Un pingouin sauvé de la transphobie par les réseaux sociaux
De la censure d'un dessinateur de presse.
Le Monde est un journal qui a réussi à s’entourer de talentueux dessinateurs de presse. Certes, Jacques Faizant reste irremplaçable dans les mémoires de ceux qui ont des cheveux blancs, mais contester à Plantu et à Xavier Gorce le talent qu’ils montrent au fil de leurs dessins serait inepte. Ce qui n’implique pas une convergence de lecture de l’actualité ou le partage d’une sensibilité politique et sociale.
Xavier Gorce fait aujourd'hui l’objet d’une kabbale : Le Monde a publié son dessin où l’un de ses jeunes pingouins givrés demande à un adulte « Si j’ai été abusé par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ? ». Les Robespierre de l’inclusion ont levé les boucliers sur les réseaux sociaux pour protester : Nicolas Cadène, Aurélien Taché, Rockhaya Diallo. La directrice de rédaction du monde Caroline Monnot a présenté ses excuses en indiquant que ce dessin n’aurait pas dû être publié, au prétexte qu’une lecture possible serait une relativisation de la gravité de l’inceste. Mais la rédaction ne trouvait rien à redire quand le même dessinateur réduisait les gilets jaunes à des beaufs abrutis et racistes. Hypocrite foutaise ! Le Monde restera Charlie, n’ayons aucun doute là-dessus. Sans Xavier Gorce qui les quitte : il n’est pas irremplaçable.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » écrivait Albert Camus. Le Monde comme presque tous les médias se fourvoient lorsqu’ils collent une étiquette d’inceste à l’affaire « Familia grande » qui est la raison contextuelle de ce dessin de presse. Il s’agit de pédocriminalité commise par un adulte ayant autorité, pas d’inceste. Mais le mot doit gêner aux entournures au quotidien du soir, il avait délibérément soutenu la pédophilie en 1977 avec la publication d’une pétition et d’une lettre ouverte.
Xavier Gorce met pourtant la lumière sur la famille telle qu’elle est aujourd’hui, pour le meilleur avec l’adoption, et pour le pire avec instabilité, recomposition et indifférenciation des genres et des rôles. Les relais des lobbys LGBT prompts à endosser la panoplie de la parfaite victime n’allaient pas passer à côté de l’occasion d’attirer la lumière sur eux. Ils pointent ici une dénonciation alléguée par un amalgame douteux via un dessin de presse somme toute anodin. Pour la bien-pensance, le mal, ce n’est pas ce que la famille soit défaite par l’égoïsme des adultes, ni que son délitement nuise d’abord à celui qu’elle est censée protéger, l’enfant. Le mal, c’est d’associer un mot-étiquette identifié au code pénal, « inceste », avec une communauté inscrite à l’acronyme LGBTQI.
Les réseaux sociaux sont une vaste machine à polariser. Le mimétisme bien orchestré y a tôt fait d’y désigner des boucs émissaires pour un lynchage virtuel, heureusement sans grande conséquence ici : Xavier Gorce continuera de publier des dessins, ailleurs. Si seulement ces réseaux étaient neutres ! Twitter s’est montré beaucoup plus efficace pour éradiquer 70 000 des soutiens Trumpistes que ceux qui ont menacé de mort ou de viol Mila et continuent de le faire. Ils contribuent sans doute ainsi à l’émergence du tous contre tous annoncé par René Girard (Achever Clausewitz).
Les médias traditionnels sont sans doute dépassés par ces nouveaux concurrents que sont les réseaux sociaux et ils manquent singulièrement de courage, au point de justifier l’autocensure. Les islamistes auraient-ils gagné ? Tant pis pour ces médias, vae victis !
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