qu'il est du côté des puissants qui semblent le fasciner. Il a rangé la France derrière George Bush et l'OTAN, il a reçu une flopée de dictateurs. Bref ! Si "la France forte" veut dire la France des forts contre les faibles comme c'est le cas depuis cinq ans, cela n'augure rien de bon pour le pays qui ne cessera de se diviser...
Une France forte mais contre qui ? est-on tenté de se demander quand on connaît Sarkozy. Contre les chômeurs ? Contre la Grèce ? Contre les immigrés ? Contre les assistés ? Si le "pays uni" est le fer de lance de Bayrou, un pays désuni est le résultat, hélas, de cinq années de sarkozisme marqué par les injustices et les stigmatisations.
Une république unie
Le principe de la république unie est inscrit dans la Constitution dans son article premier. En revanche, la force n'est pas au nombre des principes constitutionnels. Ce premier point diférencie assez le slogan de Bayrou de celui de Sarkozy.
François Bayrou, tout comme Sarkozy, veut une France forte mais une France forte de son union. Pas une France forte qui méprise et écrase la France des faibles. Bayrou veut une France unie et donc forte par sa volonté de s’unir.
Une France forte ou un pouvoir fort ?
On peut entendre le slogan comme un appel à s'inspirer de l'Allemagne qui est devenu un modèle de pays fort en cette période de crise de l'Euro. Mais si l'on creuse un peu, on se rappelle que Sarkozy exerce un pouvoir personnel important, un pouvoir fort. Alors, vous me direz qu'il se pose désormais en représentant du peuple. Oui mais...
Sa posture de candidat du peuple semble aller dans le sens d'un renforcement de son pouvoir personnel. En effet, s'il se pose ainsi au-dessus de tout corps intermédiaire y compris des syndicats, c'est pour mieux invoquer la légitimité (en cas de réélection) tirée de son prétendu lien direct avec le peuple. Au nom de cette légitimité et de la France forte, il décidera alors de tout, je veux dire encore plus que maintenant.
En conclusion, il est bon de se remérorer les nombreux échecs de la politique de Sarkozy dont le bilan est assez calamiteux. On dit que "gouverner c'est prévoir". Or, sur ce point, l'actuel président n'a pas fait preuve de beaucoup d'intuition ni de sagesse. Il s'accroche aujourd'hui au gouvernail malgré son incompétence avérée (pour reprendre sa métaphore du capitaine dans la tempête) et refuse de passer la main. Au contraire, François Bayrou avait posé dès 2007 les bons diagnostics et ébauché les pistes de solutions appropriées. Sarkozy, non seulement pose mal les diagnostics mais il apporte ses mauvaises solutions. Souvent aussi, il gâche les opportunités en se précipitant, en ignorant le débat ou encore par idéologie (cette nouvelle idéologie que l’on nomme pragmatisme...).
Je suis pour une France forte mais dont la force repose sur l'unité et non sur la brutalité et l'arrogance, une France forte aussi de sa démocratie dont les décision n'émanent pas d'un homme seul (lequel a quand même passé en force le traité européen contre la volonté du peuple français).
Je suis pour une France forte mais qui aide aussi les faibles au lieu de les stigmatiser et de seulement les punir. Il reste beaucoup à faire en matière de logement et de pouvoir d'achat. Le peuple grec n'a pas à payer toutes les inconséquences de ses dirigeants. La France ne peut se contenter de se ranger derrière l'Allemagne de Merkel pour lui obéir et légitimer tous les plans de rigueur au nom de la force.
Je suis pour une France forte et indépendante.
Je suis pour une France forte de ses différences et non pour une France forte d'un clan contre l'autre pendant encore cinq années.
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